Récemment, c’est un groupe français que j’ai eu la chance d’interviewer pour One Standing. Originaire de la cité des Lumières, Afterglow est un groupe dont la musique est empreinte d’influences punk/rock et grunge. Avec Simon à la guitare et au chant, Mehdi à la guitare, Alan à la batterie et Hervé à la basse, la bande se réinvente et renouvelle ses sonorités sur chaque titre.
Interview avec l’un des groupes français actuels les plus à suivre.

Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
Simon  : Le groupe est récent, nous sommes formé depuis 2013 seulement. Le line-up est composé d’Alan à la batterie, Hervé à la basse, Mehdi à la guitare lead et moi-même, Simon, guitare rythmique et chant.
Notre histoire est la même que celle de la plupart des groupes. La musique est une passion qui nous habite depuis notre adolescence et nous avons tous vécu différentes expériences musicales avant de nous rencontrer. Nous n’aimons pas vraiment  les étiquettes, mais la musique d’Afterglow peut être qualifiée de rock alternatif ou de post-grunge bien que ce terme soit plutôt péjoratif à l’origine. Elle se définit par un mélange de sonorités grunge et de rock US avec des guitares épaisses et distordues, une alternance de puissance rageuse et de mélodies aux sensibilités plus pop.

Dès la création du groupe, les choses se sont enchaînées très rapidement. J’avais énormément composé ces dernières années, peaufiné les arrangements, etc. En quelques semaines une dizaine de morceaux étaient prêts et nous montions déjà sur scène pour notre premier concert.
Nous avions besoin d’un support crédible pour faire découvrir notre musique et démarcher les organisateurs de concerts, les salles etc. Durant l’été 2013, nous avons enregistré en quatre jours   Shades Of Life au Honey Pie Studio avec notre ingé son et ami Xavier Desprat. Les 4 titres de l’EP ont été mixés par Alan, puis sont repassés entre les mains de Xav pour le mastering. Le temps de travailler les derniers détails, l’identité visuelle du groupe, l’artwork, etc., le disque est sorti en novembre. Il a reçu un très bon accueil de la part du public, des médias et des organisateurs.
L’année 2014 a été bien remplie : concerts, chroniques, interviews, etc. Nous avons fait pas mal de scène, principalement dans notre région.

afterglow groupe lyon rock

Selon vous, qu’est-ce qui vous distingue des autres groupes de rock français ?
Simon  :  Sans chercher à nous démarquer à tout prix, ou à coller à tel ou tel courant musical, nous jouons avant tout la musique qui nous plaît. Nous défendons un style qui ne déchaîne les foules qu’aux Etats-Unis. C’est peut-être notre particularité par rapport à la majorité des groupes français.

Quels ont été les événements et les rencontres les plus marquants de la vie du groupe ?
Simon  : Il y en a des tas ! La vie d’un groupe est toujours riche en rencontres. Nous avons eu la chance de rencontrer des gens fantastiques, de vivre des moments vraiment sympa avec notre public notamment. Mais s’il ne fallait en citer qu’un, je pense qu’il s’agit du concert aux 24 Heures de l’INSA. Nous avons remporté un tremplin qui nous a permis d’être à l’affiche cette année du plus gros festival étudiant de France. Je rêvais de monter sur cette scène depuis que j’ai 15 ans, un moment inoubliable  !
Mehdi  : Pour moi c’est notre concert de sortie de Shades of Life, une énergie et une ambiance incroyable ce soir là  !

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=TSL1BUHji2A]

Quelles sont vos principales influences ?
Simon  : Je suis pour ma part très imprégné de la scène grunge des années 90, je pense que ça se ressent dans ma manière d’écrire. Parmi mes influences, on peut compter des groupes comme Nirvana, Foo Fighters, Silverchair, Bush, mais aussi des groupes issus de la scène actuelle comme Muse, Seether, Biffy Clyro, Paramore ou encore 30 Seconds To Mars.
Mehdi  : Je partage pas mal les influences de Simon mais je pourrais aussi citer Steven Wilson. J’adore ses arrangements, il est une grande source d’inspiration pour moi.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Simon  : De manière générale, les chansons évoquent des événements de ma vie, des rencontres, etc. J’aime voir la musique comme une forme de catharsis à travers laquelle j’essaye de retranscrire avec sincérité mes états d’âme, mes sentiments, mes émotions, mais avec une certaine pudeur pour ne pas tomber dans la psychanalyse en public. J’écris beaucoup sur ce qui se passe dans ma tête, mais tout en restant volontairement flou afin que chacun puisse se reconnaitre dans les textes. D’ailleurs, certains textes peuvent avoir plusieurs significations selon la manière de les appréhender.

