Il y a quelques jours, j’ai eu la chance d’interviewer Tyler ‘Scout’ Acord, bassiste depuis 2013 du groupe américain de metalcore ISSUES. Formé en 2012 à Atlanta par l’ex-chanteur de Woe Is MeTyler Carter, mais également 3 autres membres du même groupe à savoir Michael BohnCory et Ben Ferris, le quintette fait l’objet de beaucoup de changements de lineup depuis leurs débuts.

En octobre 2012, ISSUES part en tournée avec AttilaMake Me FamousAdestria et Ice Nine Kills sur Party With the Devil Tour. L’EP Black Diamonds paraît en novembre, mené par le single King of Amarillo. En mai 2013, le groupe participe au Vans Warped Tour

2014 s’annonce être une année importante pour ISSUES : ils sortent en effet leur premier album éponyme et un EP acoustique de Black Diamonds intitulé Diamond Dreams. Côté concerts, ils annoncent pour la deuxième fois leur participation au Vans Warped Tour, en plus de rejoindre en tournée plusieurs groupes de renommée tels que BeartoothOf Mice & Men, Bring Me The HorizonLetlive.Northlane

Début janvier 2015, ISSUES déclare à Alternative Press que l’écriture et la pré-production de leur deuxième album commenceraient à la fin du mois. Le groupe annonce également retravailler avec Kris Crummett et Erik Ron.

Le 24 mars 2016, ISSUES dévoile le premier single extrait de leur nouvel album, The Realest. Quelques jours plus tard, ce sont 3 titres qui sont publiés : COMABlue Wall et Slow Me DownHeadspace ne sortira que le 20 mai 2016.


Cela fait 4 ans que ISSUES est formé.
Comment percevez-vous votre groupe aujourd’hui ?
Je pense qu’on s’en sort bien ! J’ai toujours espéré pouvoir faire de la musique professionnellement, mais jamais au sein d’un projet de ma propre création. C’est incroyable que nous nous en sortions aussi bien, surtout vu comme notre musique est bizarre.

Quelles sont vos influences, et qu’est-ce qui vous inspire dans l’écriture et la composition de votre musique ?
On écoute tellement de choses étranges ! Par exemple, le mélancolique destructeur Guthrie Govan et les « proggys » bizarres de Chon ont inspiré notre chanson The Realest. Mais vocalement, si vous écoutez Headspace, vous vous surprendrez à reconnaître Thomas RhettBrandy, et même Justin Bieber.


Quels ont été les événements et les rencontres les plus importants depuis le début de votre carrière ?
Quand Tyler et Michael ont joué sur scène avec Linkin Park, c’était monumental ! Tout ce qu’on est, c’est du LP copié à notre époque, c’était vraiment une manière de boucler la boucle.

Les choses sont devenues vraiment sérieuses dès la sortie de Black Diamonds, en 2012. Vous avez eu la chance de soutenir Attila et Ice Nine Kills, mais vous avez également eu l’occasion de faire partie de la compilation Punk Goes Pop grâce à une reprise de Boyfriend de Justin Bieber.

Comment avez-vous vécu le fait de partir en tournée tout de suite après la sortie de votre EP ?
C’était incroyable ! Les premières tournées après l’EP étaient difficiles parce que chaque concert était un défi pour nous : celui de gagner le coeur du public. Mais c’était génial de rencontrer de nouvelles personnes, de gagner des fans et de visiter les pays.

Les changements de lineup ont-ils influencé la vie en tournée entre vous ?
Chaque changement de lineup a été très important dans notre construction personnelle. Le seul changement réel a été celui du batteur car avant cela, personne n’était parti en tournée ou avait enregistré avec le groupe mais sur la route, Josh s’est senti comme la pièce manquante, musicalement et professionnellement.

ISSUES a participé au Vans Warped Tour deux ans de suite, en 2013 puis 2014. Comment c’est d’être un jeune groupe à l’affiche de ce festival ?
C’était super drôle de voir sur quel genre de public nous pourrions nous appuyer en tant que jeune groupe. À ce stade, nous n’avions pas de vrai business derrière le groupe, mais nous avions énormément de « hype », donc des hordes de gamins qui n’étaient pas encore des fans d’ISSUES nous regardaient jouer. Ils nous jugeaient, décidaient de si nous valions le coup ou pas.

Avez-vous quelques anecdotes concernant le Vans Warped Tour ?
Et bien… Je peux assurément vous dire que chaque membre de groupe que vous rencontrez n’a probablement pas pris de douche ou changé de sous-vêtements depuis au moins une semaine, donc attention à l’odeur.


ISSUES debut album self-titled

Votre premier album est sorti le 18 février 2014… Pouvez-vous m’en dire plus à ce propos ? L’EP était juste une manière pour nous de jeter des trucs sur le mur pour voir ce qui collait. Le premier album, c’était plus pour nous rendre compte du son que nous voulions vraiment. On a commis quelques erreurs, mais c’était important de définir vers quoi le projet devait mûrir.

