Dû au vent qui m’a détruit les oreilles pendant une bonne partie de la vidéo, je me sens obligée de ne pas vous infliger cela et de vous retranscrire l’interview avec ANNA. Amaury et Steven ont accepté de répondre à mes questions alors qu’ils se préparaient à investir la scène de la Loupika, le 3 juillet dernier…
Interview
Quatre d’entre vous sortent du groupe Fasteria. Comment s’est monté le projet ANNA ?
Amaury : Des différends musicaux et humains ont provoqué le split du groupe. Ensuite, on s’est dit qu’il y avait quand même quelque chose à faire. On a réfléchi à 4 : Matt, Edge (Anthony), Thierry et moi, et on s’est demandé : « On repart à 4 ou à 5 ? » On a tranché et décidé qu’on repartait à 5. C’est là qu’on a découvert le fameux Steven qui était ingé son de Titans Fall Harder, de bons copains. Il nous a proposé son aide à ce moment-là.
Steven : J’ai postulé direct ! Trop chaud ! J’avais adoré Fasteria les fois où je les ai vus à Grenoble. J’avais suivi la montée du projet… Je suis tout de suite venu à la rescousse. *rires*
Musique…
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour l’écriture et la composition de Vicious Circle ?
Amaury : C’est ce qui découle de Fasteria.
Steven : On s’est donné une deadline, le défi de compléter un EP en un an environ. On a commencé à travailler dessus à l’hiver 2017…
Amaury : 2018…
Steven : 2018, pardon. Ouais, je confonds les années. On s’est dit : « On sort ça à l’hiver 2019 ! » Trop trop chauds ! Ça a pris à peu près ce temps pour écrire, enregistrer et produire. On a été obligé d’écrire assez vite, de ne pas bosser sur 36 000 sons et de peaufiner la qualité du matériel qu’on avait déjà. L’incorporation de nouvelles influences a été spontané, c’était super frais !
Amaury : C’est-à-dire qu’on a monté un groupe… On a même pas eu besoin de se demander quel style on allait jouer ! On sortait de Fasteria à l’époque, on allait faire du metal, c’est clair !
Steven : Y a un bagage mais c’est complètement libre. C’était notre interprétation du moment, ce qu’on écoutait à ce moment-là… Ça se retrouve vraiment sur l’EP.
… et visuels
J’ai constaté dès le teasing de votre premier clip que vous attachez une certaine importance à vos visuels. Pourquoi et comment se déroule la réflexion autour de ça ?
Amaury : 50 % visuel, 50 % musique !
Steven : Ouais, c’est super important pour nous.
Amaury : Maintenant, l’image et la musique sont liées. C’est compliqué, dans un style comme celui-là, de s’en détacher. Mais c’est ce qui marque le plus ! Les gens retiennent aussi le clip qu’on a sorti. « Votre clip est trop bien ! » Et la musique vient aussi après. C’est un tout ! On ne pouvait pas passer à côté de ça, on a poussé le vice là-dessus. Actuellement, ça marche que sur les réseaux sociaux donc quand on publie, on met forcément une photo avec. On ne poste jamais une publication sans rien.
Steven : Ouais, c’est ça. Le spectateur va être autant amené aux concerts par les visuels sur Facebook que par le concert auquel il a déjà assisté. Tout doit être cohérent et marcher dans la même direction.
Amaury : Et puis il y a un univers, juste au niveau du nom. ANNA, c’est compliqué à porter. Il y a une imagerie qu’on ne peut pas négliger. On s’appelle pas « ANNA » pour rien, c’est pour ça qu’on a voulu centrer nos visuels sur ce nom.
ANNA
D’ailleurs, pourquoi ce nom de groupe ?
Amaury : On l’a choisi comme un nom que l’on pourrait donner à un enfant. *rires*
Steven : Ouais, c’est presque ça !
Amaury : On l’a choisi à 5 : « Comment on appelle notre bébé ? » On ne voulait pas lui donner un nom masculin car on estimait qu’on était pas violents non plus.
