Nasty Toaster se forme en 2011 entre Rouen et Le Havre. Le quintette apporte une originalité et une folie propres à chacun de ses membres. Deux EPs font surface : l’un en 2012, et le dernier en juin 2014. Ce mois-ci, le groupe est en tournée de quelques dates en France (Roubaix, Paris, Sedan, etc).
Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
Concernant nos origines, cela remonte à assez loin. Tout est parti d’une passion commune entre potes, à l’époque lycée/fac, celle de faire du son, de se retrouver le week-end pour décrocher du reste. Au stade embryonnaire, le line-up était totalement différent et 2 années se sont écoulées avant notre formation définitive ; l’arrivée de Charly et Pierre ainsi que, un peu plus tard, celle de Ju au chant, qui a véritablement scellé notre envie d’évolution.
Nos influences sont nombreuses. Mais aucune ne prend le pas sur l’autre car nous avons tous les 5 des caractères bien trempés, issus d’univers musicaux différents. Nous faisons donc en fonction des goûts de chacun, sur une large palette de couleurs et de motifs que nous essayons d’étendre constamment.
Si vous deviez vous définir en seulement quelques mots, quels seraient-ils ?
Passion, friendship, coups de gueule, bière.
Quels sont les rencontres et les événements les plus importants de la vie du groupe ?
Premièrement, et comme dit plus haut, notre changement de line-up, qui nous a fait franchir le cap symbolique de « branleurs du dimanche » à « musiciens impliqués ».
Les différentes expériences que l’on a eues au travers de l’élaboration de nos 2 EPs, avec des rencontres et des partenariats hauts en couleurs ; Alain Witts (Studio 33) pour notre toute première maquette, ainsi que Franck Dhotel (A.R.C.A.D.E.) en correspondance avec Joshua Wickman (Dreadcore Productions) pour notre nouveau bébé.
Le tournage de notre premier clip par Alternative Factory, lors duquel on a beaucoup appris. Ça a été une expérience humaine hors du commun, tant la mobilisation des potes et des moyens étaient dingues. Toutes les scènes que l’on a partagées avec des artistes de tous bords, ainsi qu’avec certains groupes de belles renommées (Dagoba, The Prestige, Promethee, Atlantis Chronicles, In Other Climes, etc.).
De manière plus générale, toutes les rencontres que l’on a pu faire durant nos déplacements, le soutien de tous nos proches et amis à qui on doit énormément, associations, promoteurs…
Généralement, de quoi vous inspirez-vous lorsque vous écrivez et composez vos morceaux ?
Tout part d’une image ou d’une métaphore. Nous abordons principalement des sujets fictionnels, mais parfois des thèmes plus personnels. Notre musique ne reflète pas de réelles implications politiques et ne traite pas non plus de sujets d’actualités. Enfin, pas pour le moment.
En ce qui concerne la partie instrumentale, elle est en parfait accord avec ce côté métaphorique et thématique. Chaque morceau représente une nouvelle facette du groupe. Aussi bien dans la directivité que dans la prédominance de certaines influences et, plus grossièrement, du style. Comme beaucoup, nous n’aimons pas les étiquettes et revendiquons d’autant plus notre côté versatile.
Vous avez sorti un premier EP en juin de l’année dernière. De quoi vous êtes-vous inspiré lors de l’écriture et la composition de vos morceaux ?
Comme dit précédemment, nous nous inspirons d’images et de symboliques. L’univers « redneck », utilisé pour cet EP, résume parfaitement la dimension lunatique et bipolaire de ces 4 titres, encore une fois, aussi bien dans le style de chacune des musiques que dans les thèmes qui y sont abordés. La décadence et l’anticonformisme. La filmographie de Rob Zombie nous parle énormément : le côté « white trash », la violence graphique, le pouvoir aux parias de la société ; c’est cette influence que nous avons essayé de retranscrire en images pour notre clip.
Comment avez-vous appréhendé la sortie de l’EP ?
Sans grande préparation. On a réagi et appris au jour le jour. Le fait d’avoir une démarche DIY nous oblige, comme beaucoup de groupes, à nous occuper des « à côtés » de la musique. Ce qui ne constitue pas en soi la partie la plus fun. Vouloir véhiculer et partager sa musique au mieux, sans entrave, est une épreuve de force et représente un gros travail en amont. Mais au final, il y avait quand même cette impatience de partager un EP mixé outre-Atlantique, à mille lieues de notre premier enregistrement. Ça reste un grand pas dans l’histoire de notre collectif.
Après écoute de votre EP, et avec le recul, y a-t-il certaines choses que vous auriez fait différemment ?
Toujours dans cette idée de perfectionnisme, il y aurait en effet certaines choses qu’on changerait. Principalement, en termes de design audio. Donner une dimension plus organique aux instruments et, plus généralement, au mix.
Nous prendrions aussi plus de temps pour l’enregistrement, sachant qu’aucune pré-prod n’a été faite. Les prises et arrangements se sont enchaînés dans des délais trop serrés, et un peu plus de temps pour avoir le recul nécessaire aurait été le bienvenu.
Malgré notre éternelle insatisfaction et hormis quelques défauts de préparation, nous en sommes fiers, même si nous avons déjà le sentiment d’être passés à autre chose.
Avez-vous une ou plusieurs anecdotes de studio et/ou de tournée à me raconter ?
Dernièrement, lors de notre passage à Périgueux, et après une grosse nuit de route, nous avons atterri, les yeux en trou d’pine, chez Mathieu. Un gars super. Il nous a accueilli à bras ouverts, un pinceau à la main, et nous a tous mis à profit pour peindre une fresque sur le mur de son salon. Un hibou géant. Épique.
