D’un rock énergique à des mélodies plus calmes, Pleïad, quatuor lyonnais formé en 2009, s’inspire de Biffy Clyro et Thrice, tout en ajoutant leur touche personnelle à une musique rock alternative. Aujourd’hui, d’ailleurs, sort le clip vidéo associé à la chanson Rain & Fire, à voir ci-dessous. Interview avec un groupe qui monte.
Comment l’idée de former un groupe vous est-elle venue ?
Tom : Après une audition de musiciens pour m’accompagner sur un projet perso type pop-folk, et la rencontre de Josh (1er bassiste du groupe), une belle alchimie s’est faite entre Josh, Cyril, Marty et moi-même. On avait “envie de jouer ensemble”. Quoi ? On ne savait pas encore, mais il fallait jouer ensemble.
Slashy : Un ami bassiste m’avait parlé de Pleïad, j’avais rencontré un peu plus tôt, par hasard, Cyril et Tom au détour d’un concert. Quand j’ai appris qu’ils cherchaient un bassiste, je me suis dit “banco”. J’aimais bien leur style et l’audition s’est vraiment bien passée : je me suis senti chez moi dès les premières minutes. Un peu trop chez moi, peut-être.
Pourquoi avoir choisi ce nom ?
Tom : Pleïad, parce qu’on était une pléiade de personnes, de gens différents, d’univers musicaux radicalement opposés : metal hardcore, chanson française, pop-folk, metal mélodique et ambiant.
Slashy : Je n’étais pas là à l’origine, mais j’ai de suite accroché sur le nom, approprié pour un groupe de rock porté sur la mélodie. Je trouve qu’il sonne ce nom !
De quoi vous inspirez-vous lorsque vous écrivez et composez vos chansons ? (gens, événements, etc.)
Tom : On s’inspire forcément de ceux que l’on écoute, que l’on rencontre, que l’on regarde. On s’inspire mutuellement aussi je pense, en répète, dans la vie aussi. On parle de nous, de nos écueils de vie, de nos projets, de nos rencontres.
Cyril : Ça part d’une envie, d’un riff, de mots qui ont un certain sens en fonction d’un sujet ou d’une tranche de vie, parfois même simplement d’une sonorité intéressante… Il y a l’embryon, souvent personnel, puis l’appropriation, la contribution du groupe qui mène à une création artistique ou tout le monde prend (sa) place.
Vous avez déjà enregistré votre album et faites actuellement confiance à vos fans au travers d’une collecte organisée sur KissKissBankBank. Comment vous sentez-vous par rapport à cela ?
Tom : J’ai trouvé ça osé, excitant mais osé. Bien évidemment, on n’est pas le premier groupe à réaliser ce genre de collecte, mais c’était pour nous une première. J’ai vécu ça comme une occasion de saisir la “portée de notre musique”, de voir qui était “prêt à nous suivre”.
Le résultat est bluffant, on est vraiment content de voir qu’il n’y pas que nos amis et notre famille qui ont participé, mais aussi et surtout des gens qui nous ont vu en concert qui ont poussé le projet et qui nous ont permis d’atteindre l’objectif.
Cyril : C’était une aventure à partager ; finalement, on prend conscience que c’est un projet commun, encore au-delà de l’expérience humaine qu’on vit au sein du groupe. On a construit les bases pour qu’on nous suive, mais les followers ont coulé le « ciment » qui les consolide.
Slashy : Comme sur un nuage. C’est grisant de sentir notre musique supportée ! C’était une joie immense de voir que ce projet a pu aller jusqu’au bout, c’est comme bouffer des stéroïdes de requin par tablette de douze, ça donne une énergie folle !
Avez-vous suivi un certain processus de création pour cet album ?
Tom : L’album présentera notre premier vrai processus de création. Ce que j’entends par « processus de création », c’est ce moment que l’on a pris, sans concert avec deux résidences. Ce temps pendant lequel on a seulement cherché à composer la musique qui nous plaisait, ces chansons qui ont constitué notre set du SpringRose Tour l’été dernier. Mais aussi deux chansons plus récentes, et inédites, pour ceux qui ne nous ont pas encore vu en concert ces derniers temps.
Cyril : Au-delà du temps dédié quasi exclusivement à la création et aux résidences, le processus a surtout été d’aller au fond de chaque idée, d’explorer des pistes, sans couper court, sans a priori sur les idées de départ. On a aussi senti cette idée de “travail fini”, un espèce de “déclic collectif” qui valide un morceau.