Dans quel état d’esprit préférez-vous écrire vos textes et/ou composer ?
Simon  : Il n’y a pas vraiment de règle. La plupart du temps, tout commence avec un riff de guitare, une mélodie. Puis les différents éléments du morceau viennent se greffer et prennent leur place naturellement. J’aime laisser la musique et les idées venir à moi sans chercher à provoquer les choses. Parfois tous les éléments d’une chanson se mettent en place très vite, mais il peut aussi arriver que je mette très longtemps à écrire une chanson.
Mehdi  : J’emmène ma guitare un peu partout et dès que j’ai une idée, je l’enregistre tout de suite sur le dictaphone de mon téléphone pour y revenir un peu plus tard.

Vous avez enregistré votre EP Shades of Life en été 2013… Avez-vous suivi une ligne de conduite précise ?
Simon  : Nous avions une idée assez précise du rendu que nous voulions sur Shades Of Life. Nous nous intéressons tous les quatre aux techniques de prises de son et de mixage. Nous avons fait un gros travail de pré-production avant d’aller en studio. Nous avons beaucoup expérimenté, essayé différentes combinaisons de micros, de têtes d’ampli, de peaux de batterie, enregistré des démos dans notre local, etc.
De mon côté j’avais déjà beaucoup travaillé sur les arrangements au piano, glockenspiele, violon, afin d’enrichir les sonorités et de renforcer l’identité des morceaux.
On s’est imposé un délai pour finaliser l’EP, sans quoi on aurait pu travailler dessus durant des mois. Avec le recul, on a toujours envie de revenir sur plein de détails, retoucher des défauts de production, faire d’autres choix de mixage, etc. C’est important de savoir s’arrêter à un moment donné pour permettre au projet d’aller de l’avant.

glockenspiele

Comptez-vous travailler dans une situation similaire pour votre prochain enregistrement ?
Simon  : Nous aimerions sortir un album l’année prochaine et travaillons actuellement sur l’écriture de nouveaux titres. Le processus créatif est un peu différent aujourd’hui puisque je ne compose plus seul. L’objectif est d’enrichir les nouveaux morceaux de nos différentes personnalités musicales.
Nous n’avons pas encore abordé en détail les conditions d’enregistrement ou même l’univers de notre prochain opus, mais une chose est sûre, c’est que nous voulons placer la barre plus haut en terme de qualité de production et d’écriture.

Avez-vous une anecdote concernant votre vie en studio et/ou en tournée à me raconter ?
Mehdi  : Pendant l’enregistrement de Shades of Life, Simon nous a fait beaucoup rire pendant ses prises de chant  : il ne peut pas s’empêcher de gratter pendant qu’il chante comme s’il jouait de la guitare, vu qu’il porte sa guitare juste en dessous de la ceinture, vous imaginez ce que ça peut donner !

Que pensez-vous de l’industrie musicale ?
Simon  : Les majors ne cherchent qu’une chose : faire toujours plus de bénéfices en promouvant des artistes déjà établis, afin d’être sûrs que la rentabilité sera à la clé. Il n’y a plus de place pour la découverte de nouveaux talents, ils remplissent leurs quotas de nouveautés en signant des artistes qui font des millions de vues sur leur chaine YouTube. Peu de petits labels indépendants prennent encore le risque de signer des artistes émergents. C’est de plus en plus difficile pour eux de survivre face aux gros labels qui dominent le marché du disque (physique ou digital).
A notre échelle, pour exister aujourd’hui dans le paysage musical, il faut avant tout savoir communiquer et se vendre. Ce n’est pas toujours facile de démarcher les dates de concerts, communiquer régulièrement, écrire, répéter, et accessoirement gagner notre vie à côté car le projet est 100% auto-financé. On a parfois l’impression de devoir tout mener de front alors qu’on n’aspire qu’à se consacrer uniquement à la musique.

