Le 9 décembre dernier, alors que l’actualité musicale commençait à s’atténuer, Thousand Below a dévoilé sa troisième pépite : Hell Finds You Everywhere. Sorti chez Pale Chord Music, l’album est constitué de dix titres. De prestigieux invités tels que Noah Sebastian (Bad Omens) et Matt Flood (Caskets) confèrent à Hell Finds You Everywhere de très beaux moments. Mais le groupe est-il toujours pertinent sur une scène metalcore qui a vécu l’une de ses années les plus riches ? Après une perpétuelle activité, qu’est-ce que le groupe a encore à offrir à ce style musical en constante activité ?
Formé à San Diego en 2017 autour de James DeBerg (chanteur), Thousand Below a tout de suite attiré l’attention de Rise Records. Inutile de présenter ce label aux amateurs de metalcore, post-hardcore et j’en passe, vous avez sans doute entendu parler de Spiritbox, Polyphia ou You Me At Six. Le groupe sort ses deux premiers albums et un EP chez Rise Records avant de migrer chez Pale Chord Music aux côtés de Skywalker, Hollow City et Harper, la jeune candidate d’America’s Got Talent. En décembre 2020, le label tisse un partenariat avec BMG et Rise Records qui leur donnent les moyens de révéler les talents de son catalogue à un public plus large et international.
Je le disais déjà sur ma chronique de Chemical en 2019 et je réitère : chaque sortie de Thousand Below est une petite bombe ! Aussi détonante que les précédentes, voire plus, Hell Finds You Everywhere arrive comme une belle surprise. Pour conclure 2022 en beauté, le groupe a soutenu Bad Omens, Dayseeker et Make Them Suffer sur une tournée nord-américaine sold out.
L’album s’ouvre sur le titre éponyme, en collaboration avec Noah Sebastian, le chanteur de Bad Omens. On peut tout de suite noter ces sonorités qui font le succès du groupe : un axe central post-hardcore teinté de notes metalcore, post-rock et emo rock. Vocalement, c’est une superbe entrée en matière de la part de James DeBerg dont la voix se marie parfaitement à celle de Noah Sebastian. La capacité du chanteur à passer de chant clair au scream en un rien de temps est excellente, en témoigne Venenosa, le titre suivant. Du couplet au refrain, c’est un enchaînement de revirements telles les montagnes russes. D’ailleurs, l’introduction de cette chanson me rappelle Nowhere To Go… de Bad Omens. Egalement placée en seconde piste sur THE DEATH OF PEACE OF MIND, elle possède la même dynamique.
Face To Face, l’un de mes coups de coeur de l’album et single extrait vient ensuite. La structure est classique au groupe mais fonctionne parfaitement, alternant entre refrain accessible et donc entêtant et couplets chantés en scream. Malgré cette dualité, on relève dans le pont un pivotement vers un son électronique… que l’on retrouvera à une plus large extension sur Blue Roses Don’t Fade, en collaboration avec CVLTE. Tout en explorant un son différent de ce qu’on lui attribue communément, entre post-hardcore et emo metalcore, Thousand Below nous sert Sabotage et Next Time Around, cette dernière en featuring avec Matt Flood de Caskets. Je suis très cliente de ces ballades post-hardcore mélodiques aux refrains émotionnels qui font aller la musique crescendo.
En contraste, le pont de Clockwork Enemy est d’une brutalité bien appréciée chez le groupe. Sur Silent Season, le quatuor de San Diego intensifie son jeu, se diversifie en nous proposant quelques couches d’autotune sur la voix de James. Avec Shade, entre screams et instrumentations purement metalcore, le quatuor nous offre deux autres collaborations avec Noah Sebastian. Pas étonnant finalement que certaines chansons de Thousand Below et Bad Omens soient pourvus de la même énergie et détiennent de grosses similitudes. All I Have Left To Give vient clôturer l’album. Ballade au refrain explosif, il donne au titre toute son efficacité. Avec lui, Thousand Below dévoile une dernière fois toute sa vulnérabilité et son attachement aux thèmes tournant autour du chagrin, la perte, la vie et ses aléas…
J’ai adoré découvrir cet album et constater que Thousand Below continue à tracer sa route sur la voie du metalcore. Même si je n’ai pas forcément aimé ce côté électronique amorcé sur Blue Roses Don’t Fade, j’admire la prise de risques et je dois admettre que le refrain reste en tête.
Même si le metalcore et post-hardcore restent aujourd’hui relativement des styles vagues de par la masse de groupes émergents, le quatuor américain se démarque tout de même de ses pairs d’année en année. En témoigne cette collaboration avec Noah Sebastian dont le groupe Bad Omens est monté en puissance en quelques mois seulement. Et si Thousand Below développe sa carrière avec intelligence et s’entoure correctement, ce qui ne semble visiblement pas être un problème, il devrait être évident de les voir en tête d’affiche de beaux plateaux plus vite qu’on le pense.
À écouter si vous aimez : Bad Omens, Currents, Caskets