Steven : On voulait quelque chose qui sorte du cliché metal, metalcore. Un truc très simple, très visuel, symétrique. Il y a un contraste très féminin, très sensuel.
Amaury : En même temps, c’est violent, ça balance entre les deux… On est aussi partis dessus par hasard car on a regardé le film Martyrs dans lequel le personnage principal s’appelle Anna. C’est très violent, c’est une personne très complexe.
Steven : Il y a eu ce moment où ça a claqué, c’était ça. Il fallait qu’on s’appelle comme ça.
Réflexion et goûts musicaux
Quel regard portez-vous sur l’actualité musicale aujourd’hui ?
Steven (ironique) : Je suis émerveillé par ce qui sort en ce moment. Elle est difficile cette question… Aujourd’hui, tout le monde écoute beaucoup de styles. Ce que j’aime bien dans la scène musicale actuelle, c’est que tout se mélange, pour le meilleur et pour le pire.
Amaury : J’ai du mal à m’y retrouver, niveau metal. T’écoutes un morceau d’un groupe, t’en écoutes un autre, t’as l’impression que c’est le même groupe. Je trouve qu’il y a un effet de mode… Il y a tellement, tellement de groupes qui sonnent de la même manière que je ne m’y retrouve pas. Avec l’arrivée du streaming, Spotify, la manière dont on écoute de la musique aujourd’hui, c’est-à-dire par playlist, tu fais autre chose en écoutant un morceau, tu te dis qu’il est bien mais tu regardes même pas le nom du groupe.
Steven : T’es obligé d’aller voir ailleurs…
Amaury : T’es obligé d’aller voir ailleurs et t’as plus le CD… Tu rentres, tu sais ce que tu vas écouter. T’as les titres des morceaux que tu regardes en même temps. C’est plus du tout la même façon de faire.
Steven : Oui, tu te laisses guider. Tu te perds un peu sur le net et c’est assez inspirant.
Amaury : Ouais, c’est inspirant comme ça peut être aussi hyper vertigineux. T’écoutes des choses en te demandant : « Mais je suis où, là ? » C’est compliqué de faire la part des choses.
Si vous ne pouviez collaborer qu’avec un seul artiste dans toute votre carrière, qui choisiriez-vous ?
Amaury : Hans Zimmer !
Steven : Va pour Hans Zimmer !
Amaury : Hans Zimmer ou alors un 2Pac, s’il était vivant, ça aurait été très très bon !
Et maintenant ?
Vos récents coups de coeur musicaux
Amaury : Tyler, The Creator. C’est trop bien ! Hyper éclectique, franchement… Comme je disais tout à l’heure, j’écoute plus trop de metal. C’est aussi une source d’inspiration pour nous. J’écoute un peu d’electro, beaucoup de pop, de rock.
Steven : J’écoute pas mal de metal. Le dernier Periphery, IV : HAIL STAN, qui m’a donné une leçon. Je trouve leur parcours intéressant car il s’écarte de leur style initial, le djent. Là, on pourrait dire que c’est un groupe de metal, de prog… Eux aussi sont dans un mélange des styles qui devient mature et à s’éloigner des stéréotypes du metalcore années 2010.
Amaury : Je suis allé voir Slipknot il y a un jour ! Là, je me suis pris une claque !
What’s next ?
Amaury : On va s’enterrer un peu cet été car on a sorti l’EP avant les vacances. On a pas eu l’occasion de le développer à fond avec des chroniques, des interviews… Donc on va profiter de ce temps pour réfléchir au développement du projet et ressortir avec de belles dates à la rentrée, peut-être une tournée locale… On va se concentrer sur l’organisation interne.
En plus d’être archi dégoûtée de n’avoir pu assister au concert ce jour-là, je le suis également de n’avoir pu masquer, supprimer ce vent sur la vidéo. J’ai manqué (beaucoup) trop d’occasions de voir le groupe sur scène, la prochaine fois, je l’espère, sera la bonne !