Si vous pouviez y changer quelque chose, le feriez-vous ? Si oui, quoi ?
Mehdi  : S’il y a une chose que j’aimerais changer dans la scène rock actuelle, c’est l’état d’esprit des gens par rapport au prix de la musique. C’est normal de payer une entrée de concert et c’est normal que les artistes soient payés pour leur prestation. Personne n’a rien à gagner en encourageant le tout gratuit à part les patrons de bars qui vendent leurs bières à la pelle en faisant jouer des groupes médiocres qui ne sont pas payés et qui s’en foutent du moment qu’ils peuvent jouer.

Y a-t-il un artiste et/ou un album qui ait changé vos vies ?
Simon  : Nervermind de Nirvana a réveillé quelque chose en moi. Rien de ce que j’avais pu entendre auparavant n’était autant chargé d’émotion. Et quelle voix ! Kurt Cobain est l’un de ces artistes qui savent écrire et interpréter des chansons très simples, mais tellement profondes. C’est incontestablement l’album qui m’a insufflé l’envie d’écrire et de jouer de la musique.
Je pourrais également parler de Neon Ballroom de Silverchair. L’écriture, les mélodies, l’orchestration, la production, etc. J’aime absolument tout dans cet album qui reste une grande source d’inspiration pour moi.

Nevermind nirvana cover 

Avez-vous déjà ressenti quelque chose de fort émotionnellement durant un concert ?
Simon  : Certains titres sont plus chargés émotionnellement que d’autres. Il m’arrive parfois, quand je joue une chanson, de retrouver l’état dans lequel je me trouvais lorsque je l’ai composée. C’est une sensation très forte et étrange à la fois. Lorsque le public est réceptif, ces instants sont tous simplement magiques.

Quel(s) artiste(s) voudriez-vous voir en live ?
Simon  : J’aurais aimé avoir la chance de voir Nirvana en concert. J’aimerais aussi voir Seether en live, mais  j’ai manqué le Hellfest cette année…
Mehdi  : J’aimerais bien que les Foo Fighters passent à Lyon  !

Si vous ne deviez collaborer qu’avec un seul artiste, qui choisiriez-vous ?
Simon  : Parmi les vivants, Dave Grohl arrive en tête de liste.
Mehdi  : Trent Reznor !

Le meilleur album de votre collection ? Le pire ?
Mehdi  : Je n’ai pas de pire album, tous ceux que je pouvais me permettre d’acheter étaient très bons et je les écoute encore avec plaisir. Un album qui m’a vraiment marqué était Significant Other de Limp Bizkit, une grosse claque à sa sortie et un pur bonheur à écouter encore maintenant.

significant other limp bizkit cover

Votre plus vieil achat ? Le plus récent ?
Simon  : Le plus vieux doit certainement être Bad de Michael Jackson. Le plus récent est le dernier album de Strata, Strata Presents The End Of The World. Il est sorti en 2007, mais je ne l’ai découvert que récemment et je le trouve tout simplement génial. Il y a aussi le dernier album de Seether, mais qui me laisse un ressenti plus mitigé.
Mehdi  : Mon plus vieil achat doit être le Greatest Hits II de Queen, le plus récent c’est Distant Satellites d’Anathema.

What’s next ?
Simon  : Comme je l’ai dit, nous travaillons en ce moment sur l’écriture de nouveaux titres pour l’album à venir. Notre set live évolue petit à petit, de quoi inciter le public à revenir nous voir sur scène. Nous continuons de défendre notre EP sur scène, encore et encore. Faire partager notre musique à un maximum de personnes. On est train d’organiser pas mal de dates sur la région pour les mois à venir.
Cela fait un moment que l’on parle de tourner notre premier clip, c’est un projet qui est toujours dans les cartons.
Nous aimerions aussi préparer un set acoustique, qui nous ouvrirait les portes de salles plus intimistes, pourquoi pas faire des concerts privés, ce genre de choses.

afterglow

Retrouvez la chronique de Shades of Life