White Note, c’est situé quelque part entre Sigur Rós et Radiohead, entre pop et influences du groupe. De Paris, le groupe se forme en 2007 et sort un premier album en autoproduction, Undo Me, en 2011. Suivront un EP AMITO (All Minds Involved Taken Off), autoproduit également, en novembre 2012, et un album Oppositional Defiant Disorder en septembre dernier.
Interview
Votre groupe se forme en septembre 2007.
Quelle vision en avez-vous aujourd’hui ?
Depuis le premier album, notre musique a clairement gagné en maturité. Notre évolution personnelle se reflète dans notre évolution musicale, et vice versa. Undo Me est un album plutôt post-rock, avec les ombres de nos influences qui planent juste au-dessus.
L’EP AMITO est beaucoup plus brut et viscéral que le premier album, plus pop, et plus spontané. On commençait déjà à vouloir sortir du carcan rock basique, en invitant des cuivres à jouer avec nous. On s’est vraiment éclatés sur le nouvel album Oppositional Defiant Disorder en ouvrant l’instrumentarium dans la composition, et le champ des possibles ! Maintenant, on se rend compte qu’il n’y a plus de limites si ce ne sont celles de notre imagination. Par exemple, enregistrer avec tout un orchestre… ça devient quelque chose d’envisageable.
Quels ont été les rencontres et les événements les plus importants de ces quelques années ?
Il s’est passé pas mal de choses en quelques années, mais ce qui a été le plus boostant pour White Note, ça a d’abord été l’intégration de deux larrons : Antoine Karacostas aux claviers et Hadrien Coupechoux à la technique son. Ou comment doubler l’ampleur de ta musique ! Sans même parler de la composition, on avait déjà fait un gros pas en avant.
Puis, peu de temps après, on a tourné une vidéo cover de Welcome Home (Radical Face) sur laquelle on a encore invités des vents, un cor et 2 trombones (respectivement : Camille Chemel-Arnaud, Johan Blanc, Julien Thénard), on se l’est jouée ambiance unplugged Nirvana, et le résultat a fait un petit buzz bien sympa !
« On cherche un équilibre parfait entre le texte et la musique »
Et puis, y a le Melodica Festival. Un festival auquel on a été invités à jouer à plusieurs reprises et qui se passe partout dans le monde (New-York, Berlin, Reykjavík…).
C’est une grande famille de songwriters, l’ambiance y est géniale et bien loin des standards commerciaux. Bref, avoir intégré cette famille nous a permis de jouer plusieurs fois à l’étranger, et de se confronter à un autre type de public !
De quoi vous inspirez-vous généralement pour écrire et composer votre musique ?
Tout dépend si c’est le texte qui vient avant la musique ou l’inverse, lequel amène l’autre, on n’a pas vraiment de méthode type.
On cherche un équilibre parfait entre le texte et la musique, de manière à ce qu’aucun deux ne soit mis en avant au détriment de l’autre. Et sans aller dans l’illustration, on cherche vraiment à accompagner les paroles avec des « événements musicaux » ou des sons particuliers (ex : le solo de Paul à la fin de Shima dont le son évoque les radiations ambiantes à Fukushima).
Notre musique s’inscrit dans la mouvance rock, mais n’importe quel style musical, n’importe quel enchaînement de sons nous intéressent. Le refrain de Lust For par exemple, est inspiré d’un passage d’un titre du groupe post-hardcore Zapruder, alors que quand tu compares les deux, la ressemblance n’est pas flagrante !
Vous avez sorti un premier album, Undo Me, en février 2011, puis un EP, AMITO, en 2012, tous deux autoproduits.
Quelles opportunités ces enregistrements vous ont-ils offert ?
Finalement, c’est surtout notre réseau de contacts qui s’est élargi grâce à ces enregistrements. Notamment grâce à l’artwork d’AMITO qui est excellent et original, et qui a attiré l’attention de beaucoup de gens (version CD épuisée, d’ailleurs).
Aujourd’hui, on a une communauté qui gravite autour de White Note et donne des coups de main (musiciens, cadreurs, monteurs, photographes, graphistes, tourneurs…) de bon cœur. C’est d’ailleurs de là que vient le titre AMITO : All Minds Involved Taken Off.
Oppositional Defiant Disorder
Vous avez publié votre deuxième album, Oppositional Defiant Disorder, le 11 septembre dernier.
Pouvez-vous m’en dire plus ?
