Quatuor parisien de hardcore alternatif, The Prestige se compose d’Alex au chant et à la guitare, de Raphaël à la guitare, de Julien à la basse, et de Thibaut à la batterie. Le groupe se forme en 2009, et cette même année sort leur premier EP, intitulé A Series of Catastrophes and Consequences. En 2012, le groupe sort son premier album, Black Mouths, qui sortira sur un label français (Basement Apes Industries) et deux labels au Royaume-Uni (Tangled Talk Records et Enjoyment Records). The Prestige fonde par la suite son propre label, Nature Morte.

En avril 2015, la bande sort son deuxième album en auto-production, Amer. Il sort sur leur propre label, ainsi que sur d’autres avec qui ils coopèrent depuis quelques années, dont Basement et Enjoyment.

the prestige groupe

Interview

Votre groupe est fondé en 2009, il y a donc 6 ans maintenant.
Quelle vision en avez-vous aujourd’hui ?

Le groupe a 6 ans c’est vrai, mais Thibaut, Raph et moi (Alex) jouons ensemble depuis 10 ans maintenant. On a commencé au lycée lorsque la mode était au neo metal, alors l’évolution serait un peu longue à raconter. En vieillissant, on devient plus curieux, on s’ouvre à d’autres styles. Aujourd’hui on écoute assez peu de hardcore ou de metal, on va plutôt se tourner vers le post-rock, le blues, le hip-hop, l’électro et notre son hardcore devient plutôt notre manière d’exprimer nos sentiments plutôt qu’une étiquette à poser sur notre musique.

Quels ont été les rencontres et les événements les plus importants de votre carrière ?

Déjà, on peut parler de l’arrivée de Julien à la basse pendant l’enregistrement de Black Mouths. Nous nous étions séparés de notre précédent bassiste avant d’entrer en studio et Julien a su prendre sa place rapidement, et nous a donné l’impression d’avoir toujours été là. Bien sûr, chaque album est un événement pour un groupe, comme chaque tournée ou chaque ouverture pour un groupe que l’on apprécie (The Dillinger Escape Plan, Every Time I Die, Stray From The Path, etc). Et sur scène, je pense que notre tournée cubaine restera marquée dans nos esprits pour des années. On ne devait faire qu’un clip live et on a fini par en faire un documentaire (disponible sur la plateforme créative de Ben Weinman de The Dillinger Escape Plan).

« Black Mouths a été composé il y a déjà pas mal d'années, et cet album a été pour nous une manière de prendre conscience de ce que ce groupe représente pour nous et de ce qui faisait nos forces et nos faiblesses. »

De quoi vous inspirez-vous généralement lorsque vous écrivez et composez votre musique ?

La composition de nos chansons se fait toujours à l’instinct, en jammant sur un riff que l’un de nous montre lors d’une répétition. Jamais nous n’avons joué un morceau composé sur GuitarPro de A à Z. On est un peu à l’ancienne là-dessus. L’écriture est très naturelle et se base sur notre ressenti.

Quelles similitudes et différences avez-vous pu notifier entre l’enregistrement de votre premier album, Black Mouths, et Amer

Black Mouths a été composé il y a déjà pas mal d’années, et cet album a été pour nous une manière de prendre conscience de ce que ce groupe représente pour nous et de ce qui faisait nos forces et nos faiblesses. Les deux enregistrements ont été faits en live mais Amer a été entièrement enregistré en live (sauf les voix et arrangements pour des questions pratiques) quand Black Mouths n’en avait qu’une partie par absence de bassiste notamment. Amer a été composé et enregistré plus rapidement aussi, plus spontanément peut-être.

En dehors de l’aspect technique, nous avons continué à travailler indépendamment avec des amis, que ce soit à la production avec le petit génie Amaury Sauvé ou avec les labels / amis comme Basement Apes, Enjoyment Records, Dingleberry, Bad Moods, qui sont des structures toutes petites mais passionnées.

« Je pense qu’il y a quelques années, tu pouvais te reposer sur des managers, des labels... mais aujourd’hui, c’est le groupe qui a le pouvoir et qui a beaucoup de responsabilités. »

Comment avez-vous été approchés par Basement Apes Industries et Tangled Talk Records ?

 

Simplement par mail ! On a envoyé l’album à ces deux labels et ils étaient intéressés pour la sortie de Black Mouths. Pour Amer, Tangled Talk n’a pas pu s’occuper de la sortie car son planning était déjà très chargé mais Andrej (l’homme derrière le label) nous a beaucoup aidé, sans être impliqué dans la sortie.

Quel a été le processus de création de votre propre label, Nature Morte ?

 

C’est deux choses : d’abord, la volonté d’indépendance vis-à-vis des autres labels. Les relations entre tout le monde sont excellentes, mais on voulait marquer notre souhait de travailler dans une structure « officielle » plutôt que de dire « le groupe », notamment financièrement (faire le compte de chaque membre du groupe séparé, c’est un peu galère par moment). Et peut-être sortir d’autres groupes à travers cette structure.

 

Et aussi, c’est plus facile d’être représenté par une association lorsque tu es dans un groupe car cela permet aux promoteurs d’avoir une valeur légale / représentative. Bref, ça c’est le côté un peu lourd mais obligatoire.

Comment s’est déroulée votre rencontre avec l’équipe de Domino Media Agency ?