Pourquoi l’avoir intitulé ainsi ?
Tom : Lights In A Cave, parce qu’on peut faire un rock plutôt sombre et rugueux sur certains plans, mais en cherchant toujours une certaine esthétique. Les lumières dans la cave, c’est pour moi cette recherche de l’esthétique, du soigné dans un rock qui envoie.
Slashy : Comme Tom, la lumière traduit le soin d’une esthétique, qui nous tient à cœur car elle est sous-tendue par la volonté de porter quelque chose à nous, quelque chose de personnel et que l’on veut partager. Cette esthétique traduit aussi ce qu’est la musique pour nous et tout ce que cela signifie de la créer ensemble et de la partager avec les autres. C’est aussi ça, cette lumière, dont on ne saurait se passer.
Cyril : Pour ma part, Lights In A Cave, c’est notre “éclosion artistique”. Cet album montre qu’on sort la tête, qu’on s’affirme, que ce qu’on a fait mérite d’être au moins écouté, parce qu’on y a mis nos tripes. C’est aussi sortir du lot, montrer qu’on existe, qu’on est là et qu’on a quelque chose à dire à travers notre musique.
Quelles différences pouvez-vous noter par rapport à l’enregistrement de votre EP ?
Tom : Un vrai travail de studio avec Sacha Besson (12axsound), de vraies conditions, et des compositions vraiment terminées, assumées et envoyées.
Cyril : Il y a eu un vrai travail d’arrangement, des harmonies instrumentales et vocales sur le tas, des choix de sons (basse fretless, effets guitares, traitement des voix). Ça a été aussi très long et étalé dans le calendrier pour plein de raisons…
Comptez-vous élargir votre tournée « promo » à d’autres régions ?
Mike : Le but d’un groupe/artiste est d’aller le plus loin possible, ce n’est pas une question pour moi, c’est une évidence. L’objectif pour le groupe est d’être dans la continuité des deux dernières tournées (Promises Tour en 2014 et SpringRose Tour en 2013) et que le nom de Pleïad résonne de plus en plus loin. Notre volonté est de fonctionner de manière professionnelle. Avec les autres membres de l’équipe, nous allons travailler les éléments connexes au CD : visuels, merchandising, communication, photos…
A titre personnel, j’aime aller au bout des choses pour présenter un résultat abouti et voulu, l’entre-deux ne me plaît pas.
Avez-vous une ou plusieurs anecdotes de studio et/ou de tournée à me raconter ?
Tom : Des anecdotes de tournée, il y en a beaucoup trop, ils sont tous bien bien barrés (notez que je m’exclue de la chose ^^).
Cyril : On aurait pu mettre 2 ou 3 moments cachés dans une piste ou deux lors de l’enregistrement. Sinon, quand on part en concert, il suffit de voir la vidéo du Crowdfunding qui résume bien ce qu’on vit… Pour finir, Tom cache bien son jeu, mais il est autant barré que nous…
Que pensez-vous de l’industrie musicale actuelle ?
Slashy : Je pense que la musique actuelle ne peut plus se définir en fonction de son industrie. Il existe une telle variété aujourd’hui de musiques qui se jouent et qui se vivent un peu partout, une telle scène amateur en dehors de l’industrie, que l’industrie musicale, homogène et figée, est plutôt vouée à disparaitre. Après, ce n’est pas forcément une bonne chose. L’industrie musicale, avant Internet, restait le premier vecteur de diffusion. On pouvait se poser la question d’une culture musicale menacée d’uniformisation (puisque seul ce qui était rentable était mis en avant), et l’on doit toujours y prendre garde, mais on doit aussi souligner le fait que l’industrie musicale jusqu’il y a peu nous a aussi permis de connaitre bon nombre de musiques et d’artistes.
Cyril : Pas de jugement à donner. En tant qu’artiste, il faut arriver à suivre la danse pour pas être pris de court parce qu’on peut vite être à contre-courant. Sinon, je trouve que la scène émergente est très intéressante à suivre, il y a beaucoup de gens sincères dans leur musique et leur démarche. Comme dit Slashy, on peut aussi aujourd’hui découvrir un max de musique grâce au web 2.0.
Si vous aviez le pouvoir d’y changer quelque chose, le feriez-vous ? Si oui, quoi ?
