architects for those that wish to exist epitaph records UNFD

On ne présente plus Architects, grande figure du metalcore qui tend à renverser les codes du genre en y ajoutant d’autres influences.

Le mois dernier, le groupe revenait par surprise et dévoilait Animals, premier extrait de For Those That Wish To Exist, prévu pour le 26 février prochain sur Epitaph Records et UNFD.

Le lendemain, le quintette de Brighton annonçait un concert dans la mythique salle du Royal Albert Hall, où sont passés d’autres artistes comme Adele, Code Orange, Behemoth ou encore Bring Me The Horizon. On savait d’ores et déjà que les musiciens nous préparaient quelque chose de grand, très grand. Retransmis sur la plateforme Veeps, fondée par les jumeaux Madden, le concert a rassemblé des fans du monde entier pendant près d’une heure et demie.

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Credit : Ed Mason

La scénographie est sobre. Cinq plateformes sont disposées sur la scène ainsi qu’un grand écran en fond. Il diffuse des images abstraites associées au groupe, rappelant les artworks des albums ou des extraits de clips comme Doomsday et Hereafter, pour ne citer que ceux-là. Un rail en cercle est placé au centre de la fosse pour filmer les performances en ‘traveling’.

Plusieurs caméras permettent la capture de la salle, si tristement et injustement vide. Pleine de lumière, elle reprend vie ce samedi 21 novembre pour un show qui marque la carrière du groupe d’une pierre blanche. Plus qu’un simple concert, Architects est venu confirmer sa place de groupe incontournable de la scène metalcore à l’échelle internationale.

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Credit : Ed Mason

Sam Carter prend tout d’abord possession de la fosse. Les premières notes de Nihilist résonnent et j’ai déjà l’impression de retrouver l’esprit des concerts d’Architects. Certes, rien ne remplacera un véritable concert du groupe ainsi que la communion et le gros des émotions ressenties pendant l’un d’eux.

En grande forme, le chanteur alterne entre chant scream et clean avec une fluidité impressionnante. J’ai toujours admiré la technique de sa grande palette vocale, mais j’ai l’impression que quelque chose a changé. Cette sérénité dans le chant clair et cet éclat dans le scream sont exceptionnels et me laissent penser que si cela est un échantillon de ce qui est à venir en février, le disque sera forcément dans mon top albums de 2021.

En redonnant vie aux incontournables comme Modern Misery, Broken Cross, Royal Beggars, Death is Not Defeat, Architects oscille entre force et quiétude, et nous rappelle ces riffs retentissants et cette musicalité qui m’avait tant manquée. Le petit fait étonnant est que Gone in The Wind change radicalement de place dans la setlist, passant ainsi d’avant-dernière à septième.

Nouveautés

Comme mentionné plus haut, Animals est le premier single proposé par Architects pour lancer la promotion de leur neuvième opus. Les plus déçus attendaient et attendent peut-être toujours plus. Plus de metalcore, plus de screams, plus de l’identité du groupe. Néanmoins, et comme le disait justement Dan Searle (batteur et producteur du titre), « si vous pensiez avoir capté l’essence du nouvel album avec ces trois nouvelles chansons (dont Animals), vous vous trompez sûrement. L’album en contient 15… »

Discourse is Dead, en troisième spot sur la setlist, se fond parfaitement entre Modern Misery et Broken Cross. Si le prochain album est le premier d’une nouvelle trilogie, l’esprit d’Architects est encore bel et bien présent sur ce morceau. Il sera sans doute parmi les favoris de ces gens déçus et de ceux moins emballés par le tournant pris avec Animals. Mais tant que l’on n’a pas l’oeuvre complète dans nos oreilles, rien ne sert de spéculer…

Architects révèle également Dead Butterflies, troisième nouveau titre qui dévoile une autre facette de la bande, un pan de For Those That Wish To Exist. Entre envolées célestes aidées par des lights bleues et roses, une mélodie au cor ou à la trompette (corrigez-moi si je me trompe) sur les refrains, des claviers et ce riff sur le pont, cette chanson comporte définitivement une dimension plus atmosphérique. Celle-ci peut donner quelque chose de très beau si jouée face à un public.

