the Rolling Stones 14 on fire stade de france paris

Vendredi 13 juin 2014. Un jour teinté de superstition pour certains, gâché par les grèves des transports pour d’autres. Mais un jour tout particulier pour moi : les Rolling Stones jouent ce soir au Stade de France de Paris, après 7 ans d’absence. Je ne réalise pas vraiment ce qui m’arrive : je vais enfin voir mes idoles autre part que dans les beaux livres de collection, et les écouter ailleurs que dans ma voiture.

C’est avec le bonheur et l’estomac noué d’impatience que je pars de ma petite ville perdue, située près de Lyon. Quelques trains supprimés plus tard, me voilà à Paris, dans ma chambre d’hôtel. Je pars en direction du Stade de France à 18h, heure indiquée comme étant celle de l’ouverture des portes, qui finalement, se fait à 18h30. Je passe environ une heure à la boutique, aux côtés d’adultes, plus ou moins respectueux, qui font tout pour te passer devant et avoir LE t-shirt. Les gens…

the rolling stones stade de france

The Struts

20:15 : Après plus d’une demi-heure de retard, The Struts, groupe anglais choisi par les Stones pour leur première partie, se charge de chauffer le Stade avec de très bons tubes rock bien sentis qui réussissent à remplir cette mission.

Could Have Been Me, Put Your Money On Me, Everybody Wants, ce dernier étant le titre de leur premier album, attendu pour le 28 juillet. Vêtu d’une cape bleue brillante, le chanteur déambule sur scène sans aucune intimidation liée au fait de se retrouver face à près de 75 000 personnes (tout le monde n’était pas arrivé, cependant).

S’ils sont coupés par les roadies des Stones après seulement quelques chansons, ils gagnent au moins une opinion gloable positive de la part du public, à en voir les commentaires sur les différents réseaux sociaux.

En tous cas, j’ai été conquise ! Mention spéciale à Everybody Wants, morceau très entraînant qui a enthousiasmé une bonne partie de la pelouse Or, ainsi qu’à la reprise de Royals de Lorde.

the struts kiss this EP future records

« Salut les filles, salut les mecs, salut Paris! »

On attendra l’arrivée des Stones jusqu’à 21:30 : le son monte, le logo du groupe s’anime sur les deux écrans géants placés de part et d’autre de la scène, et le public commence à crier, à les appeler. Les musiciens font leur entrée, suivis de Charlie Watts, Ronnie Wood, Keith Richards et Mick Jagger. Keith lance les hostilités en faisant quelques pas sur l’avancée pour lancer les notes de Jumpin’ Jack Flash… Boum ! C’est parti pour deux heures de spectacle ! Les cordes de sa guitare vibrent comme mes yeux pleurent. C’est réel, Keith Richards himself joue à quelques mètres de moi seulement !

« On va vous zlataner ce soir, Paris ! » lance Mick Jagger. Le chanteur est en forme, il aime Paris, et ça se voit ! « La France va gagner la Coupe du Monde contre l’Angleterre ! » s’amuse-t-il à pronostiquer, toujours dans un français impeccable.

La setlist est truffée de classiques des vieux albums, tels que Tumbling Dice, Wild Horses, mais aussi de titres plus récents, comme Doom and Gloom, qui a quand même son efficacité pour amener la foule à chanter et danser. Il fait encore jour, mais l’ambiance est plus électrisée que jamais. S’en suit Bitch, la chanson gagnante du sondage mis en place sur les réseaux sociaux : les fans peuvent effectivement voter pour une chanson, parmi six, que le groupe joue ensuite en live.

Taquin, Mick Jagger lancera : « La chanson gagnante c’est Allumer le Feu, de Johnny ! ».

Sur Out Of Control, lui et son harmonica me laissent sans voix. Jamais je ne m’étais rendu compte de sa capacité à maîtriser cet instrument. Pour lui, cela semble si simple ! Il pousse même la durée de la chanson jusqu’à 6 minutes et demie. La communion est forte, les Rolling Stones sont en train de porter 75 000 personnes dans leur univers.

Keith Richards ovationné pendant de longues minutes

Après Honky Tonk Women, Mick se lance dans la présentation des musiciens, y compris de ses trois acolytes depuis plus de 50 ans. Bobby Keys au saxophone, Darryl Jones à la basse, Lisa Fischer aux choeurs, Bernard Fowler aux percussions, etc.

