Holding Sand promo pic groupe france

Fondé en 2007 à Tours, Holding Sand évolue depuis dans un mélange de styles rock alternatif, metal et punk. Après deux EPs et un album, le groupe publie A Life Worth Memoirs en février 2015. Interview.

Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Franck (guitare) : Holding Sand est né en 2007. Je connaissais Coralie, et c’est quand nous avons rencontré Clément que nous nous sommes lancés. La sauce a pris rapidement avec les premiers concerts et enregistrements. L’idée de début c’était de jouer entre potes, sans se prendre la tête. Quasiment huit ans plus tard, on compte deux EP, deux albums et pas mal de dates un peu partout en France et en Belgique. Mais ce que je trouve plutôt cool, c’est que l’état d’esprit de départ est toujours là !

Coralie (basse) : Je fais de la basse dans Holding Sand depuis la création du groupe en 2007. Ce qui est incroyable, c’est que je n’ai jamais eu d’autres groupes avant et ça fait plaisir de voir que c’est ce premier projet qui tient encore la route.

Cyril (guitare) : Je suis guitariste depuis 2 ans dans le groupe. J’ai pris la place de Matthieu suite à son départ en 2013.

La vision que j’ai du groupe était assez particulière pour la simple et bonne raison qu’avant d’entrer dans le groupe, j’étais assez fan. Je venais les voir en concert aussi souvent que possible et donc, en tant que fan, je n’avais pas forcément envie que ça change. Au final, le groupe avait déjà des compos et des idées assez développées et vraiment intéressantes, ce qui m’a fait changer d’avis. Aujourd’hui, ma vision c’est simplement de jouer avec des gens que j’apprécie et de faire de la musique de façon sérieuse, sans réellement se prendre au sérieux.

Mes influences sont assez larges. J’aime beaucoup le metal en général, mais aussi des styles plus atypiques. Pour donner quelques exemples, j’écoute des groupes comme Karnivool, Tool, Deftones, Sikth, Meshuggah, Monuments ou The Geeks and the Alcoholic Genius pour le groove et les ambiances. Mais aussi Stereotypical Working Class, Pleymo, Dessa, Norah Jones, Imagine Dragons, Parov Stelar ou Beyoncé ! J’aime beaucoup de choses même si je suis assez exigeant sur certains aspects, comme le chant ou la batterie.

Pourquoi avoir choisi « Holding Sand » pour votre nom de groupe ?

Franck : C’était une proposition de Clément (chant) lorsqu’on a créé le groupe. Ça sonnait pas mal et ça collait bien avec notre état d’esprit de l’époque.

Comment vous définiriez-vous par rapport aux autres groupes de post-hardcore / alternatif français ?

Cyril : Par rapport aux autres groupes du genre, je pense qu’on a la particularité d’avoir su prendre pas mal de risques sur le nouvel album avec une approche globale assez large du metal, avec l’ajout d’une trompette et d’un violoncelle, par l’utilisation d’ambiances assez différentes. On essaye de toucher un peu tout sans forcément se dire « ça on ne l’as pas fait, ça serait bien de le faire ». On ne recherche pas nécessairement l’éclectisme, mais le rendu.

Coralie : On essaye de faire une musique authentique sans se fermer dans des « codes » spécifiques à cette scène. Ça peut paraître compliqué, mais nos diverses influences nous aident à ne pas tomber dans les clichés. On essaye d’être nous-même tout simplement.

Quels ont été les rencontres et les événements les plus importants de votre carrière ?

Coralie : Je dirais toutes les phases de compositions. C’est important de voir naître un morceau et de se dire qu’il fera partie de l’identité du groupe. Les concerts aussi, forcément, et la rencontre avec les autres artistes ainsi que le public. Je n’ai pas de souvenir particulier en fait. Etre dans un groupe est un état d’esprit avant tout, tu profites de tout ce qu’il se passe et tu t’émerveilles pour pas grand-chose !

Cyril : Pour ma part, la plus belle rencontre que j’ai faite avec Holding, ça a été AqME. Je suis un super gros fan depuis le collège, et de pouvoir jouer avec eux, c’était vraiment quelque chose de marquant. En plus de ça, c’est vraiment des personnes remarquables en tout point, très simples, abordables et intéressantes. A l’heure actuelle, c’est la rencontre la plus marquante selon moi.