Slashy : En voilà une bien étrange question. Soit on peut changer quelque chose, soit on ne peut pas. Si on peut, on le fait, si on ne peut pas, on passe à autre chose. Les Rolling Stones imagent très bien ma pensée : « You always get what you need. » Il suffit juste de faire son petit bonhomme de chemin.
Cyril : En voilà une question bien étrange 😉 Il faudrait débattre 4 ou 5 heures ensemble à la question précédente, avec des personnes représentatives de chaque pôle de l’industrie musicale pour que je puisse prétendre à vouloir donner une réponse à cette “étrange question”. Pour l’heure, j’ai plus l’impression de n’être capable de voir les bienfaits pour le consommateur que les méfaits pour l’artiste, donc on s’adapte. Pour preuve, on a tous une carrière professionnelle à côté.
Y a-t-il un artiste et/ou un disque qui ait changé votre vie ?
Tom : En ce moment, je suis littéralement plongé dans Rooms Of The House, le dernier album de La Dispute. Plongé dans cette cohérence de groupe, dans les paroles.
Slashy : Les premiers albums de Deftones. Ils tournent régulièrement encore dans mes oreilles depuis que j’ai l’âge de perdre mes cheveux.
Cyril : Un disque ou un artiste qui a “changé ma vie” ? Non, ce type de changement est plus attribué à une relation humaine… C’est plutôt la confrontation au milieu artistique qui change mon prisme, qui élargit mon champ de vision. Par contre, des groupes qui m’ont touché ? Oui, évidemment. TOOL, A Perfect Circle (je réécouterai leurs albums dans 40 ans encore, je pense), Incubus (premières inspirations pour la guitare, les sons) Deftones, Alterbridge…
Avez-vous déjà ressenti quelque chose de fort lors d’un concert ?
Slashy : La scène, c’est le moment où on lâche tout ce qu’on contient le reste du temps. Si ce n’était pas fort, ce ne serait pas de la scène. Le plus grand kiff, c’est surtout de partager ça avec les autres : Cyril, Tom, Arnaud, Marty, Mike, et surtout les gens devant soi. Quand le partage se crée, tu as l’impression que tout est possible.
Cyril : A la fin de l’été, on a repris avec un festival en Suisse allemande, et j’ai fait reprendre une mélodie simple au public, qui a bien joué le jeu… Quand t’envoies un truc et qu’il y a du répondant, c’est le pied ! Sinon, comme dit Sylvain, quand on est tous connectés, c’est vraiment bon.
Si vous pouviez collaborer avec un artiste de votre choix, qui choisiriez-vous ?
Tom : En étant bien rêveur, je dirais Simon Neil de Biffy Clyro.
Slashy : Il y a plein de gens avec qui j’aimerais faire de la musique. Heureusement pour moi, beaucoup d’entre eux habitent la même ville que moi. Y a pas besoin de regarder au loin pour voir qu’il existe beaucoup de choses à faire, avec beaucoup de gens.
Cyril : Mike Einziger d’Incubus pour voir haut 😉 Sinon, autour de nous, comme dit Slashy, il n’y a pas besoin de regarder bien loin.
What’s next ?
Mike : Depuis la rentrée de septembre, l’emploi du temps de tout le monde est destiné au travail après une tournée estivale rondement menée.
Pour préparer la tournée de Lights In A Cave, ils seront en résidence chez Jaspir (fin octobre/début novembre) avec une technicienne lumières. On va préparer de belles choses pour tous ceux qui les attendent en live.
Concernant la promo de l’album, les gars peaufinent actuellement un nouveau set acoustique (showcases, lieux intimistes…) On s’active tous en coulisses pour une sortie en grandes pompes.
Entre temps, ils vont participer à la soirée Tribute Foo Fighters @ Blogg (Lyon) le 18 novembre avec les Stereotypical Working Class, Afterglow, Ulysses, et à la soirée alternative de fin d’année organisée par Art Chronicles et le HCL, le 20 décembre à la MJC O’Totem (Rillieux, Lyon).
Tom : Une belle série de dates pour défendre Lights In A Cave.
Cyril : Une résidence artistique à la Toussaint, la préparation d’un set acoustique jusqu’en novembre, deux dates (MJC O’Totem, Le Blogg), la sortie de l’album et une belle tournée à la clef.