bror gunnar jansson

C’est par une journée d’été que je découvre Bror Gunnar Jansson, musicien en chaussettes, chantant dans la rue une version d’Ain’t No Grave, originalement chantée par Claude Ely. Guitare, batterie artisanale, il en impose dès les premières secondes. Tellement prenant ! Tellement, que je m’empresse d’en découvrir plus sur lui, ses origines, ses inspirations, sa musique.

Il fait l’objet de l’émission ALBUM DE LA SEMAINE de Canal +, diffusée le 12 juillet dernier, où il dévoile un talent qui me laisse une nouvelle fois sans voix.

Interview avec un musicien suédois dont la voix si particulière nous pousserait à croire qu’il nous vient du Far West

Ses débuts en tant que musicien et ses inspirations.
La musique a toujours fait partie de ma famille, pendant des générations. Mon arrière-grand-père jouait de l’accordéon, ses 7 fils aussi. Mon père était donc supposé savoir en jouer, mais il a choisi la contrebasse. A mon tour, j’ai commencé le violoncelle, puis le saxophone, la basse électrique et finalement la guitare, le chant et plus tard, du « foot drums ».

foot drums

Bien sûr, quelques unes de mes plus grandes inspirations viennent de ma famille et de mes amis. De super histoires que j’ai entendues, certaines ayant un rapport avec ma ville natale, Lerum (en périphérie de Göteborg, la seconde plus grande ville de Suède). De grands réalisateurs aussi, comme Lynch, Gilliam, Jarmusch, etc. Et bien sûr, d’autres groupes et musiciens, comme Charley Patton, Vera Hall, Staple Singers, C.W. Stoneking, Tom Waits, Muddy Waters, etc.

Vous aviez déclaré, lors d’une Interview au journal Libération, que lorsque vous étiez jeune, vous cherchiez de vieux enregistrements de blues, mais que vous aviez dû vous arrêter aux années 1920 car les enregistrements n’étaient pas assez nombreux.
Lorsque j’ai (re)découvert l’histoire de la musique folk américaine, je jouais et écrivais déjà des chansons, cependant selon une manière différente de maintenant. Pour moi, écrire des chansons et les jouer a été important longtemps avant que je sache que j’allais démarrer un « one-man-band ».

A propos de Göteborg.
Je dirais que le public de Göteborg est comme un autre, il y a aussi bien de bons côtés que de mauvais. En grandissant, j’ai passé beaucoup de temps au club de jazz local, le Nefertiti. Je ne sais même pas à combien de concerts j’ai assisté, que ce soit des musiciens de Göteborg ou des inconnus, autant que des stars internationales. La musique et l’ambiance au Nefertiti ont eu une grosse influence sur moi, en tant qu’artiste et être humain.

Comment Bror Gunnar Jansson travaille, sa manière d’écrire, de composer et d’enregistrer.
Lorsque j’écris de la musique, je ne sais pas quel genre de composition ce sera, au départ. La plupart du temps, ça commence avec un passage ou un riff, après, j’essaye de travailler avec cette idée et en tire le plus de choses possible. Quand elle commence à se concrétiser, c’est très important pour moi que je commence à écrire les paroles et la musique en même temps, si c’est une chanson dont je juge qu’elle ait besoin de paroles. Si je n’écris pas les deux parties en même temps, il est presque impossible pour moi de poser des mots sur cette mélodie.

Beaucoup d’entre elles me viennent lorsque je suis occupé à faire autre chose, comme me déplacer en train ou faire les courses, et quand cela m’arrive, je trouve ça génial d’avoir un téléphone avec une application d’enregistrement. Mon téléphone est rempli de tout ça : du plus petit passage aux chansons complètes, ou des versions différentes de chansons. Ensuite, quand le morceau est prêt, je choisis en fonction de l’idée qu’il dégage, de l’instrumentalisation, etc, pour lequel de mes projets je vais l’utiliser.

Albums

Je dirais qu’il y a une assez grande différence entre mon premier album solo et le dernier, Moan Snake Moan. J’ai sorti un EP de quatre chansons entre ces deux albums sur vinyle et en ai vendu seulement 49 copies.

Mon premier album solo, éponyme, a été enregistré en live avec deux instruments additionnels : un « hand clap » et quelques cymbales. Je chantais, jouais de la guitare et de la batterie, bien qu’il ait été produit dans un studio où l’on a utilisé 15 pistes par chanson.

Moan Snake Moan était, quant à lui, un plus grand projet : quelques chansons, comme Butch et William Is Back, contiennent plus de 30 pistes. Plus de gens ont été impliqués, j’ai utilisé plus de gros sons et d’expressions. C’est peut-être pour cela que pendant que je travaillais sur Moan Snake Moan, j’ai pris le temps d’enregistrer cet EP avant un concert, en utilisant un micro, directement sur un enregistreur cassette des années 30.

J’ai commencé à travailler sur ce disque (si tu ne comptes pas la phase d’écriture) à partir de Noël 2013, et l’ai terminé en avril ou mai 2014. Le titre de l’album est aussi le titre d’une chanson présente dessus : Moan Snake Moan Pt. I – Rattlesnake. Cette chanson et son titre font allusion à Black Snake Blues de Clifton Chenier.

Anecdotes

Je suis désolé de dire que je ne pense pas avoir d’anecdotes intéressantes sur la création de cet album. Il a failli ne jamais voir le jour, et ça a été une grosse épreuve que de le créer. Principalement une lutte artistique, dans ma tête. Mais je suis vraiment heureux d’avoir été capable de le faire, grâce à mes amis qui m’ont aidé (Kristin, Christoffer, Anton, Nicolas, Emanuel, Feni, Emma, Johan x 2, Max, David).

C’est une chose intéressante, la vie en tournée, jouer des concerts, car dans un sens, tous les concerts sont les mêmes, mais chaque show, chaque salle, chaque personne que tu rencontres est unique.

Industrie musicale

Je dirais que le plus gros problème avec l’industrie musicale, c’est que c’est une industrie, et que cela a pour conséquence que tout se concentre autour de l’argent, et non l’art.