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Après plusieurs mois passés à encenser ce groupe, à réprimer mon impatience après avoir écouté Eternal Blue, j’ai pu laisser s’exprimer ma passion vendredi dernier, jour de la sortie du premier album de Spiritbox.

Et comme mon karma a été fortement amélioré ces derniers temps, j’ai eu la chance d’avoir une interview avec Courtney LaPlante. J’aurais adoré pouvoir discuter avec elle face à face car c’est une personne tellement intéressante et intelligente que j’aurais sans doute eu des tas d’autres questions à lui poser sur le moment. Mais en attendant, voici les quelques questions auxquelles elle a eu l’amabilité de répondre…

Interview disponible en français et en anglais. Scroll down to read the full interview in English.

Interview

Quelles ont été les différences entre votre travail sur le premier EP éponyme et Eternal Blue ?

Qu’est-ce qui vous a inspiré sur cet album ?

La plus grosse différence est que pendant l’écriture de cet EP, on travaillait à temps plein et plus à côté et on enregistrait les week-ends. Aucun label ne s’intéressait à notre musique non plus. On a tout fait par nous-mêmes.

Pour Eternal Blue, on a pu passer 24/7 à enregistrer avec notre producteur, Daniel Braunstein, pendant tout un mois. Et l’album sort sur un label.

Nos inspirations sont restées les mêmes. On a une meilleur compréhension de l’écriture de chansons et du concept d’identité.

En lisant les paroles, et d’après mon interprétation, les thèmes tournent autour de la mort, du sacré et des relations dévouées et parfois destructrices… Elles sont très belles et pleines de métaphores, et pour ça, félicitations et bravo !

Merci !

« On espère que grâce à cet album, les auditeurs auront une idée plus concrète de ce que nous sommes, musicalement. »

Quelles ont été les émotions les plus vives durant l’écriture ?

Cet album est ‘lourd’, émotionnellement et musicalement car toutes les émotions qui me pesaient ont bouillonné en moi pendant le process d’écriture.

Quelles sont les influences que chacun de vous apporte dans votre musique ?

On est très inspiré par des groupes fluides dans leur style : des groupes comme TesseracTThe Contorsionist et Deftones.

Quel est votre objectif avec Eternal Blue ?

Cet album est notre premier. On espère donc que grâce à lui, les auditeurs auront une idée plus concrète de ce que nous sommes, musicalement. C’est la première fois que nos fans nous écoutent avec un album plutôt que par plusieurs bouchées sous forme de singles.

Quel est votre souvenir le plus marquant ?

Le moment où notre tournée européenne a dû être annulée l’année dernière (notre première) sera gravé dans mon cerveau jusque’à ce que l’on puisse en terminer une. On a réessayé cette année, et encore une fois, elle a été annulée. Cela me fait dire et croire que l’on peut faire face aux épreuves que l’on rencontre et retomber sur nos pieds.

« On espère que grâce à cet album, les auditeurs auront une idée plus concrète de ce que nous sommes, musicalement. »

Que penses-tu de l’industrie musicale actuelle ?

Ce que j’en pense ? Je ne peux vraiment que parler en mon expérience dans le monde du metal. Je pense que nous sommes tous vraiment sous-éduqués quant au fonctionnement de l’industrie, et les groupes se sous-estiment pour obtenir validation et un contrat chez un label.

J’ai vite adopté la consommation de musique en streaming car ça a été la seule façon pour moi d’être exposée au genre qui me plaisait et que j’ai fini par jouer.

Je pense aussi que la relation « parasociale »* artiste – fan est plus dangereuse et accessible que jamais. On doit tous se protéger des musiciens qui s’attaquent aux fans bien intentionnés pour leur propre intérêt. Une célébrité avec une pastille bleue à côté de son pseudo peut aussi être un loser qui ne peut pas garder un boulot stable et vivre dans le garage de sa mère, tout en jouant dans un groupe metalcore de merde. On a besoin de plus de transparence pour que ces gens aient moins de pouvoir sur leurs fans.