Les événements qui m’ont le plus marqué, aussi bien dans le positif que dans le négatif, ça a été le départ de Pierre et l’arrivée de Quentin à la batterie. Je m’explique. Pierre était vraiment une personne remarquable, et son départ a, pour ma part, été assez dur à encaisser sur le plan émotionnel, et a été un coup dur pour tout le monde. J’étais là depuis seulement 6 mois, donc devoir enchaîner deux départs en si peu de temps, c’est assez délicat, à la fois pour le moral, mais aussi pour la motivation. Quentin est arrivé, et il a été tout de suite la personne qu’il nous fallait, très doué sur le plan technique, mais aussi une personne remarquable humainement.

Vous avez sorti deux EPs en deux ans : Ebb & Flow en 2009, et On Sleepless Nights en 2010.
Avez-vous travaillé différemment sur ces deux EPs ?

on sleepless nights holding sand

Franck : J’étais le seul guitariste pour l’enregistrement d’Ebb & Flow (nous avons commencé le groupe à 4). Matthieu a intégré le groupe peu de temps avant l’enregistrement d’On Sleepless Nights, donc nous avons adapté les compositions et arrangements en fonction. C’est à mon sens la seule différence en termes de travail sur ces deux disques.

Quelles ont été vos principales influences et inspirations durant l’écriture et la composition de vos morceaux ?

Cyril : Concernant le dernier album, la composition a été faite en deux temps. Avant mon arrivée, le groupe avait des bases inachevées de 4 morceaux, on a continué sur ces plans-là avec Pierre, et ensuite avec l’arrivée de Quentin. (Certains morceaux ont été composés à 7 !) Pour le reste de l’album, on se voyait plusieurs fois par semaine avec Franck pour composer, et on apportait des riffs aux morceaux plus ou moins terminés dont on était satisfait, et voyait avec les autres ce qu’on pouvait en faire. Une fois cette étape terminée, Clément ajoutait les textes (déjà écrits dans les grandes lignes) afin de donner la touche finale aux morceaux.

Pour les inspirations et influences, d’un point de vue personnel, je compose dans l’instant et à l’instinct. Je prends une guitare (acoustique ou électrique) et je joue ; par moment, il y a des choses que je juge intéressantes qui en sortent et je brode autour. Par moment, il n’y a rien et donc je retente plus tard. J’écoute beaucoup de musique, mais globalement, j’essaie de jouer ce qui me passe par la tête.

Franck : A Life Worth Memoirs est une sorte de concept album où on raconte la vie, la maladie et la mort d’un personnage fictif. Nous avions donc un background narratif avec des faits, des ambiances et des choses à raconter à la fois par les paroles et par la musique. Sans se prendre la tête plus que ça, ce background a quand même été un fil rouge important pour la composition de l’album.

Avez-vous notifié des différences entre l’enregistrement d’un EP et celui d’un album ?

Coralie : Le timing ! C’est beaucoup plus long dans la composition forcément, l’enregistrement… Heureusement qu’on a pu bosser des pré-productions pour voir dans quelles directions on voulait aller.

Depuis la sortie de votre premier album (Some Things Are Better Left Unsaid), en 2012, vous avez changé de line-up, ainsi que de label pour devenir indépendants. 

Quelles sont les raisons de ces changements importants ?

some things are better left unsaid holding sand

Cyril : Les raisons du départ de Matthieu et Pierre sont différentes.

Matthieu a décidé de quitter Holding Sand parce qu’il avait pour projet de quitter la France pour voyager. Pierre a, lui, perdu la motivation, le temps et la patience de devoir venir plusieurs fois par semaine composer des morceaux, qui quelques fois devaient être repris de zéro car ils n’étaient pas assez bon.

Franck : Concernant le label, nous n’avons pas été pleinement satisfait de la collaboration et avons préféré gérer tout ça nous même comme nous le faisions depuis les débuts du groupe.

Avez-vous travaillé les phases de création du dernier album de la même manière que le premier ?

