Vous vous distinguez des autres groupes français de musique actuelle par une certaine diversité dans les instruments que vous utilisez.

Tout d’abord merci pour cette remarque… Oui, la mixité de mon projet est l’essence même de mon processus créatif. C’est avant tout dû à mes nombreuses expériences musicales ; j’ai toujours été en contact avec la musique classique, puis le jazz, en passant par le blues, la folk et la musique traditionnelle.

Grand cinéphile, j’ai eu très tôt l’envie de raconter des histoires à travers ma musique et mes textes. En cela, la musique dite « de film » a également fait partie de ce mélange.

Pour ce qui est de la diversité des instruments, cela vient du fait que j’aime essayer des associations auxquelles on ne s’attend pas forcément, j’essaye toujours beaucoup de choses avant de m’arrêter à un choix instrumental précis.

Comment vous est venue cette idée de mélanger tous ces styles ?

Ce « mélange » vient de tout ce qui m’a influencé étant petit. Dans ma famille, on écoutait de tout. De plus, mon grand-père jouait de l’harmonica, de l’orgue et de l’accordéon. Mon arrière-grand-mère, du piano. J’ai un parrain irlandais qui m’a fait découvrir la musique irlandaise, mon ex-beau-père, le jazz.

Toutes mes influences viennent de ma famille… Je suis content quand on relève ça, ça prouve que je suis resté fidèle à moi-même et à mes amours de jeunesse.

Quels ont été les événements et les rencontres les plus marquants de la vie du groupe ?

Le moment assez marquant, pour ma part en studio, a été lors d’une séance au Studio Ferber pour l’enregistrement de l’un de mes titres, Truck’s Lights.

J’ai pu engager des musiciens de l’orchestre de la Grande Armée et de l’Opéra de Paris, qui sont venus enregistrer grâce à mon ami Thibaut Mortegoute (tromboniste studio, Woodkid).

Ça a été une journée parfaite, et il y a eu un moment magique : dès les premières mesures de la première prise, j’ai pris conscience que mon pari était le bon, et que mes efforts étaient enfin récompensés. J’ai aussi pris conscience de mon ambition, j’étais très ému que des musiciens d’un tel talent puissent jouer pour moi, fierté qui est identique avec mes musiciens live.

Pour ce qui est de la rencontre la plus marquante, c’est celle de mes débuts, lorsque j’étais encore seul. J’ai eu l’occasion d’être repéré par Alex Finkin (membre du collectif Roseaux et réalisateur chez Universal / Interscope / Geffen pour Aloe Blacc).

Il était à l’époque directeur musical de HAIR, dans lequel je jouais. Il m’a tout de suite proposé de m’accueillir au Minimal Studio, situé dans le 14ème, pour arranger et réaliser mes chansons. On a rarement été aussi généreux avec moi, et depuis deux ans, notre collaboration nous a amenée à devenir de grands amis.

deer groupe studio

Pourquoi avoir choisi le nom DEER pour votre groupe ?


Le nom DEER vient de mon amour pour la nature. J’ai grandi à la campagne. Je cherchais aussi un symbole qui corresponde au renouveau car il est dans beaucoup de cultures « messager de temps meilleurs. ».

Je viens d’avoir trente ans et j’ai eu le sentiment de devoir changer, de me lancer un nouveau défi. Ce symbole me correspondait bien. Quelques jours après avoir déposé le nom « DEER » j’ai découvert par hasard que mon signe du « totem » (zodiaque amérindien) était le cerf. Mon choix devait être le bon 😉

Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?

Nick Drake et tous ses albums ont été une grande révélation pour moi. Eddie Vedder aussi, par rapport à son univers et sa grande capacité à raconter des histoires. Plus petit, les musique d’Ennio Morricone me faisaient rêver à l’Ouest sauvage, et ça me suit encore aujourd’hui avec Pura Fé et la musique traditionnelle amérindienne.

Mais là où je m’imprègne le plus dans l’écriture de mes textes, c’est dans ma famille. Je n’ai jamais eu de cesse d’observer, de me confronter à ma famille, dans le bon sens du terme, et on le retrouve dans mes chansons. Je pense aussi que la nature m’inspire énormément.

Dans quel état d’esprit préférez-vous écrire vos textes et composer vos chansons ?

Dès que je le peux, je pars en voyage pour fuir la ville, et je prends une semaine tout seul dans le Sud (d’où je viens), ou plus loin. Par exemple, là, je reviens de Los Angeles où j’ai écrit de nouvelles chansons, et d’où j’ai rapporté de nouveaux instruments. J’ai juste besoin d’être loin de chez moi et de casser mes habitudes.

J’essaye toujours de recréer, une fois de retour, ce que j’ai ressenti pendant ces voyages. Là, j’ai eu le plaisir de jouer avec des musiciens de Bluegrass d’Austin, en voyage sur Paris, qui eux venaient écrire leur 2ème album. L’échange entre nos pèlerinages respectifs nous a fait réaliser que nous avions la même méthode d’écriture au travers du voyage.

