Diamond Fizz, c’est un quatuor parisien d’indie rock. C’est énergique, c’est « rageux » (si je puis dire), ce sont des gars qui s’éclatent dans ce qu’ils font, et ils le font bien. Autant influencés par la scène rock actuelle que par la musique alternative des années 90, les jeunes, âgés de 21 ans en moyenne, remportent cette année le prix Artiste Eurêka, accompagné par File 7 et Les Cuizines.
Pourquoi avoir choisi « Diamond Fizz » pour votre nom de groupe ?
Chris (batterie) : Tout est parti d’un cours de physique. Sur l’un des murs de la classe, il y avait le tableau périodique des éléments. Sauf que là, les éléments chimiques étaient remplacés par des cocktails. Au lieu de travailler, on s’est mis à la recherche d’un nom pour le groupe. On s’est arrêté sur Diamond Fizz parce que ça sonnait bien. Et on a arrêté la physique après parce que c’était pas notre truc !
Quelle vision avez-vous de votre groupe ?
Chris : C’est avant tout une énorme aventure ! Notre objectif, c’est de transmettre aux autres, de partager. On est là, on fait notre taff et notre but est de rassembler un maximum de personnes ! Pour y parvenir, il y a du travail et beaucoup d’investissement personnel.
Comment vous définiriez-vous par rapport aux autres groupes de rock indie français ?
Chris : Au final, on n’est pas si différent des autres groupes, même si nos chemins et nos choix diffèrent. On côtoie pas mal de formations de la scène indé et on remarque qu’on partage les mêmes choses, ce qui ne signifie pas que tous les groupes sont identiques. On puise notre inspiration dans un même éventail de groupes, nos logiques de développement se ressemblent et surtout on se rend compte que c’est bien difficile d’exister en France !
Quels ont été les rencontres et les événements les plus importants, depuis la fondation de Diamond Fizz ?
Chris : Je mets ça dans le désordre pour ne pas faire de jaloux. L’une des rencontres les plus importantes finalement, c’est celle de Dylan, notre chanteur. Il est arrivé en 2013, et depuis, Diamond Fizz a pris une autre envergure. Il y a évidemment Myriam Eddaïra, du Studio d’Ikken, qui a réalisé notre EP Waves / Erased. Elle nous transmet toute sa connaissance et n’hésite pas à nous rappeler à l’ordre ! Il y a aussi Pierre, notre régisseur son, qui nous supporte sur la route ! Au-delà du niveau musical, les gens nous font souvent remarquer la qualité de notre son en live. Il y est pour beaucoup ! On l’a rencontré lors d’une première partie aux Cuizines, une salle de Chelles, en Seine-et-Marne, qui nous soutient énormément ! C’est le cas aussi de File 7, une smac* (salle de musiques actuelles) du département. Dans le 77, on est bien loti et on ne s’en plaint pas ! J’oublie plein de travailleurs de l’ombre qui nous suivent au quotidien !
Vous sortez un premier EP en 2011, intitulé The Lenience. Le dernier vient tout juste de sortir. Comment vivez-vous cette évolution, tant au niveau musical que personnel ?
Chris : Il y a un avant et un après, c’est comme ça que je résume la chose. La période avant 2013, et donc l’EP The Lenience, c’est un autre groupe. Bien qu’on ait conservé le nom, on est reparti de zéro. En quatre ans, on a beaucoup évolué, nos goûts musicaux avec, et de nouvelles personnes se sont greffées au projet. Forcément, ce qu’on fait aujourd’hui, cela nous ressemble plus, c’est plus abouti. On a créé du « Diamond Fizz » en y injectant nos différents influences. C’est un constat simpliste mais on a le mérite de le réaliser. Et puis, on s’implique beaucoup plus dans ce projet. L’EP, c’est un an de travail entre le moment où on décide de le faire et sa sortie. Pendant ce laps de temps, il faut s’occuper du studio et tout ce qu’il y a autour (clips, tournée, graphisme, …). Tout ça, on l’avait élaboré à moindre mesure en 2011. On a engrangé de l’expérience et ce n’est pas terminé !
De quoi vous inspirez-vous lorsque vous écrivez et composez votre musique ?
Chris : La base de chaque composition ou de tout texte provient de nos expériences personnelles. La musique est un moyen de retranscrire ce qu’on ressent. Chaque personne qui écoute nos musiques peut se les approprier librement.
Quel regard portez-vous sur l’actualité musicale aujourd’hui ?
Chris : Il faut faire le tri et aller chercher la musique qu’on apprécie ! En France, on se focalise sur un nombre restreint de styles et le reste demeure à l’ombre. Cela donne une image faussée de ce qu’est le monde de la musique et c’est regrettable. Heureusement que des webzines existent pour promouvoir toutes ces scènes. La France regorge de talents mais on n’a pas la culture ni la mentalité afin de les faire éclore et on se farcit toujours les mêmes trucs dans les médias.
Y a-t-il un artiste et/ou un album qui vous ait donné envie d’être musiciens ?
Chris :Meteora de Linkin Park a changé un truc dans ma perception de la musique, c’est sûr.
