Chronique : Five Finger Death Punch - Afterlife

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Sorti en août, Afterlife constitue le neuvième effort de Five Finger Death Punch, et le huitième produit par Kevin Churko. En lisant cette information, on pourrait s’attendre à tout sauf à des surprises… et pourtant ! Comme ses prédécesseurs, Afterlife contient quelques titres qui méritent une certaine attention. Avec un album tous les deux ou trois ans depuis ses débuts, on ne peut pas enlever au groupe sa productivité ! Les obstacles rencontrés et les changements de line up auraient pu mettre fin à leur carrière… Finalement, il semblerait que Death Punch ait enfin trouvé une certaine quiétude.

D’abord, je pense que l’équilibre au sein de la formation est directement lié à la sobriété d’Ivan Moody. Depuis presque cinq ans, le chanteur combat ses addictions, aidé par des habitudes plus saines. Si ses démons le hantent parfois, Ivan nous montre qu’il sait les dompter et s’en servir comme inspiration. Au pire, ils restent une gêne. Comme il l’a déclaré récemment : « If anything, I’ve got gnarlier, but my anger is projected differently now. » Plus altruiste et accessible, Ivan utilise sa plume comme défouloir.

« Everyone says I’ve gotten cheesy or weak since I’ve gotten sober but that’s far from the truth. » - Ivan Moody

Sur Afterlife, le chanteur évoque ses expériences sous un nouvel angle. Plus mature, plus honnête, il distille ses mots sur des mélodies plus expérimentales. Couplée à cela, la brutalité de son discours donne une impulsion inhabituelle. Au-delà du bien-être, sa sobriété lui a apporté une aisance vocale, notamment détectable dans ses graves. On pouvait déjà déceler ses énormes progrès sur F8, mais c’est encore plus significatif sur cet album.

Cet album est une révélation. Lors de la promo du disque, Ivan et Zoltan affirment qu’il est l’apogée de leur travail global. Sur ces douze titres, on retrouve ce schéma semblable au reste de la discographie du groupe. A savoir : des hits taillés pour les radios et donc les charts, des bangers metal bien lourds, et des balades.

D’ailleurs, je ne cache pas que mes préférences vont vers les chansons plus remarquables. Thanks For Asking, Times Like ThesePick Up Behind You et All I Know sont mes coups de coeur. Plus puissantes dans leurs mélodies grâce à l’impulsion de nouvelles influences, leurs paroles visent juste. Comme si chaque mot, chaque note était un bout de l’âme d’Ivan Moody. Sur Times Like These, il reprend l’expression ‘a wilted rose’ que l’on peut entendre sur The Bleeding. Ce titre de 2007 a marqué le début de tout pour Death Punch et est joué en rappel depuis des années. De même, une référence au single Jekyll And Hyde est glissée dans l’ouverture Welcome To The Circus.

« I’ve forgotten how heavy you are
You’re becoming so hard to hold on to
No matter how far or how hard you fall
I’ll be there to pick up behind you »

Five Finger Death Punch - Pick Up Behind You (Afterlife)

Mais les mots qui m’ont le plus marquée sont ceux de Pick Up Behind You. C’est comme si Ivan était sorti de sa propre perspective avant de prendre la décision de se soigner. Je me revois il y a quelques années lire les titres mentionnant ses pertes de contrôle. A chacune de ses apparitions, j’étais juste apaisée de le savoir en vie. Pas forcément heureuse de le voir dans un tel état, juste soulagée de constater qu’il pouvait aller mieux.

Tel un écho, les paroles de Thanks For Asking appellent à faire le grand saut. Peu importe la décision, le sujet, les conséquences, « what doesn’t kill you will only make you stronger ». Chacun peut s’approprier le thème abordé sur ce titre. Il peut s’agir d’une relation amicale, amoureuse, d’un job… dans lesquels vous êtes coincé. Le message est tel que vous êtes seul.e décisionnaire de vos actes. « She gave us our wings but never taught us to fly ». Ce grand saut est certes effrayant, mais nécessaire.

« I walked through fire and through brimstone and there were no pearly gates »

Five Finger Death Punch - Judgment Day (Afterlife)

De toute évidence, Five Finger Death Punch peut aujourd’hui se permettre d’explorer d’autres contrées musicales. Sur Judgement Day et Thanks For Asking, le quintette a intégré des sonorités originales à leur identité sonore. L’intro de Judgment Day est surprenante au premier abord, mais pose subtilement sur la longueur une ambiance décalée du reste. La mélodie sifflée sur All I Know, accompagnée à la guitare sèche, est une vraie pépite. Le chant d’Ivan Moody est déchirant alors qu’il semble raconter sa propre histoire. The End a aussi ce truc en plus qui la démarque du reste. Le pont avant le refrain final me donne des frissons ! Les arrangements vocaux puis cette délivrance quand le quatuor des guitares, basse et batterie repart est fou !