Lorsque vient le tour de Ronnie Wood, Mick le chambre sur son perfecto rouge, assorti à ses baskets de sport : « Tu as été faire du shopping chez Tati ! »

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Crédit : RockerParis
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Crédit : RockerParis

Le dernier à être présenté est Keith Richards, à qui Mick laisse le micro pour prendre sa pause : le guitariste est acclamé pendant quelques minutes. Il lâche quelques mots en français, entame You Got the Silver et Can’t Be Seen With You. Un moment qui me laisse encore une fois émue. A la fin, je me lève, pleure et applaudis, à m’en brûler les mains. Ce soir-là, Keith est le plus acclamé, et de loin, parmi les musiciens.

Viennent ensuite Midnight Rambler et le successeur de Brian Jones, Mick Taylor ! Le trio de guitaristes et Jagger, de nouveau à l’harmonica, nous offrent un moment musical intense. Les fans de la première heure ont dû ressentir une once de nostalgie, car même si Wood est un musicien hors pair, Taylor reste une personnalité importante dans l’histoire du groupe.

Les Stones jouent ensuite Miss You, que le public reprend en choeur à la fin, alors que la musique s’est arrêtée. Je crois qu’aucun d’eux ne s’attendait à un accueil aussi chaleureux de la part du public sur cette chanson.

Si je savais à quel point ce prochain moment allait me subjuguer… Et quel moment ! Lisa Fischer annonce plus ou moins la couleur en insufflant ses premières notes à Gimme Shelter, 14ème morceau de cette soirée. Choriste du groupe depuis plus de 20 ans, et voix récurrente du documentaire Twenty Feet From Stardom, Fischer se donne et chante comme si sa vie en dépendait. Avec un Mick Jagger dansant autour d’elle, la chanteuse fait même se lever les gradins et en bluffe plus d’un !

Le groupe enchaîne sur Start Me Up, placé éventuellement en ouverture de set selon les dates. Le Stade reprend en choeur le refrain, d’une seule et même voix. J’avais déjà vu un stade ressentir des tas d’émotions en même temps, mais ici, c’est différent : le public et Mick Jagger ne font plus qu’un, c’est un partage, un échange entre deux parties. Les habitants alentours de la Plaine Saint-Denis ne doivent sûrement pas entendre ça tous les soirs !

« Please allow me to introduce myself »

C’est dans un décor rougeoyant que les musiciens interprètent Sympathy For The Devil, l’une des chansons les plus attendues du concert. Pyrotechnie, costumes… En effet, Mick Jagger entre en scène dans un long manteau rouge et noir à plumes. Chic ! Les fameux « wou wou ! » seront d’ailleurs repris à la fin du concert, dans les rues autour du Stade.

Le groupe finit la première partie du concert sur Brown Sugar, chanson que tous semblent toujours autant prendre plaisir à jouer.

You Can’t Always Get What You Want est introduite par un choeur parisien. Magnifique ! Aucune fausse note de la part de Mick Jagger, les frissons sont bel et bien présents dans la salle. Une ambiance planante, remplie d’émotions.

A la fin, à peine quelques personnes se pressent vers la sortie pour rejoindre le RER que retentissent les premières notes de Satisfaction, une fois de plus lâchées par Keith sur le départ de l’avancée. Le groupe se donne, le public fait de même. Mick Taylor revient jouer avec ses camarades pour ce dernier morceau. C’est magistral ! Les gens deviennent fous, tout le monde se déhanche, même les enfants ! Transformé, le morceau électrise la foule et le Stade de France devient cet endroit que l’on ne veut plus quitter…

Le groupe quitte la scène, puis revient pour le salut final. Entourés de leurs musiciens et des choristes, les membres saluent les quelques 75 000 personnes venues les applaudir. Ensuite, seuls les quatre Rolling Stones restent, acclamés, ovationnés, vénérés ! Des larmes coulent encore. Ce concert est décidément passé trop vite, et même si c’en était qu’un parmi tant d’autres pour eux, ce soir-là compte comme l’un des plus beaux de ma vie.

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Crédit : RockerParis

Je profite de la fin de cet article pour remercier les différents photographes à qui j’ai emprunté une partie de leur travail. Par contre, je ne remercie pas les blogs qui ont méchamment démonté les Stones et leur performance. A 70 ans, je vous souhaite d’être aussi plein d’énergie que ces quatre génies de la musique.

Setlist :

Jumpin’ Jack Flash – You Got me Rocking – It’s Only Rock’n’Roll (But I Like it) – Tumbling Dice – Wild Horses – Doom and Gloom – Bitch (by poll request) – Out of Control – Honky Tonk Women (followed by band introduction) – You Got the Silver (by Keith Richards) – Can’t be Seen (by Keith Richards) – Midnight Rambler (with Mick Taylor) – Miss You – Gimme Shelter – Start me up – Sympathy for the Devil – Brown Sugar. RAPPEL : You Can’t Always get What you Want (with Choir Ensemble Vocal Allegri) – (I Can’t get No) Satisfaction