Secktarh (ndlr : François, basse) : Origin Of Symmetry de Muse et Third de Soft Machine.
Théo (guitare) : Étant petit, mon père me faisait beaucoup écouter les Beatles, notamment les albums Abbey Road et Sgt. Pepper. Je pense que ces 2 albums m’ont donné goût à la musique. Je les apprécie toujours autant aujourd’hui, mais pour d’autres raisons qu’à l’époque.
Avez-vous déjà ressenti quelque chose de fort durant un concert ?
Chris : J’ai jamais ressenti la même chose sur scène et face à un groupe. C’est derrière ma batterie, totalement libéré et protégé, que je me sens le mieux. Sinon, j’ai souvent cette boule au ventre avant qu’un groupe n’entre sur scène. Et là, j’ai envie de tout casser.
Secktarh : Hormis à nos concerts, la première fois que tout a disparu autour de moi, c’était à un concert d’Archive au Zénith pour l’album Controlling Crowds et plus récemment, c’est à l’unique concert de Black Light Burns en France. J’avais pas vraiment l’impression d’être là. Mais je ressentais tout 100 fois plus fort. Complètement dingue.
Théo : Mon meilleur souvenir de concert en tant que spectateur est incontestablement Radiohead à Bercy en 2012 . Malgré les 17 000 personnes présentes, il y avait une grande proximité avec le public, et j’ai rarement ressenti autant d’émotions en écoutant de la musique qu’à ce concert. Pendant nos concerts, il m’arrive d’avoir également des moments où la musique prend le pas sur tout le reste. C’est pour ça qu’on fait des concerts ensemble, pour avoir ces instants de grâce où on se sent en symbiose avec le public et avec nous-mêmes.
Quel(s) artiste(s) voudriez-vous voir en live, un jour ?
Chris : Une tonne ! Certains parce que j’aime vraiment ce qu’ils font, et d’autres parce qu’ils méritent d’être vus. J’ai le temps de vider mon compte en banque.
Secktarh : Queen Kwong et Metz, ce sont mes prochains gros défis.
Théo : Beaucoup, pour certains ce sera impossible malheureusement…
Quelles sont les villes dans lesquelles vous aimeriez jouer ?
Chris : Partout ! Tant que je m’éclate, que je découvre et que je partage.
Secktarh : Londres. C’est LA ville où je veux jouer.
Théo : L’Asie est un endroit qui me fascine beaucoup, j’adorerais partir en tournée là-bas.
Si vous ne pouviez collaborer qu’avec un seul artiste dans toute votre carrière, qui choisiriez vous ?
Chris : Le célèbre bassiste Secktarh. C’est déjà fait donc !
Secktarh : Dans ceux qui sont encore vivants, Wes Borland, sans la moindre hésitation.
Théo : Sans hésiter, Kaaris.
Le meilleur album de votre collection ? Le pire ?
Chris : Je dirais Meteora de Linkin Park, pour son aspect symbolique. Le pire… Je dois avoir un CD de Lorie qui traîne quelque part !
Secktarh : Cruel Melody de Black Light Burns pour le meilleur. Pour le pire, je dirais la première maquette de Diamond Fizz. C’est franchement affreux, surtout la basse.
Théo : Le meilleur album, Radiohead – In Rainbows.
Le pire album : Diam’s – Dans ma bulle.
Votre plus vieil achat ? Le plus récent ?
Chris : Mon premier, c’est Panique Celtique de Manau ! Une tuerie ! Concernant mes derniers achats, ils datent d’hier. J’ai trouvé au hasard des rayons Hollow Crown d’Architects et le dernier Animals As Leaders.
Secktarh : Le premier album que j’ai acheté, Laundry Service de Shakira. On fait ce qu’on peut… Cela dit, je me suis vite rattrapé avec Meteora de LP et Eminem Show. Le plus récent, c’est probablement le dernier Structures qui est une tuerie sans nom.
Théo : Premier achat : le premier album de Kill The Young.
Dernier achat : le dernier album de Sufjan Stevens.
Les 5 morceaux que vous écoutez le plus en ce moment ?
Chris : Broken Cross d’Architects
– Four Walls de While She Sleeps
– Create de Polar
– Same Old War d’Our Last Night
– Wormholes de Volumes
Secktarh : Later de Balthazar
– Earth Death de Baths
– Burn Fetish de Eyedea & Abilities
– Nervous System de Metz
– Hirondelles de Odezenne
– Kalash de Booba
Théo : Sufjan Stevens – Death With Dignity
Phoenix – Chloroform
Royal Blood – Out Of The Black
Foals – Black Gold
Francky Vincent – Tu Veux Mon Zizi
Vos récents coups de coeur musicaux ?
Chris : Ça fait longtemps que je n’ai pas pris de grosse claque ! Les derniers disques d’Architects et de Structures m’ont vraiment marqué. Ça date d’une bonne année maintenant !
Secktarh : I Break Horses, Jacco Gardner, Carpenter Brut, et Blood Red Shoes, qui est un coup de coeur nouveau à chaque album.
Théo : Sufjan Stevens, que j’ai redécouvert avec son dernier album, qui est pour l’instant mon préféré de 2015. Et avant ça, Royal Blood.