Quelques mois plus tard, vous avez le grand honneur de jouer en première partie de BMTH à la Wembley Arena. Comment l’avez-vous ressenti et anticipé ?
À ce stade, c’est le plus gros concert que nous ayons donné, et, cela va sans dire, un gros défi. Nous étions en pleine tournée américaine, nous avons pris l’avion jusqu’à Londres pour jouer ce concert, puis nous sommes repartis le lendemain. Nous étions épuisés mais c’était le pied de jouer devant une foule de cette taille dans un pays aussi loin du nôtre.

Headspace est sorti le 20 mai dernier… Comment avez-vous anticipé sa sortie ?
Nous étions si anxieux ! Nous aimons cet album plus que tout ce que nous avons pu sortir, nous voulions absolument savoir ce que nos fans en pensent.

Etiez-vous plus à l’aise dans l’enregistrement de l’album que la première fois, sachant comment cela se passe ?
Oh oui bien sûr ! Nous étions plus à l’aise, on a pris plus de risques que sur le premier album. Nous étions plus disposés.

Avez-vous ressenti des différences entre les enregistrements du premier et deuxième album ?
La plus grosse différence a été le TEMPS. On ne l’a jamais eu ! On a passé énormément de temps à monter et élaborer les petits détails de chaque chanson que nous seuls, en tant que geeks, pouvions déceler. Cet album est une meilleure représentation de ce que l’on est, en tant que groupe.

Sur cet album, vous prenez plus de risques : des morceaux sonnent comme des chansons de R&B des années 90 (je pense à Hero), le chant est plus appliqué, que ce soit en « screaming » ou pas… 
Headspace est décidément un album qui laissera une trace dans la carrière d’ISSUES, ce qui est rare pour un deuxième enregistrement. 
Etait-ce votre but de placer la barre si haute ?
C’est clair que ce n’est pas ce à quoi nous nous attendions. Nous voulions être un groupe remarquable de cette scène, mais j’ai pensé que cela prendrait plus d’albums, si ça devait arriver. 

Rise Records

Comment avez-vous rencontré l’équipe de Rise Records ?
Tyler et Michael les ont rencontré grâce à leur ancien groupe, Woe Is MeISSUES a continué cette relation, Rise traitant bien Woe Is Me, malgré le fait qu’ils soient chiants.

Comment avez-vous été amenés à collaborer ?
Rise a toujours été cool avec nous, ils nous laissent faire ce que nous voulons, en quelque sorte ! Quand ISSUES a démarré, il nous semblait logique de continuer à travailler avec eux.

Votre groupe a en quelque sorte un statut spécial, car personne n’a pu ranger votre musique dans une catégorie. En 2014, vous déclariez à Rock Sound « vouloir mixer le metal et la musique du Top 40 de la même manière que le post-hardcore et le nu metal avaient mêlé le heavy metal avec le hip hop. »
Est-ce toujours vrai ou était-ce une manière d’embrouiller les gens et/ou les médias ?
C’est toujours vrai, bien que ça n’ait jamais été un but clair. On fait juste ce que l’on aime, et on écoute de la ‘Black music’ autant que du heavy, ce qui imprègne notre musique, qu’on le sache ou non.

Anecdotes et fin

Avez-vous quelques anecdotes à partager sur votre vie en tournée et/ou en studio ?
Le studio est super ennuyeux, on joue à Super Smash Bros constamment, et on finit la musique sur laquelle nous étions en train de travailler. D’ailleurs, on est super doués à Super Smash Bros.

Quel est le souvenir le plus marquant que vous gardez d’une tournée ?
On a eu la chance de tourner en Asie du Sud-Est et on en a pris plein les yeux, à tous points de vue. Je n’aurais jamais pensé qu’on aurait fait « sold out » à Jakarta sans y être jamais allés.

Que penses-tu de l’industrie musicale d’aujourd’hui et ses nouveautés ?
Je ne connais pas la France, mais la presse musicale aux USA et au Royaume-Uni est principalement composée de journaux à scandales, concentrés sur les personnalités. Il y a beaucoup de choses qui se passent par derrière, que je me fiche de savoir. Je veux juste écrire de bonnes chansons !

Quel(s) artiste(s) voudrais-tu voir en concert ?
Le numéro 1 est et a toujours été Stevie Wonder. C’est un songwriter exemplaire, j’aimerais écrire comme lui. 

Si tu ne pouvais collaborer qu’avec un seul artiste dans toute ta carrière, qui choisirais-tu ?
J’adorerais travailler avec Allen Stone, en tant que producteur. Il dégage tellement d’ondes positives et peu de gens le font si bien. 

Ton top 5 de chansons du moment.


Ta musique préférée récemment.
J’ai récemment été voir jouer Chelsea Wolfe à Atlanta et j’en ai pris plein la vue ! Depuis, je l’écoute constamment. 


Où vous voyez-vous dans 10 ans ?
Avec un peu d’espoir, encore avec ISSUES à tourner dans le monde ! J’espère aussi que l’on aura d’autres projets mais si les prochaines années se passent comme je l’espère, alors ISSUES sera vraiment un groupe énorme. 

Si vous pouviez vous définir en quelques mots, lesquels seraient-ce ?
Intercoastal Heavy Pop!

What’s next ?
Le Vans Warped Tour, cet été. Après, qui sait ?

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