northlane alien UNFD central

L’Australie, terre de grâce

Parkway Drive, Thy Art Is Murder, Travis Fimmel… Depuis le début des années 2000, l’Australie nous a béni de ses talents bruts et purs. Northlane n’est certes pas une exception, mais confirme la règle. Avec Alien (UNFD), sorti le 2 août dernier, le quintette légitime sa posture de porte-drapeau du metalcore australien.

Néanmoins, il serait inexact d’uniquement les attribuer à ce style. Le groupe a su peaufiner sa musique et ses visuels pour mêler le metalcore au djent et au genre progressif. Les deux guitares procurent un son lourd, gras, tandis que les voix de Marcus Bridge (chanteur) et Brendon Padjasek (bassiste / chanteur secondaire) livrent des effets alternant entre scream et chant.

Les artworks sont également une caractéristique notable à ajouter à l’identité de Northlane. Pour avoir eu la chance de dénicher l’édition deluxe de Mesmer (2019, UNFD), je peux vous assurer que le rendu est sublime, au détail près.

Alien

Les communiqués de ces dernières semaines annonçaient Alien comme l’album le plus personnel de leur carrière. Le premier single extrait, Bloodline, est aussi l’un des premiers morceaux à avoir été écrit. Son clip est illustré par Jason Eshraghian, avec qui Northlane collabore depuis près de cinq ans. C’est à lui que l’on doit ces visuels cinématiques si particuliers. L’histoire dépeinte est celle d’une relation abusive entre un père et son fils.

À ce propos, Marcus déclare : « On a décidé assez tôt que l’on voulait garder un thème général personnel. Je voulais raconter des histoires sur mon éducation, les hauts et les bas qui vont avec. Bloodline parle du fait de grandir dans un foyer instable. Après les obstacles et ce qui est attendu de toi, tu casses cette spirale et te défais de ce monde terrible. Par exemple, le second couplet parle en détail de mon histoire, de moments dont je me souviens. Cette chanson résume parfaitement l’album. »

Personnel donc, mais aussi autoproduit et expérimental, Alien est osé. Certes, Northlane n’en est pas à son coup d’essai mais ce disque suscite et suscitera encore probablement des réactions (extrêmes?) de tous bords.

4D comporte des effets denses et électroniques proches de la dubstep, accompagnés de la superbe voix de Marcus Bridge. Après plusieurs écoutes de l’album, je peux affirmer que c’est l’une de mes préférées. Talking Heads fait reprendre ses droits au metal : le scream est brutal et les guitares chargées en notes graves. À peine remise de cette première montée / descente que j’entame Freefall. Le chant prend une tout autre dimension sur une mélodie changeante. Tantôt aérienne, tantôt triviale, elle renforce la complexité de cet opus.

Seconde partie

Les paroles de Jinn rappellent le thème global d’Alien à travers le refrain : « Stranded by what comforts me / Life’s a nightmare blooming free / Stranded by what confronts me / I escape with what I choose to breathe ». L’ambiance est subtile sur cette partie de la chanson et contraste avec l’alourdissement des couplets. Le propre de Northlane.

Eclipse est bien plus virulente que Jinn, dans les paroles comme dans la musique. Elle fait partie des plus intéressantes selon moi, rien que pour les 30 secondes de final. Rift démarre en fondu avec une ambiance atmosphérique comme je les aime et rejoint plus tard par le chant. À sa manière, elle contribue à la complication d’Alien, mais est sans doute la plus « light ». Un nouveau fondu laisse la place à Paradigm. Le chant, d’abord dans le même style que la piste précédente, se modifie rapidement en scream.

La transition avec Vultures se déroule en douceur, avec en fond, des bruits de… vautours (sans blague). Sortie il y a environ un an, c’est probablement la chanson qui se détache le plus du reste de l’album. Plus authentique dans le son et les arrangements, elle ouvre une nouvelle porte juste avant la conclusion.

Contrairement aux morceaux passés, Sleepless commence indépendamment de Vultures. Et me donne à écouter l’un des titres les plus fous de l’année. Aérien, électronique, et plus lourd ensuite, il est insaisissable. Cela permet à Marcus d’effectuer de magnifiques envolées. Sur la fin, les guitares et la basse sont si graves que l’ensemble fait vibrer mes oreilles. Sleepless n’a peut-être pas le calibre pour être un single, mais elle a clairement la puissance pour être classée parmi les meilleures chansons de Northlane.

Bilan

Je n’étais pas fan du groupe il y a quelques années, mais Mesmer a commencé à modifier mon opinion. Puis je me suis prise au jeu de la hype autour d’Alien et, si les extraits peuvent influencer le ressenti général de l’album avant sa sortie, il n’en est rien dans ce cas. Au-delà de ses singles, Alien regorge de perles et de moments précieux, plus ou moins cachés, qui font qu’aujourd’hui, je peux le dire : je suis fan de Northlane.

Le groupe sera en tournée européenne du 22 novembre au 21 décembre. Il passera par le Gibus de Paris le 23 novembre avec Silent Planet et ses compatriotes de Void Of Vision et Polaris.

northlane promo pic 2019 UNFD