C’est à Oxford que tout commence pour le jeune Adam Barnes. Auteur-compositeur dès son adolescence, l’artiste folk se nourrit d’une expérience scénique assez importante pour enregistrer un EP, Blisters, en 2011. Le chanteur publie son album en mai 2014 sur le label Lookout Mountain Records, dont vous pouvez retrouver la chronique ici. Interview avec un prodige de la scène UK.
Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans la musique ?
J’ai toujours ressenti cette forte envie de faire de la musique. De ce que je me souviens, je chantais en même temps que les artistes diffusés à la radio. A l’époque de ma prime adolescence, nous avions à l’école une petite salle de concert dédiée à la jeunesse, et voir tous ces groupes en tournée venir chez nous m’a inspiré à former mon propre groupe.
As-tu ressenti un déclic qui t’a fait penser que tu ne ferais rien d’autre que cela ?
Pas vraiment, je dirais que ça a toujours été d’actualité. J’ai attendu quelques années avant d’écrire mes propres textes, de tomber amoureux de l’écriture. Après mon premier concert, pendant lequel je n’ai joué que mes compositions, le sentiment était incroyable. Je savais après cela que c’était quelque chose que je voulais continuer à faire, à ressentir.
Qu’est-ce qui t’inspire le plus ?
Les autres musiciens, la musique, être constamment à la recherche de nouvelles chansons à écouter. Tomber amoureux de nouveaux morceaux, de nouveaux styles. Cela m’inspire et me pousse à écrire de meilleures chansons.
Voyager à travers le monde est inspirant, mais d’une manière différente. Cela donne une perspective à ce que je fais, ça m’aide à garder les pieds sur terre.
Qu’est-ce qui t’a le plus affecté ?
La première fois que j’ai assisté à un spectacle de Chris Ayer (un guitariste et chanteur américain), lorsque j’avais 15 ans. Le rencontrer, voir sa manière d’agir envers les gens et les fans… C’était super ! J’ai été chanceux de partir en tournée avec lui. Nous sommes devenus grands amis. C’est quelque chose dont je suis reconnaissant.
Comment as-tu été en contact avec le monde de la musique ?
Les gens sont venus d’un peu de partout. Je pense que c’est principalement dû à Internet. Ma musique est plus accessible que jamais et cela se prouve par la présence de nouveaux fans, de nouveaux visages aux concerts. Les gens importants semblent de plus en plus s’y intéresser et j’espère fonder une équipe l’année prochaine pour pousser ma musique encore plus loin.
Comment tout cela a commencé ?
Lors d’un concert dans un club, à côté d’Oxford. J’ai essentiellement repris des chansons de Jack Johnson et j’ai ressenti quelque chose de très fort après le show. Je m’en souviens encore, et je ne pense pas l’oublier de sitôt.
Quelles sont tes influences ?
Les quelques compositeurs qui m’influencent beaucoup sont Damien Rice, Noah Gundersen, David Bazan, Josh Ritter. Quelques groupes comme Frightened Rabbit et Manchester Orchestra m’ont aussi beaucoup apporté musicalement.
Selon elles, as-tu une manière spéciale d’écrire, de composer et d’enregistrer tes chansons ?
Je commence la composition de ma musique par les parties de guitares, puis les parties instrumentales. Ensuite, je travaille les mélodies vocales et les paroles jusqu’à ce que je trouve un certain modèle qui me convienne, et je développe cette idée. Parfois, je fais écouter mes morceaux à des amis et nous travaillons ensemble sur différents détails pour obtenir au final une demo.
Suis-tu une ligne de conduite durant tes sessions d’enregistrement ?
Quand j’enregistre, je débarrasse une chanson de l’une de ses parties, et je construis autour de ce qui reste. J’apprécie l’environnement d’un studio car cela te permet d’essayer plein de choses sur les enregistrements. Ce n’est pas grave si quelque chose ne marche pas, parce qu’à chaque fois que ça fonctionne, tu ajoutes quelque chose de spécial à ton morceau.
Tu as seulement 22 ans… Comment vis-tu le fait d’être un musicien avec tant d’expérience ?
Je me sens chanceux d’avoir vécu ces expériences à l’âge que j’ai, alors que d’autres compositeurs en sont encore à démarrer leur carrière. Ce que j’ai accompli est quelque chose dont je suis honoré. J’ai besoin d’utiliser cela pour persévérer et aller encore plus haut.
Pourrais-tu m’en dire plus concernant tes voyages ?