* L’expression « relation parasociale » réfère à une relation psychologique vécue par les membres d’un public avec des artistes et des personnages dans les médias et les arts (talk-shows, cinéma, littérature, musique…) – source psychomedia.qc.ca

Tu en as beaucoup parlé dans ta série de podcasts Good For A Girl, mais si tu devais travailler avec un artiste, qui choisirais-tu ?

Il y en a tellement à choisir ! Je veux juste apprendre de tous ceux qui m’inspirent. Je veux apprendre autant que possible de leur travail. Hayley Williams, ce serait génial.

Qui sont tes artistes favoris du moment ?

PinkPantheress est mon obsession récente. J’aime beaucoup FKA Twigs, Megan Thee Stallion et j’aime toujours autant Loathe que lorsque j’ai écouté leur dernier album l’année dernière.

« N’ayez pas peur de dire ‘non’. »

Dans le premier épisode de Good For A Girl, tu as beaucoup discuté de la scène metal canadienne avec Caity Babs de SiriusXM Octane. Pourrais-tu m’en dire plus à ce sujet, par exemple une anecdote ou n’importe quoi qui te vienne à l’esprit ?

Je ne peux parler que pour ma scène locale, mais c’était tout un tas de groupes qui ne jouaient pas tout le temps le même genre de musique. On était des idiots qui n’avaient jamais eu affaire à des groupes professionnels avec qui partager l’affiche car nous vivions sur une île (ndlr : Spiritbox est originaire de l’île de Vancouver, au Canada). Personne ou presque de notre scène n’est allé là-bas. Ça peut donner un son vraiment intéressant !

Dans le troisième épisode, tu as mentionné l’utilisation de la technologie dans la musique et comment cela peut affecter la production à travers les années. A quel point Spiritbox compte sur la technologie pour sa musique ?

Nous existons grâce à la technologie récente. Michael et moi devions écrire, enregistrer le plus gros et créer les visuels en mode DIY. Toutes les batteries sont des fichiers MIDI, les instruments supplémentaires sont des fichiers MIDI aussi. Sans ça, on en serait pas au point où l’on peut se permettre de travailler avec des gens talentueux, des professionnels, et les payer en accord avec leur valeur.

Quelle est la leçon que tu retiens de cette expérience ?

Se fier à son instinct et ne pas s’entourer de gens anciens, en décalage dans ton équipe. N’aie pas peur de dire ‘non’.

« Ne t’inquiète pas de ce que les gens cools pensent de toi. »

Comme tu demandes aux invités à chaque fin de podcast, y a-t-il quelque chose que tu voudrais ajouter ? Un conseil à donner aux jeunes gens voulant se lancer dans l’industrie musicale ?

Apprends autant que tu le peux sur l’industrie musicale et fais ce qu’il faut pour ça : fais des stages, lave le sol à un studio, fais quelque chose qui te rende capable de t’armer de connaissances pour que tu prennes les bonnes décisions pour ton art, pour que personne ne profite de toi.

Ne t’inquiète pas de ce que les gens cools du coin pensent de toi. Ne t’inquiète pas de savoir qui est le groupe local le plus cool, ne tombe pas dans ce piège. Joue la musique que tu aimes, pratique, et entoure-toi de gens qui partagent la même vision. Ne laisse pas non plus les limites géographiques être un obstacle à tes collaborations.

What’s next pour Spiritbox ?

On veut partager avec nos fans en live et apprendre des meilleurs groupes au monde en assurant leur première partie !

Interview - English version

After several months spent trying to hold back my hype for this band, I have finally been able to let go off my passion recently. On Friday, Spiritbox released their debut Eternal Blue via Rise Records.

I was lucky enough to get an interview with Courtney LaPlante. I would have loved to meet her ‘IRL’ as she sounds so smart and interesting that I might have gotten plenty other questions to ask her. While I’m waiting for this blessed moment, let’s read her answers to some questions…

What were the differences between working on your first self-titled EP and Eternal BlueWhat inspired you this time ?

Well the biggest difference is during the writing of that EP, we were working overtime at our jobs and recording on the weekends, and then no labels cared about releasing it for us. We did it on our own.

This time, we were able to spend 24/7 recording this thing with our producer for a full month, and it’s being released by a label.

Our inspirations have stayed the same, just with a better understanding of song writing, and identity.

