hassle records label UK 15th Bday

La première fois que j’ai entendu parler du label Hassle Records, c’était il y a 6 ans. Lonely The Brave, l’un des groupes du catalogue, venait de sortir The Day’s War, son premier album, et était la nouvelle sensation au Royaume-Uni.

À cette époque, j’avais été touchée par l’énergie du groupe, menée en partie par la voix sublime et reconnaissable entre mille de David Jakes.

Hassle Records a fêté ses 15 ans d’existence ce mois-ci. Nombreuses sont les anecdotes, forte est la passion des deux fondateurs, Nigel Adams et Ian ‘Wez’ Westley. Leur inspiration prend racine auprès de labels incontournables tels que Sub Pop Records (Eddie Vedder, METZ, Nirvana…), Elektra Records (The Doors, Metallica, Mötley Crue…) et Rough Trade Records (Arcade Fire, The Strokes, The Decemberists…).

Leur principale force : leur indépendance et toute l’attention portée sur leurs artistes.

Contexte

En 2005, Nigel et Ian fondent le label londonien avec pour objectif de fournir aux artistes une plateforme sur laquelle ils pourront réellement s’exprimer, selon leurs propres conditions. Ils se rencontrent chez Mushroom Records mais s’extirpent de leur contrat lorsque la maison de disques est rachetée par Warner Brothers. Loin d’eux l’envie de travailler avec la dernière signature, une certaine Paris Hilton

Avec la volonté de tracer leur propre chemin, ils forment Eat Sleep. Ainsi, ils signent un premier contrat de licence avec le label familial Drive Thru Records. Basée en Californie, la marque est responsable de la popularisation du genre pop punk / emo au début des années 2000 et abrite des groupes de renom : New Found Glory, Hellogoodbye, Finch… Pendant sa période indépendante, elle vend plus de 7 millions d’albums.

drive thru records label logo

Mais le duo fait face à une sorte de crise identitaire et éprouve le besoin de « trier » ses préférences. Ils fondent donc deux nouvelles maisons : Sorepoint, centré sur le genre rock, et Full-Time Hobbypour leurs coups de coeur. Sur le catalogue de ce dernier, on retrouve donc Clayhill (folk rock), Rocket Science (Australian garage) ou encore The Belles (soft rock), entre autres.

Sorepoint Records est un nom qui ne vous dit peut-être rien, mais il obtient des accords de licence importants et déterminants pour la suite. Grâce au label, des groupes comme Saves The Day, Alexisonfire et Fall Out Boy trouvent leur public en Europe et au Royaume-Uni. D’ailleurs, Take This To Your Grave, le premier album de FOB, est certifié disque d’or outre-Manche. Si Drive Thru a posé les bases du mouvement emo, Sorepoint endosse le rôle du lancement du genre musical dans nos contrées.

Lancement

En 2005, quelques ‘shady’ magouilles spécifiques à l’industrie musicale font que Sorepoint ferme ses portes. C’est à ce moment-là que Ian et Nigel, avides de nouvelles aventures, fondent Hassle. À propos du choix du nom, Wez déclare qu’il a été choisi car « il suggère une situation irritante, désagréable. Cela semblait compatible car nous allions probablement signer des artistes qui allaient nous mener la vie dure. »

La première artiste à rejoindre l’aventure s’appelle Juliette Lewis. Like A Bolt Of Lightning, son premier EP, confère au nouveau label une carte de visite d’ores et déjà réputée. Sur le catalogue, la référence de cette sortie est le ‘HOFF001’.

juliette and the licks ...like a bolt lightning EP hassle records

Ian et Nigel font ici allusion à David Hasselhoff, au sommet à cette période grâce à Alerte à Malibu. Son surnom, ‘The Hoff’, est tiré de Baywatch, titre original de la série citée précédemment. Wez explique le rapprochement : « On a pensé que c’était trop cool donc notre catalogue est devenu un hommage à cela. D’un certaine manière, ça dit quelque chose sur notre label. Quelque chose comme… on s’en fout, mais on y fait vraiment attention. » La phrase originale étant ‘We don’t really give a fuck, but we really do care.’

Bien sûr, d’autres artistes suivent le pas de Juliette Lewis & The LicksCity and Colour et Cancer Bats sont parmi ceux qui rencontreront le succès à l’international, encore aujourd’hui. L’ajout au catalogue de la marque démontre la capacité de ses fondateurs d’exploiter le terrain underground. La marque de fabrique de Hassle Records est tracée.