Le style a évolué depuis nos opus précédents, on joue maintenant du post-pop, une alternative au post-rock avec nos influences pop assumées. C’est une évolution logique, on s’est défait de nos maîtres et notre musique est totalement personnelle maintenant. Les textes ont évolué également, aussi bien dans le fond que dans la forme, on aborde des sujets de société souvent peu évoqués ou carrément tabous, comme les enfants sacrifiés de Fukushima ou la condition des femmes en Inde, on se veut un humble relai de faits qui sont ignorés du grand public et qui méritent d’être abordés.
Avant toute chose, il s’agit de remettre en question le système dans lequel on est ancrés. On se documente beaucoup plus qu’avant sur ce dont on parle. Ceci dit, il y a aussi des paroles beaucoup plus personnelles. C’est cette remise en question globale, aussi bien celle du système que celle de nous-mêmes, qui a donné naissance à ce titre d’album Oppositional Defiant Disorder.
Le but du jeu est justement de s’intéresser à ce titre, qui est volontairement caché sur l’artwork (réalisé par Antoine Dupuy), avec un grand encadré bleu comme ceux qu’on pouvait trouver jusqu’à il y a encore peu de temps (2013) dans la presse iranienne.
Le ‘Trouble Oppositionnel avec Provocation’ en français, est une maladie d’après le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, dont la principale caractéristique serait le refus de toute autorité. Sans nier l’existence de ce fameux trouble, on veut inviter les gens à être très prudents sur les termes et étiquettes qu’on pose sur des gamins, et à s’interroger sur ce que c’est que l’autorité. Vouloir effacer dès le plus jeune âge le refus de l’autorité, c’est l’aller simple vers un système totalitaire. En toute humilité, on veut simplement poser la question.
Avez-vous rencontré des similitudes et des différences pendant le processus de création, comparé au premier album ?
La principale différence est la liberté qu’on s’est donnée à improviser en cours de création et d’enregistrement, sur le nouvel album. On a demandé à Maxime Lunel, qui nous a enregistré, de se poser en directeur artistique, afin d’avoir un œil extérieur aguerri et nouveau. Il a pu nous proposer des méthodes et des sons auxquels on n’avait pas pensé. On a pris le temps de respirer, et ça se ressent clairement dans la musique.
D’autre part, les sessions d’enregistrement du quatuor à cordes, du trio de vents, et de la chorale, ont été toutes particulières parce qu’on enregistrait pas nous-mêmes, mais d’autres musiciens invités pour l’occasion ! L’approche est totalement différente.
Quel regard portez-vous sur l’actualité musicale aujourd’hui ?
Il y a Carrefour et il y a les petits producteurs 🙂 Tout dépend de la manière dont on veut s’inscrire dans l’industrie musicale, à quelle sphère on veut appartenir. L’actualité musicale telle que servie par TF1, c’est pas tellement notre truc. Mais la scène underground est incroyablement riche et diversifiée. Elle manque de mise en lumière et de médias à grande échelle.
Y a-t-il un artiste et/ou un album qui vous ait donné envie d’être musiciens ?
La question est hyper vaste, vu que chacun de nous vient de milieux musicaux très variés (jazz, pop rock, metal…) mais les plus gros points communs restent Radiohead et Sigur Rós.
Avez-vous déjà ressenti quelque chose de fort durant un concert ?
Bien sûr ! Plein de fois ! Dernier exemple en date, le 11 juillet on a joué au Melodica Festival à Berlin, l’ambiance était géniale, le public était hyper attentif et à l’écoute, très expressif entre les morceaux, ils ont chanté avec nous… À ce stade, tu as l’impression d’être avec une bande de 500 potes plutôt que devant un public !
Quel(s) artiste(s) voudriez-vous voir en live, un jour ?
Jeff Buckley, mais il paraît qu’il n’est pas en super forme. Dead Can Dance, San Fermin, Ennio Morricone, Battles…
Quelles sont les villes dans lesquelles vous aimeriez vous produire ?
Tokyo, Londres, Téhéran, Reykjavík, Stockholm…
Si vous ne pouviez collaborer qu’avec un seul artiste dans toute votre carrière, qui choisiriez- vous ?
Le meilleur album de votre collection ? Le pire ?
Joker !
Votre plus vieil achat ? Le plus récent ?
Première cassette, c’était les plus grands titres d’Ennio Morricone 🙂
Le plus récent, San Fermin.
Les 5 morceaux que vous écoutez le plus en ce moment ?
L’album Shake Shook Shaken de The Dø.
Vos récents coups de coeur musicaux ?
San Fermin, Laura Mvula, Ásgeir.
En tant que groupe, quels sont vos plus grandes aspirations ?
Vivre de la musique ! Et apporter une pierre à l’édifice de la culture.
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