Reading the lyrics, from what I understand the themes are about death, sacred, destructive and devoted relationships… The lyrics are full of metaphors and so beautiful ! For this, congratulations and well done !

Thank you!

« This album is our debut, so with it we hope listeners can get a better understanding of who we are, sonically. »

What were the emotions that kept on coming up throughout the writing ? What are the influences brought by any of you into your music ?
What is it you guys would like to achieve with this record ?

This album feels “heavy”, emotionally and musically so all those emotions that weigh me down bubbled up during the writing process.

We are very inspired by bands that have fluidity in their music. Bands like TesseracT, The Contortionist and Deftones.

This album is our debut, so with it we hope listeners can get a better understanding of who we are, sonically. It’s the first time for most listeners to ever consume our music as a full body of work instead of bite sized singles.

What is your most striking memory ?

The moment our Europe tour was cancelled last year (our first time touring) will be engraved into my brain until we can finally complete a tour. We tried again this year and again it was cancelled. It did cement to me that we can handle any adversity thrown our way and lane on our feet.

« I have always embraced the streaming consumption of music, as it is the only way I would ever have been exposed to the kind of music that I ended up wanting to play myself. »

What are your thoughts on the global music industry ?

My thoughts? I can really only speak to my experience in the metal world. My thoughts are that we are all grossly undereducated about how the music industry works, and metal acts sell themselves short for the validation of a record deal.

I have always embraced the streaming consumption of music, as it is the only way I would ever have been exposed to the kind of music that I ended up wanting to play myself.

I also feel like the parasocial relationship between artist and fan is even more dangerous and accessible than ever. We all need to protect ourselves from musicians that prey on well meaning fans for their own gains. Just because someone has a blue check mark next to their name doesn’t mean they are not a loser who can’t keep a steady job living in their moms garage all in the name of playing breakdowns in a shitty metalcore band. We need more transparency so these people don’t have so much power over their fans.

I know you talked about it multiple times in your podcasts but if you would choose one artist to work with, who would you choose ?

There are too many to chose from ! I just want to learn from all the amazing artists that inspire me. I want to learn as much as I can from their hard work. Hayley Williams is a great one.

Who are your current favorite artists ?

PinkPantheress is my latest obsession. I love FKA Twigs always, Megan Thee Stallion, and I still love Loathe just as much as when I first heard their newest album last year.

« I have always embraced the streaming consumption of music, as it is the only way I would ever have been exposed to the kind of music that I ended up wanting to play myself. »

In the first episode of Good For A Girl you talked a lot about the Canadian scene with Caity Babs (host @ SiriusXM Octane). 
Could you tell me a bit about it ? Like a memory or anything that comes to your mind.

I can only speak for my local scene, but it was a big mix of bands who didn’t necessarily stick to playing with their own genres. We were all a bunch of idiots who never got exposed to professional bands playing shows with us because we live on an island. No one really ever came here from our scene. That can lead to a very interesting sound!

In the third one (with Francesca Caldara), you mentioned technology in music and how it can affect production throughout the years. How much does Spiritbox rely on technology ?

We exist only because of the latest technology. Michael and I had to write on our own, record most stuff on our own and create visuals in a mostly DIY fashion. All the drums are MIDI, all the extra instruments are MIDI. Without this we wouldn’t be able to get to the point where we can afford to work with other talented people and compensate them what they are actually worth.

What is the most important lesson you have learned ?

To trust your gut and to not surround yourself with old dusty crusty out of touch people on your team. Be comfortable saying “no”.

« Don’t worry about what the local cool guys think about you. »

Like you ask your guests at the end of your podcast, is there anything you would like to add ? Any advice you would give to young people starting out in the music industry ?

Learn as much as you can about the music industry and do whatever you can to learn : become and intern, sweep the floor at a studio, do something to be able to arm yourself with knowledge so that you can make good decisions for your art and not get taken advantage of.

Don’t worry about what the local cool guys think about you. Don’t concern yourself with who is the coolest band in your town, don’t cater to that. Just make music you love and try and surround yourself with like-minded people. Don’t let geography limit who you work with.

What’s next for Spiritbox ?

We want to connect with our fans in a live setting and learn from the best bands in the world by opening for them!

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