Franck : Nous avons travaillé de manière totalement différente pour les deux albums. Sur le premier, nous avons fonctionné à la manière des EPs précédents, de manière plus rapide et plus directe. Comme je l’ai expliqué plus haut, nous nous sommes appuyés sur une histoire dans la composition, à la fois dans les textes et les instruments. Cela a bien sûr engendré quelques contraintes pour faire passer les émotions et les atmosphères émanant du concept.

Ce qui différencie le travail effectué entre les deux albums, c’est également tout le processus de pré- production qui a été fait grâce à Quentin. C’est quelque chose que nous ne faisions pas ou très peu auparavant, là on a bien dû enregistrer les morceaux 3 fois avant d’aller en studio !

Comment le concept original de A Life Worth Memoirs vous est-il venu en tête ?

Franck : On souhaitait changer un peu nos habitudes et routines de composition, se donner un nouveau challenge. Lorsqu’on a évoqué la direction qu’on souhaitait prendre, l’idée d’un concept où paroles et musiques raconteraient de façon conjointe une histoire a rapidement botté tout le monde. Clément a alors proposé la trame globale et nous l’avons fait évoluer au fur et à mesure.

Avez-vous quelques exclus à livrer ?

Cyril : En répèt’, il nous arrive souvent de partir en n’importe quoi et de reprendre les vieux morceaux façon jazz à deux balles, pop, reggae, ou grindcore bien moisi. C’est toujours sympa de relâcher la pression.

Avez-vous une ou plusieurs anecodtes de studio et/ou de vie en tournée à me raconter ?

Cyril : Les anecdotes qui m’ont vraiment marqué pendant le studio, c’est principalement avec Franck. Pendant l’enregistrement, on a fait du couchsurfing (dormir chez des inconnus), et on a fait de très belles rencontres. Notamment celle de Romain, batteur de Zapruder, qui sortait tout juste de studio pour leur album. C’était vraiment sympa comme expérience, de pouvoir échanger sur ce sujet.

Pour les anecdotes de studio, c’est plus par rapport à Francis Caste (le producteur) qui était vraiment hyper drôle ; chacune de ses phrases était vraiment culte et permettait de détendre l’atmosphère de la plus belle des manières.

Coralie : On a fait un concert à Eu en Haute-Normandie, un soir, et à mi-chemin, on s’est rendu compte qu’on avait laissé la basse à la maison… Du coup, gros stress, on a appelé les gars avec qui on partageait l’affiche, et miracle, ils avaient une basse 5 cordes. Depuis, je ne laisse plus ma basse à Clément.

Que pensez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui ?

Coralie : Avec Internet, il y a beaucoup de groupes qui émergent et c’est devenu compliqué de pouvoir se démarquer. Je pense qu’il faut faire la différence sur la durée.

Franck : Dans notre style, on ne résonne pas vraiment industrie, mais plutôt faire en sorte que l’album du moment et les concerts te permettent de proposer une suite !

Si vous aviez le pouvoir d’y changer quelque chose, le feriez-vous ? Si oui, quoi ?

Coralie : Je tuerais tout le monde, on se renommerait Tool et on ferait un carton.

Quels artiste(s) et/ou album(s) vont ont donné envie d’être musiciens ?

Cyril : Les premiers groupes qui m’ont donné envie de faire de la musique c’est Pleymo, Stereotypical Working Class, Watcha et Deftones.

Coralie : Au début, Green Day avec leur American Idiot, tout juste suivi des Killers qui ont sorti Hot Fuss la même année. Après, j’ai pu mettre des mots sur le style que je préférais écouter à l’époque et il y a eu une grosse influence avec From Autumn To Ashes.

Avez-vous déjà ressenti quelque chose de fort durant un concert, que ce soit le vôtre ou non ?

Cyril : Oui, et assez récemment. J’ai eu la chance d’aller voir Karnivool et Monuments en concert à Paris, et les prestations de ces deux groupes étaient vraiment grandioses ! Autant d’un point de vue sonore, visuel ou de l’atmosphère qui se dégageait de chaque morceau joué. C’était un vrai plaisir et j’espère pouvoir aller les voir de nouveau.

Coralie : On a fait un concert en juillet 2012, si je ne dis pas de bêtises. C’était sur une énorme place dans le centre-ville de Tours et j’ai juste kiffé la vibe. Le public avait une énergie incroyable, la place était noire de monde, c’était incroyable. J’ai même signé un cul et un kebab. La gloire.