Néanmoins, entre 2005 et 2008, l’équipe participe au retour de grands groupes tels que Life Of AgonyThursday ou encore Alkaline TrioQue ce soit à travers la publication d’albums originaux ou de rééditions, la liste des sorties ‘made in Hassle’ s’allonge en gardant la qualité comme principe fondamental.

15 x 15

L’émergence de nouveaux styles musicaux a inévitablement fait évoluer le catalogue de Hassle. En signant Swedish Death CandyPetrol GirlsPhoxjaw ou encore Brutus, le label honore le rock alternatif contemporain comme le punk hardcore féminin.

La série ’15 x 15’ reprend 15 de ses sorties les plus emblématiques depuis 15 ans. Ainsi, on retrouve évidemment le premier EP de Juliette & The Licks, des albums réédités en édition limitée sur vinyles de Lonely The BraveRolo TomassiTrash Talk, etc.

Ce qui lie tous ces albums, tous ces artistes, est cette passion et cette soif d’aventure. Ces valeurs ont bâti l’esprit du label. Elles lui donnent aujourd’hui cet éclat dont seules les maisons de disques indépendantes peuvent se vanter d’avoir et de garder. Jusque dans le coeur des fans et de ses artistes…

Pour appuyer mon propos, voici ceux de Stefanie Mannaerts, chanteuse / batteuse du groupe Brutus : « Pour nous, Hassle Records sont des gens, pas un label. Ils ne nous ont jamais considéré comme un produit, toujours comme des personnes. Nous n’avons pas des réunions de label, nous avons des conversations quotidiennes sur WhatsApp. Nous ressentons leur attention, que ce soit envers nous, nos sentiments ou l’histoire que nous voulons raconter avec Brutus. C’est la meilleure sensation qu’un groupe puisse avoir avec un label… »

« Certains artistes ont une vision très forte de leur projet, alors que d’autres ont besoin d’être plus assistés. » - Wez

C’est sans doute ce que je trouve le plus fascinant chez un responsable de label, et plus largement, au sein d’une équipe d’un label. Cette prise de risque constante lorsqu’il s’agit de miser des années de travail, son argent, sur la réussite d’un artiste. La passion se mêle à l’investissement émotionnel et Hassle ne fait pas exception. Ainsi, la relation entre artiste et équipe n’est pas entravée par l’hypocrisie, bien trop installée dans ce milieu.

« Nous donnons notre avis aux artistes si nous pensons que quelque chose ne va pas, tant sur l’aspect musical que visuel, mais c’est toujours l’artiste qui a le dernier mot. Certains ont une vision très forte de leur projet, alors que d’autres ont besoin d’être plus assistés. » – Wez

hassle records label UK 15th Bday 15x15 series

Je parlais plus haut de la marque de Hassle dans sa manière d’explorer un terrain underground de plus en plus concurrentiel. Son pouvoir réside aussi dans sa communauté. Les fondateurs sont parvenus à engager des fans autour de leurs artistes, et donc autour de leur marque. Leur sens de l’humour particulier y est grandement pour quelque chose, en rappel à cette anecdote autour de David Hasselhoff.

Leur ouverture d’esprit les mène à recommander des artistes dont les styles s’étendent bien plus loin que ceux représentés dans leur roster. Cela prouve, s’il fallait encore une preuve, que Hassle Records a su identifier le talent, le toucher et le montrer aux gens.

Conclusion

S’il ne fallait retenir qu’une phrase de Wez, lue dans un article il y a peu, je prendrais celle-ci : « Life is too short to work on things you don’t like, with people you don’t like. »
Traduction : « La vie est trop courte pour travailler sur des choses que tu n’aimes pas, avec des gens que tu n’aimes pas. »

Au cours de son anniversaire, le label a rendu disponible une playlist retraçant 15 ans de travail et de passion acharnée. Je ne sais pas si Ian ou Nigel liront cet article un jour (une traduction, du moins), mais je voudrais vraiment les remercier d’avoir ‘rapporté’ des USA tant d’artistes qui ont un public ici, en Europe. Tant d’artistes à qui je dois une énorme partie de la bande originale de ma vie.

Sources : NME