Etes-vous à la recherche d’un label pour enregistrer votre premier EP ?

Non, j’ai préféré faire ça par mes propres moyens, ainsi que pour la production des premiers lives. Je m’autoproduis moi-même depuis le début. Je suis comédien également, et j’ai réussi à financer mon EP par le biais de mes cachets en tant qu’acteur.

Mais je n’aurais pas réussi à réaliser ce projet sans l’aide d’Alex Finkin, du Minimal Studio avec qui j’ai collaboré depuis le début, et sans le soutien de mes musiciens et de ma famille. Il va sans dire que mon ambition est très forte et que je cherche avant tout un tourneur et oui, un label, mais pour produire mes concerts et mon premier album.

Comment se passent ces recherches ?

J’ai constitué une équipe d’une vingtaine de personnes autour du projet et je viens de finaliser un dossier presse bien étudié avec ma graphiste Marine Debeney, qui est là depuis le début.

Je collabore également avec D&M Music Management, qui me représente. Je vais l’envoyer à plein de labels et éditeurs susceptibles d’adhérer au projet une fois l’EP mixé afin de le distribuer dans les meilleurs conditions. Je peux compter sur le soutien de mes musiciens qui, dans leur grande générosité, me font profiter de leur réseau très riche.

Quand comptez-vous sortir votre EP ?

Dès que nous serons sortis du mix de l’EP, je pourrais me prononcer, mais on pense d’ici deux mois maximum.

Avez-vous une ou plusieurs exclus ?

Je reviens des Etats-Unis où l’on a tourné mes deux premiers clips coproduits avec Katya Mokolo et Thibaut Buccellato, qui travaillent tous les deux chez les télécréateurs.

J’ai passé 15 jours intenses, et nous rentrons en séance de montage très bientôt. On sortira le premier clip d’ici un mois. On a plusieurs dates en cours de signature, vous pourrez les retrouver sur la page Facebook.

Que pensez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui ?


L’industrie musicale se porte mal, c’est un fait. Je suis ravi de voir autant de monde acheter des vinyles, c’est un signe évident que les gens sont nostalgiques d’une certaine musique d’antan qui leur parle plus que celle d’aujourd’hui.

La musique populaire n’a plus le même sens, elle table sur l’image avant tout, et non plus sur le sens des paroles. Il y a de par le téléchargement illégal un renversement évident de consommation qui fait que nous nous devons, en tant qu’artiste, de développer nos lives le plus possible. C’est en venant aux concerts que les gens pourront vraiment faire leur choix. À nous de leur faire découvrir notre univers. À l’heure des clips et de l’image omnipotente, la scène retrouve ses droits. Je trouve ça super pour les années qui arrivent.

Si vous aviez le pouvoir d’y changer quelque chose, le feriez-vous ? Si oui, quoi ?

Je n’ai pas cette prétention, mais je crois qu’on ferait mieux de faire le maximum de collaborations entre artistes, que ce soit sous forme de multi concert, featuring ou troc artistique… Le nombre fait la force ! Je n’ai eu de cesse d’appliquer cet état d’esprit fédérateur sur ce projet et jusqu’ici, ça nous a réussi…

Y a-t-il un artiste et/ou un disque qui ait changé votre vie ?

Nick Drake et son album Pink Moon.

Avez-vous déjà ressenti quelque chose de fort lors d’un concert ?

Pendant un concert de Brad Meldhau, je suis jamais passé par autant d’états en même temps. C’était sur Exit Music For A Film qu’il avait réarrangé en piano solo. J’ai compris viscéralement pourquoi je voulais faire de la musique, et cette musique a fait écho à des sentiments enfouis en moi depuis longtemps. Je vous le conseille si vous aimez Radiohead, déjà, c’est un super arrangement.

Quel(s) artiste(s) voudriez-vous voir en concert ?


J’ai très envie de voir Pura Fé And The Deer Clean Singers, Eddie Vedder, et Chris Thile.

Si vous ne pouviez collaborer qu’avec un seul artiste, lequel choisiriez-vous ?

Pura Fé.

What’s next ?

Nous venons d’accueillir une nouvelle artiste dans le groupe, Marion Elan Trigo, qui est violoncelliste. On bosse avec elle sur les nouveaux arrangements « cordes » avec Yoann Godefroy (contrebassiste), Laurent Delahaye (flûtiste) et Brislee Adams (guitariste).

Je prépare également une série de photos pour le booklet de l’EP que je vais réaliser dans diverses forêts du monde, et qui seront présentes sur nos prochains « concerts expos ».

Puis, comme je vous l’ai dit, la sortie de l’EP et les clips arrivent dans les mois qui suivent alors tenez-vous prêts !

DEER live