 

Ils nous ont contacté par mail, on a un peu discuté puis on a pris un verre ensemble. C’était à la sortie de Black Mouths, et depuis on travaille ensemble régulièrement. C’est une très bonne équipe.

« Tu mets tes sentiments en musique, tu prends ton van pour faire des kilomètres et jouer tes morceaux à des personnes qui viennent te voir sur scène et tu reviens chez toi avec des souvenirs incroyables en tête. »

Quel regard portez-vous sur l’actualité musicale aujourd’hui ?

La scène indépendante est dure, très fatigante parce que tu es ton propre moteur. Je pense qu’il y a quelques années, tu pouvais te reposer sur des managers, des labels… mais aujourd’hui, c’est le groupe qui a le pouvoir et qui a beaucoup de responsabilités. On est à la fois auteurs, compositeurs, musiciens, labels, tourneurs, relation presse, managers, etc. Mais c’est vraiment excitant. Tu es libre de faire ce que tu veux et tu ne peux rejeter la faute sur personne.

Il n’y a pas d’argent à se faire dans cette scène alors tout se fait avec passion. Les orgas perdent des thunes, les groupes perdent des thunes, mais on continue parce que c’est une expérience tellement forte. Tu mets tes sentiments en musique, tu prends ton van pour faire des kilomètres et jouer tes morceaux à des personnes qui viennent te voir sur scène et tu reviens chez toi avec des souvenirs incroyables en tête. Des souvenirs de la scène et de tous les autres moments autour de ces 45 minutes de concert, à discuter, à se marrer, à boire des verres. C’est ça la vraie actualité musicale, on se rassemble pour passer des moments ensemble.

Y a-t-il un artiste et/ou un album qui vous ait donné envie d’être musiciens ?

Pour moi, il y a plusieurs musiciens qui m’ont donné envie de faire de la guitare. Je pense à Jimmy Page, John Lee Hooker, BB King. Pour des albums, je ne sais pas, peut-être la première fois que j’ai entendu Bleach de Nirvana ou Somewhere Along the Highway de Cult Of Luna.

« Le scénario s’écrit aussi en fonction des faits de société actuelle car chaque personnage a commis un péché et on se sert de ça. »

Avez-vous déjà ressenti quelque chose de fort durant un concert ?

Plusieurs fois en live oui, c’est pour cela qu’on fait ça ! Lors de nos shows à Cuba, il y avait une énergie incroyable. En tournée, en Allemagne, nous avons fait un concert de dernière minute le soir même, on a flyé toute la journée dans Leipzig pour ramener du monde, on y croyait pas mais quand on est revenus à la salle, il y avait 100 personnes qui nous attendaient. Et je crois que le concert le plus fort que j’ai vécu c’était Cult Of Luna à l’Elysée-Montmartre – j’ai pleuré de la première à la dernière note, de joie et de tristesse, c’était un sentiment fantastique.

Quel(s) artiste(s) voudriez-vous voir en live, un jour ?

J’ai l’impression de tourner en rond, mais j’aimerais revoir Cult Of Luna encore une fois, Gallows avec Frank Carter au chant, Poison The Well aussi.

Quelles sont les villes dans lesquelles vous aimeriez jouer ?

Sans ordre particulier : New York, Tokyo, Moscou.

Si vous ne pouviez collaborer qu’avec un seul artiste dans toute votre carrière, qui choisiriez- vous ?

Ouh c’est dur… Je dirais peut-être Josh Homme de QOSTA, Jack White, John Lee Hooker, BB King. Non c’est vraiment trop dur !

Parlons musique...

Le meilleur album de votre collection ? Le pire ?

Maintenant les gens vont penser que je suis monomaniaque, mais Somewhere Along the Highway ou Salvation de Cult Of Luna. Le pire serait peut-être le premier album d’Anastacia – voilà c’est dit, je l’ai encore.

Votre plus vieil achat ? Le plus récent ?

Le plus vieil achat, c’est une compilation de blues que j’avais achetée avec un magazine quand je devais avoir 12 ans. Le plus récent, c’est Meliora de Ghost.

Les 5 morceaux que vous écoutez le plus en ce moment ?

Alors je regarde mon iTunes : Juggernaut de Frank Carter, From the Pinnacle to the Pit de Ghost, Fuck tha Police de N.W.A., Downtown de Uncle Acid, et Do I Wanna Know de Arctic Monkeys parce que je suis resté bloqué sur la prod de cet album.

Vos récents coups de coeur musicaux ?

J’ai récemment découvert la scène indie grunge actuelle avec Basement, Citizen, Cloakroom donc ça fait trois d’un coup. Et Uncle Acid avec leur doom psychédélique.

En tant que groupe, quels sont vos plus grandes aspirations ?

Continuer à jouer aussi longtemps que possible, à écrire d’autres albums en restant indépendants dans notre démarche. Et visiter encore plus de pays lors de nos tournées : le Japon, les USA, l’Australie, etc.

the prestige tour france europe

What’s next ?

Nous avons plusieurs tournées à venir, notamment en Europe du Sud (France, Espagne, Portugal) en novembre, au Royaume-Uni également en décembre. Il y a également une soirée organisée par notre label Basement Apes à Chelles (77) avec Sofy Major et General Lee.

En février, nous repartirons à Cuba en amenant d’autres groupes dans nos valises.