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Credit : Ed Mason

« All is not lost »

Tous les fans d’Architects savent à quel point la contribution de chaque membre est importante. Après Holy Hell en 2018, Josh Middleton et Dan Searle ont ainsi repris les rennes de la production de l’album à venir. Depuis le décès de Tom Searle, frère jumeau de Dan et membre fondateur du groupe, l’énergie scénique a changé, de même que le processus de création s’est trouvé modifié. La vulnérabilité de chacun est décuplée et leur permet de continuer malgré la douleur et la peine.

Lors du live tweet du show, lundi soir, tous ont eu un mot pour Tom. Véritable moteur dans la création de chaque album, de chaque morceau, supervisant les riffs et les mouvements mélodiques, j’aurais tort de dire que son absence laisse la musique d’Architects intacte.

La session acoustique de Memento Mori et A Wasted Hymn jouée dans la fosse marque une pause dans le déchaînement précédent. Les musiciens s’installent autour de Sam, qui livre une nouvelle fois une performance vocale exceptionnelle. Anecdote : Dan a appris à jouer du piano pendant le premier confinement pour cette partie. J’aimerais vraiment qu’ils gardent cette interlude pour leurs prochains concerts, car si c’est toute l’émotion d’une salle mythique et de tous les musiciens passés par là que l’on capte ici, je pense qu’un public au bord des larmes pourra faire au moins aussi bien.

La réverbération et la qualité du son pendant cette partie sont sensationnelles. Ce voyage de deux chansons donne aux paroles un tout autre sens, plus puissant encore que la version studio.

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Credit : Ed Mason

« Souls don’t break, they bend »

Le trio final est composé de A Match Made in Heaven, Hereafter et Doomsday. Cette dernière a toujours trouvé une résonance particulière en moi. Je me souviens du jour où je suis tombée amoureuse de cette chanson. C’était le 7 septembre 2017, et si je vivais alors l’une des meilleures périodes de ma vie, ce titre m’a brisé le coeur.

Écrite à partir d’un brouillon inachevé de Tom à l’époque de la composition de All Our Gods Have Abandoned Us, c’est Dan qui a pris l’initiative de la terminer. Comme un témoignage, un devoir envers son frère et sa mémoire.

A Match Made in Heaven est l’un des titres qui fonctionne le mieux en live, et, comme Gone in The Wind, sa place est décalée dans la setlist. Tom a toujours pensé que ce riff frappait fort, si fort que la chanson aurait mérité un Grammy. J’aurais adoré que l’Academy lui donne raison mais la corruption empêche son comité de votants d’avoir les yeux en face des trous.

Hereafter est le premier single extrait de Holy Hell et est dévoilé un an après Doomsday. Cet album marque un point important car il est le premier sans Tom Searle, « physiquement ». Néanmoins, quelques chansons ont été écrites à partir d’éléments composés par le guitariste. À juste titre, Dan n’a jamais divulgué le nom des morceaux construits sur les prémisses laissées par Tom pour ne pas influencer le point de vue des gens.

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Credit : Ed Mason

Bilan

Aujourd’hui, le chagrin immuable du groupe valorise des thèmes beaucoup plus matures, sombres, une plume plus aiguisée et une fragilité qui devient pouvoir, une fois sur scène. Les thèmes abordés sont plus spirituels, abstraits, et même si je ne suis pas dans la tête des membres, je pense que chaque titre sorti depuis cet événement tragique est un hommage à ce frère et ami de la bande.

Architects a offert non pas un concert, mais un spectacle. Historique par le lieu, authentique par son message, ce live m’a rappelé à quel point cela me manque cruellement. Pendant près de 80 minutes, le groupe m’a mis du baume au coeur et a pansé mes blessures.

À Sam, Adam, Ali, Josh, Dan. À Tom. ‘Forever’. Et merci.

Merci au crew, au Royal Albert Hall, à Ed Mason et à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à ce concert. J’en avais besoin… 

Setlist : Nihilist – Modern Misery – Discourse is Dead – Broken Cross – Death is Not Defeat – Royal Beggars – Gone in the Wind – Mortal After All – Gravedigger – Animals – Holy Hell – Dead Butterflies – Acoustique : Memento Mori + A Wasted Hymn – A Match Made in Heaven – Hereafter – Doomsday

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