Avez-vous une ou plusieurs exclu(s) ?
Une tournée à l’étranger et, si tout roule, du nouveau fin 2015 /début 2016.
Que pensez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui ?
De manière générale, l’industrie musicale favorise les clivages en tout genre. C’est une immense vitrine creuse qui nous sert de la merde dans du papier de soie. Elle dénature la véritable perception que l’on doit avoir de la musique, qui est trop souvent sacrifiée au profit de la mode et autres courants en vogue. Tout n’est qu’apparence, au détriment de la véritable curiosité artistique.
Parallèlement, les médias et réseaux sociaux sont aussi utiles que néfastes et alimentent très largement ce cercle vicieux. L’époque des simples MySpace et des supports lasers est loin derrière nous. Les téléchargements sont de plus en plus massifs. Le flux d’informations trop conséquent. L’identité de la scène alternative se noie dans la masse et dans l’ombre des plus exposés. Malheureusement, la vraie valeur d’un artiste ne se mesure plus à sa paire de baloches mais au nombre de pouces bleus qu’il aura récolté sur la toile.
Nous déplorons aussi les tremplins, festivals ou orgas adoptant le système de préventes ; hiérarchisation d’un groupe/artiste à partir de son apport pécuniaire, tels que certains le font sur Paris (pour ne pas citer de nom). C’est un ensemble, l’argent nique tout, et pas que dans la musique.
Si vous aviez le pouvoir d’y changer quelque chose, le feriez-vous ? Si oui, quoi ?
Faire sauter Endemol, NRJ12, W9, Direct8, Virgin 17, Fun Radio, balancer Tex dans la Seine, et annexer le Doubs. On reste des idéalistes. Mais si un petit groupe de passionnés avait le pouvoir de changer les choses, nous tenterions de ramener le monde de la musique à sa juste valeur, autrement dit lui permettre de s’assumer en tant qu’art et non en tant que machine à fric. Quelque chose d’humain, merde ! Donner une vraie chance à ceux qui cultivent la diversité musicale, à ceux qui se saignent pour que le travail des autres à travers le leur soit reconnu (assos, fanzines, webzines, etc.), à ceux qui ne prostituent pas leur passion pour la reconnaissance à tout prix.
Y a-t-il un artiste et/ou un album qui ait changé votre vie ?
Millencolin – Pennybridge Pioneers
Thrice – Vheissu
Underoath – Define The Great Line
Architects – Hollow Crown
As I Lay Dying – Shadows Are Security.
Avez-vous déjà ressenti quelque chose de fort durant un concert ?
En 2013, à la Boule Noire (Paris). Nous avions failli remballer car notre chanteur avait des soucis de santé ce jour-là. Après quelques échauffourées et un aller-retour à la pharmacie du coin, nous sommes quand même montés sur scène. Contre toute attente, super moment.
Quel(s) artiste(s) voudriez-vous voir en live ?
The Contortionist, Defeater, The Dillinger Escape Plan, Thrice et Structures.
Votre meilleur souvenir de concert ? Le pire ?
Notre pire concert, en 2013, au Petit Bain (Paris). Pas de balances, aucun retour, coupés du monde. Une catastrophe.
Si vous pouviez collaborer avec un seul artiste, dans toute votre carrière, qui choisiriez vous ?
Bernard Minet, et s’il ne veut pas de nous, Daniel Guichard. Plus sérieusement, nous n’avons aucune prétention, ni d’éventuels fantasmes par rapport à ça. C’est déjà bien cool d’avoir pu côtoyer certains artistes de renommée, et on a beaucoup appris de toutes ces rencontres. Alors on garde les pieds sur terre et on se concentre sur le travail, et le plaisir. On verra bien, à l’avenir, si l’occasion se présente !
Le meilleur album de votre collection ? Le pire ?
Les meilleurs :
The Dillinger Escape Plan – Ire Works
Rage Against The Machine – The Battle Of Los Angeles
August Burns Red – Constellations
The Ghost Inside – Get What You Give
Counterparts – The Current Will Carry Us
Les pires :
Vegastar – Nouvel Orage
Nomads – Yakalelo
Lagaf – La Zoubida
Zaz – Rectum Verso
Eiffel 65
Votre achat d’album le plus récent ? Le plus vieux ?
Le plus récent :
Every Time I Die – From Parts Unknown
Heart In Hand – A Beautiful Whit
Sixto Rodriguez – Cold Facts
Meshuggah – The Ophidian Trek
Nine Eleven – 24 Years.
Le plus vieux :
Boris – Soirée Disco
Incubus – S.C.I.E.N.C.E.
Limp Bizkit – Three Dollar Bill, Y’all
Korn – Life Is Peachy
Offspring – Smash
Votre top 5 de titres du moment ?
DM Song – Painted In Exile
Oh, Sleeper – Shed Your Soul
Now, Voyager – From The Brain
Structures – Alien
Tigers Jaw – Plane Vs Tank Vs Submarine
Quels sont vos récents coups de cœur musicaux ?
Pangaea, Structures, Painted In Exile, Laurent Voulzy, Birds In Row.
What’s next ?
Nous sommes en pleine composition d’un nouvel EP/LP. Il sera plus sombre et violent que les précédents. Il y a encore du boulot, mais nous sommes satisfaits de la tournure que prennent les choses.
En ce qui concerne les concerts, pas mal de dates sont prévues cette année. Une tournée à l’étranger est aussi en projet. Et, tout récemment, l’opportunité de se faire une petite place dans la programmation du Jera On Air 2015.
Plein de belles choses à venir et une année bien remplie !