Quel(s) artiste(s) voudriez-vous voir un jour en live ?

Cyril : Il y a beaucoup de groupes que j’aimerais bien voir en live un jour, mais des artistes comme Norah Jones, Beyoncé, Rage Against The Machine ou Meshuggah, ça serait vraiment génial.

Coralie : Björk.

Quelles sont les villes dans lesquelles vous aimeriez jouer ?

Cyril : Pour des considérations personnelles, j’aimerais énormément jouer au Japon. N’importe quelle ville, même dans un bar mexicain pakistanais à Tokyo, je trouverais ça mortel !!!

Coralie : Ce serait super plaisant de jouer en Allemagne, il paraît qu’il y a une bonne scène là-bas ! Et en Australie, pour jouer sur un yacht en plein soleil, entourés de requins.

En tant que groupe, quelles sont vos plus grandes aspirations ?

Cyril : J’aimerais vraiment que l’on puisse faire des petites tournées à l’étranger, même si celles-ci ne sont pas nécessairement profitables ; juste pour voyager et faire de la musique.

Si vous ne pouviez collaborer qu’avec un seul artiste dans toute votre carrière, qui choisiriez-vous ?

Cyril : Je pense que pour le côté homme à tout faire, je choisirais Trent Reznor ou Nobuo Uematsu.

Coralie : Imogen Heap. Il y a énormément de création et de bidouillages dans ce qu’elle propose. Ça doit être très intéressant de bosser avec une telle personnalité.

Le meilleur album de votre collection ? Le pire ?

Cyril : Je pense que les meilleurs albums sont sûrement ceux que je pourrais écouter le plus et Sound Awake de Karnivool ou 10 000 Days de Tool remplissent ce critère.

Après, dans mes albums inavouables, j’ai un vieux truck des Bratislaboyz, et aussi la première démo de mon premier groupe… un calvaire à écouter aujourd’hui 🙂

Coralie : Je ne pense pas que ce soit le meilleur, mais c’est en tout cas celui que j’écoute le plus : Come Now Sleep de As Cities Burn. Musicalement, cet opus est très intéressant.

Le pire… J’ai dû gagner une compil’ de rap dans ma « jeunesse ». Malheureusement, ce n’était pas du bon rap. Ce n’était franchement pas terrible.

Votre plus vieil achat ? Le plus récent ?

Cyril : Le dernier que j’ai acheté, c’est l’album Playmore de Smash Hit Combo, le meilleur album du groupe à l’heure actuelle.

Le plus vieux que je me rappelle avoir acheté, je crois que c’était l’album Calogero, en 2002. J’avais 12 ans, et aujourd’hui, même si c’est plus tellement le genre de musique que j’écoute, je le trouve encore pas mal.

Coralie : Le premier album que j’ai dû acheter avec mes propres sous doit être l’album Hot Fuss des Killers. Le plus récent est l’album d’un ami qui a fait son projet solo : Vincent Bonny, From the End.

Franck : Plus vieil achat : Smash des Offsping.

Plus récent : L’album de Wild Dawn, Bloody Jane’s Shore.

Les 5 morceaux que vous écoutez le plus en ce moment ?

Cyril : Je dirais :

Coralie : Florence + The Machine – Breath of Life (le morceau de la victoire)

Haim – Falling (le morceau qui donne la banane)

Marmozets – Move, Shake, Hide (le morceau qui te met bien)

Florence + The Machine – Blinding (le morceau nocture)

Anika Nilles – Alter Ego (le morceau de la motivation)

Je fais sérieusement un blocage sur les chants féminins. J’aime quand ce sont les filles qui mènent la danse.

Franck :

– Words in the Water de Thrice

– No Nurture de A Lot Like Birds

– Chain my Name de Poliça

– Black Fire de Taur

– Dorian de Agnes Obel

Vos récents coups de coeur musicaux ?

Cyril : Récemment, j’ai découvert Earth un groupe de drone, et sinon Parov Stelar !

Coralie : Marmozets, Shake Shake Go.

Franck : Taur.

What’s next ?

Franck : Un nouveau clip est en préparation, et nous avons quelques belles dates à l’horizon avec notamment Architects, Klone, le festival Terres du Son.

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