Jusque là, j’ai eu l’opportunité de jouer au Royaume-Uni, en Amérique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse et en Italie. Tous ces concerts ont été incroyables !
Quelques bons souvenirs me reviennent, comme participer au festival SXSW aux Etats-Unis (festival de musique, de cinéma et de médias qui se tient à Austin depuis 1987), et voyager à travers la moitié du pays. C’était comme l’un de ces road trips américains, cela a été comme une expédition révélatrice de tous ces endroits.
Mon moment préféré a été mon tout premier concert, à Berlin. Je n’étais pas sûr de la manière dont ça allait se passer parce que c’était mon premier show en Allemagne et, à ma grande surprise, la salle Intersoup (à Berlin) était sold out. Mon tout premier concert complet, et même pas dans ma ville d’origine ! Un autre souvenir que je n’oublierai pas !
As-tu quelques anecdotes à raconter sur ta vie en studio ou en tournée ?
Tellement que je ne saurais par laquelle commencer.
J’ai assuré la première partie d’un autre compositeur d’Oxford, Richard Walters, en début d’année dernière, et nous avons été à un concert vraiment étrange, à Dresde. Le show en lui-même se jouait l’après- midi, nous étions tous crevés vers 18h, ce qui n’arrive pas habituellement, en tournée. La soirée a fini avec moi qui servais des cocktails derrière le bar à tous les clients allemands, pendant qu’une employée du bar bien sympa m’apprenait à les faire.
Pendant ce temps, Richards se faisait masser dans un coin de la pièce par un mec un peu fou, qui lui disait de se concentrer sur les différentes formes et odeurs autour de lui. Nous avons tous un peu bu ce jour-là mais c’était vraiment drôle. Le jour suivant a été un peu difficile de ce que je peux me souvenir…
Serais-tu prêt à créer un nouveau groupe ?
C’est quelque chose à quoi j’ai pensé. Actuellement, j’ai un groupe qui me soutient sur les chansons les plus célèbres de l’album. Peut-être que, dans quelques années, je chercherai à me lancer dans d’autres projets, mais je suis heureux de me concentrer sur ma carrière solo en ce moment.
A quoi ressemble la vie à Oxford ?
J’adore ! C’est historiquement une belle ville, avec une scène musicale impressionnante. Je recommande toujours aux gens de s’y rendre lorsque je suis en tournée.
Quelle est la réaction des gens face à la musique indépendante ?
Je pense qu’ils sont réactifs, positivement. Ils veulent soutenir cette musique autant qu’ils le peuvent. Quand ils voient que tu essayes de t’en sortir par tes propres moyens, ça les aide à se sentir être une part de ce que tu fais. La musique indépendante n’existe pas sans les fans.
Y a-t-il des facilités pour les musiciens indépendants à Oxford ?
Je pense qu’Internet est la manière la plus appropriée au développement des musiciens indépendants. Des promoteurs et des salles les aident pour leurs concerts, mais c’est principalement l’activité en ligne qui leur apportent une notoriété au Royaume-Uni. C’est toujours difficile de réussir face aux majors mais je pense que le niveau d’Internet met ces deux parties sur un pied d’égalité.
Que penses-tu de l’industrie musicale d’aujourd’hui ?
Ils prennent d’étranges décisions et continuent de gâcher de l’argent pour faire tourner la machine. Je pense qu’ils essaient d’utiliser Internet de la meilleure façon possible pour diffuser la musique à une plus large audience. L’industrie musicale a tellement changé ces dix dernières années que je ne serais pas surpris si elle changeait encore dans les dix prochaines.
Si tu avais le pouvoir d’y changer quelque chose, le ferais-tu ?
C’est une question difficile car je suis sûr qu’un changement causerait d’autres problèmes ailleurs. J’aimerais qu’il y ait une meilleure façon de filtrer l’argent pour le donner aux plus petits musiciens. Pour récompenser les compositeurs et les groupes financièrement, pour le « streaming » et intéresser le public, plus qu’il ne l’est déjà actuellement.
Y a-t-il un album et/ou un artiste qui ait changé ta vie ?
The Temptation of Adam de Josh Ritter. La meilleure chanson qui ait été écrite, tant dans les paroles que la mélodie.
As-tu déjà pleuré et/ou ressenti quelque chose de fort lors d’un concert ?
Parfois, certaines de mes chansons ayant un sens profond me touchent plus en live, quand il y a une super ambiance dans la salle. Voir également Josh Ritter en concert était incroyable et quelques unes de ses chansons ont eu de l’effet sur moi.