crystal lake helix artwork 2019 Sharptone Records

Sorti le 15 février, Helix de Crystal Lake faisait partie de ma liste d’albums attendus pour 2019. Force est de constater que les japonais n’ont pas chômé entre l’enregistrement de leur cinquième opus et leur tournée UK/EU aux côtés de Bury Tomorrow, 36 Crazyfists et Cane Hill en automne 2018. Ils rejoignent officiellement le roster de Sharptone Records en novembre après avoir dévoilé le clip d’AEON
Depuis fin janvier, ils foulent pour la première fois les scènes nord-américaines aux côtés de Miss May I, Fit For A King et August Burns Red.

Pour celles et ceux qui n’auraient pas encore entendu parler de Crystal Lake, il n’est jamais trop tard ! Voici une chronique de Helix, leur nouvel opus.

Le groupe

Crystal Lake se forme à Tokyo en 2002. Le line-up a depuis évolué et seuls deux membres originels restent : Yudai Miyamoto (guitariste lead) et Shinya Hori (guitariste rythmique).

Dès ses débuts, la formation enchaîne les enregistrements et les concerts. Ils sortent leur premier disque, Dimension, en 2006, à la suite duquel ils partent en tournée nationale. Ils assurent la première partie de Parkway Drive lors de leur tournée au Japon en 2009.


En 2010, une demo est mise à libre disposition sur leur MySpace. Ils annoncent la sortie d’un nouveau clip, extrait de leur deuxième album, Into The Great Beyond, prévu pour juin 2011. Le batteur et le chanteur sont remplacés, et 2013 se profile comme l’année des supports : The Ghost Inside, Emmure, Upon A Burning Body, Born Of Osiris

Cubes, un nouvel EP, voit le jour en août 2014 et comporte une reprise de Rollin’ de Limp Bizkit.
Un mois plus tard, Crystal Lake accompagne Crossfaith, We Came As Romans et While She Sleeps en tournée. Ils passent tête d’affiche pour le Cubes Tour 2014 et performent au Knotfest Japan.

Fin 2015, ils annoncent avoir signé avec Artery Recordings (USA) et JPU Records (UK / EU). En deux ans, ils sortent leur troisième et quatrième efforts, respectivement The Sign et True North.

En octobre 2017 est dévoilé Apollo, premier single de Helix. Les riffs et les mélodies, de même que le refrain accrocheur, garantissent un nouveau disque explosif. On y entend un clavier, qui indique une direction prog et des sonorités cyberpunk. Cette fin, cette façon de crier « You’ll never take me under, never gonna take me under » sont si puissantes !

Helix – Outgrow

Helix commence par l’intro du même nom, et annonce en quelques secondes un album teinté d’ambiances futuristes et, paradoxalement, traditionnelles. Les douze chansons forment un pêle-mêle de styles metal, djent, prog, ambient, etc. Viennent ensuite AEON et Agony, sans doute les deux titres les plus lourds de tous ceux de Helix. La fluidité est agréable et on reconnaît bien là l’univers qu’on associe au groupe. Le refrain d’Agony mélange scream et choeurs clairs, ce qui accentue l’efficacité des riffs sur la seconde partie du morceau.

Ce son heavy s’échappe le temps de quelques chansons pour réapparaître plus loin, après l’interlude. +81 casse soudainement cette atmosphère. Ryo atteste de ses progrès dans sa façon de screamer. Il accompagne des chants de gangs et les refrains, qui restent en tête. La ligne de basse se détache parfaitement du reste, ce qui en fait un titre plus catchy. Sur l’outro, j’entends comme des bruits de jeux vidéos, qui me font penser une nouvelle fois au cyberespace. Pour l’anecdote, « +81 » est aussi le dial code que les japonais doivent taper pour appeler à l’international. On peut y voir une référence à un appel vers un autre monde, au-delà du genre humain. 

On reste dans l’avant-gardisme avec Outgrow, qui fusionne claviers électroniques, couplets aux influences rap, guitares plus lights et un solo ! Même si les instruments ne sont pas lancés à pleine puissance comme ils l’étaient au début, cette chanson reste intéressante. Un rythme plus lent, assez rare sur Helix, mais une telle intensité qui appuie le côté ambient de la musique.

Ritual – Sanctuary

Ritual permet d’entrer dans la dernière partie de Helix. Comme l’indique directement son titre, cette interlude a des airs de rituel et permet de séparer deux parties distinctes. Après quelques chansons plus light, attendons-nous à un orage violent… 

… avec Hail to the Fire qui rassasie mon instinct amateur de gros riffs et de screams en peu de temps. Ryo dit avoir été influencé par Soulfly et Sepultura, deux projets de Max Cavalera. Les arrangements sur sa voix au moment des « Zomba!, Zomba! » nous ramènent à cet univers de science-fiction.

Devilcry parle de la perte d’êtres chers, de notre désespoir à l’idée de les revoir et de n’avoir rien à perdre après leur disparition. Sur une base metalcore, les tokyoïtes ont de nouveau ajouté des bruits de jeux vidéos (peu avant 1:00). La mélodie et certaines parties de voix sont comme retouchées, « vocodées ». Le relief entre les paroles touchantes et la musique aux sonorités prog, électroniques, est assez intéressant et apporte une certaine légèreté. La plume de CL évoque beaucoup de sujets actuels auxquels le public s’identifie. Devilcry ne fait pas exception à la règle, et axe son message sur un aspect plus humain et tragique. 

Je parlais de dial code avec +81… C’est avec un vibreur que démarre et termine Just Confusing. La mélodie de Devilcry a été construite sur des fondations metalcore. De la même manière, cette chanson a donné tout le loisir aux musiciens d’ajouter des sonorités traditionnelles asiatiques. Ça n’est clairement pas la meilleure de l’album, mais elle développe une nouvelle aura, encore peu exploitée à ce stade. Cependant, ce sont ces mêmes instruments et ces sonorités que l’on peut entendre sur Sanctuary, qui clôture Helix.

Bilan

C’est INNI VISION, de son vrai nom Ryosuke Machida, qui réalise le clip d’AEON. En plus d’avoir parfaitement illustré cette petite bombe, il a su garder à l’esprit ce design technologique que l’on « voit » en écoutant Crystal Lake. Les couleurs presque fluorescentes et les visuels sont centrés sur la science-fiction. Il avait déjà travaillé avec le groupe pour le clip The Circle, ainsi qu’avec d’autres pointures de la scène metal japonaise comme Crossfaith et coldrain.

Je ne pense pas qu’il soit juste de simplement classer Helix dans du metalcore. Ce seul genre ne peut décrire sa multitude d’ambiances. Le mix cyber metal et influences atmosphériques ont donné naissance à douze monstres hybrides. Plusieurs détails sont à l’origine de cette création, que ce soit des bruitages de type digitaux à cette voix féminine que l’on entend dans plusieurs titres (Devilcry, Lost In Forever, Agony). Nous avions eu des aperçus bruts et intenses grâce aux extraits dévoilés avant sa sortie, c’était sans se douter de ce qu’il en serait réellement…

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