De cette façon, je considère Afterlife comme un diamant brut. Il n’est pas parfaitement taillé, mais il a besoin de ses défauts pour briller d’autant plus. Le groupe prend le droit d’aller plus loin dans ses expérimentations, se donnant totale liberté sur la scénographie des concerts.

« Everybody always says life sucks. I totally disagree, life’s fucking amazing. People suck ! You just gotta learn how to remove around people, play chess better »

Ivan Moody

Entre 2018 et 2020, Death Punch a procédé à quelques remaniements dans son line up, ce qui a contribué à ce renouveau. L’arrivée de Charlie Engen (batteur) et d’Andy James (guitariste) modifie quelque peu leur son. Avec une seule note, un seul riff, Andy parvient à changer toute la nuance d’un morceau. La technicité de Charlie acquise après de nombreux concerts et un Master en batterie et percussions couronne le tout.

Retrouver Kevin Churko à la production me faisait peur car j’aurais adoré entendre du nouveau chez Death Punch. Après huit albums quasiment sortis les uns à la suite des autres, j’aurais souhaité que chacun puisse respirer. Mais après de multiples écoutes, je trouve que la liberté laissée à Zoltan et Ivan parle pour elle-même. On ne ressent aucune pression des musiciens, et le résultat laisse entendre un groupe qui ne piétine pas.

Zoltan expliquait en interview qu’il était plus simple de concevoir un disque aux côtés d’Ivan, dorénavant sobre. Un comportement irrationnel empêche de faire des plans à plus ou moins long terme. C’est ce qui a sans doute manqué au groupe avant 2018, d’où le manque de cohérence sur leurs précédents disques. Enchaîner des titres destinés aux radios c’est bien, mais ça ne garantit aucune longévité dans une carrière.

« I don’t wanna wait for heaven to change things »

Five Finger Death Punch - Afterlife

Il est rare que Five Finger Death Punch surprenne sur le choix des singles envoyés en promo d’un album. Ce sont souvent des chansons metal / heavy metal accessibles avec une structure globale simple, aidée par un refrain entêtant. Avant la sortie d’Afterlife, nous avons découvert le single éponyme, puis IOU, Welcome To The Circus et Times Like These.

Sur la vidéo snippet de Welcome To The Circus, je m’attendais à un concept élaboré autour du thème du cirque. Cela semblait même évident… Il n’en est rien. Poussé par son attrait pour le métaverse, les bitcoins et les cryptomonnaies, Zoltan a bâti le projet autour d’avatars futuristes. Les visuels sont flashy, et quand les couleurs ne sont pas saturées, elles semblent être en néon. Les clips de Times Like These et Welcome To The Circus composent l’introduction d’un film prévu autour d’Afterlife. Car oui, la bande a pour projet de réaliser une vidéo pour chaque chanson.

Bonne ou mauvaise idée ? Il m’est d’avis que non, étant loin de m’intéresser à ces sujets. Ensuite, j’aurais plus misé sur un documentaire sur la création et recréation de The Way Of The Fist. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, ils étaient également en studio pour le ré-enregistrement de leur premier album. Aucune date de sortie n’a été communiquée et à vrai dire, on ne sait pas s’il verra le jour. Avec 1000 projets par jour et une autre tournée US en approche, Death Punch n’a clairement pas le temps.

Welcome To The Circus !

Avec Afterlife, Five Finger Death Punch explose tous les records outre-Atlantique. L’album arrive directement à la première place du classement Hard Rock (Billboard) dès la semaine de sa sortie. Ainsi, cela offre au groupe le record d’albums numéro 1, à savoir sept depuis leurs débuts. Sans parler des singles, Afterlife s’inscrit dans plusieurs classements : Independent Albums, Top Album Sales, Top Rock Albums

Très apprécié en Europe, Death Punch s’offre de très belles places en France, Autriche, Finlande, Danemark, Norvège, et Allemagne. Il est considéré comme le troisième artiste hard rock après Metallica et AC/DC en termes de ventes de billets et streams.

À écouter si vous aimez : Disturbed, All That Remains, Bad Wolves, Fire From The Gods

               

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