Live Report : Bring Me The Horizon x Fever 333 x LANDMVRKS @ Halle Tony Garnier, Lyon - 05.07.2022

Avant de raccrocher l’appareil photo jusqu’à la rentrée, je me devais d’honorer cette date tant attendue : Bring Me The Horizon de retour à Lyon, immanquable ! D’autant plus que j’avais raté leur venue au Radiant en avril 2016, et qu’ils seraient pour cette fois accompagnés de la tornade Fever 333 et des excellents LANDMVRKS.

Pour mon premier show à photographier à la Halle Tony Garnier, j’ai ressenti un stress aussi palpable que mon excitation. Le mail de confirmation m’a donné comme un coup de poing tout doux dans le ventre, comme si on m’autorisait à me sentir légitime. Néanmoins, le syndrome de l’imposteur que je me traîne depuis des années ne me quitte jamais, en témoigne ce mélange de sentiments intenses.

Les marseillais quasi-lyonnais de LANDMVRKS se chargent de chauffer une Halle Tony Garnier qui se remplit peu à peu. Même si les fans et les amis présents font monter l’ambiance, ce soir-là, le groupe se fait connaître auprès d’un public habitué à des sons plus expérimentaux. Leur metalcore mélodique ne laisse personne indifférent et leur permet de gagner quelques fans agréablement surpris par le choix d’une telle première partie.

Si Hollow (2016) leur a conféré un certain succès au sein de la sphère metalcore française, c’est avec Fantasy (Arising Empire, 2018) que l’intérêt pour LANDMVRKS croît. Après de multiples tournées en Europe, le groupe est repéré par Arising Empire, toujours sur le coup des pépites metalcore émergentes. En 2021, les marseillais sortent leur troisième effort Lost In The Waves. Pour terminer 2022 comme il se doit, LANDMVRKS assure le support pour Miss May I aux côtés de Currents et Kingdom Of Giants sur une tournée américaine. Rien que ça…

Leur retour en France est prévu pour novembre, en première partie de Knocked Loose et Stick To Your Guns. Ça promet d’être très intelligent, venez nombreux !

Ce groupe était LA raison pour laquelle je ne pouvais manquer cette soirée. Formé autour de Jason Aalon Butler (ex-Letlive.), Stephen Harrison (The Chariot) et Aric Improta (Night Verses), Fever 333 est connu pour ses performances lives hors limites.

Un an après Made An America (2018), le groupe sort son premier album STRENGTH IN NUMB333RS. Porté par des titres puissants aux refrains fédérateurs, il donne au groupe une place bien installée sur la scène internationale. En 2020, en soutien au mouvement Black Lives Matter, le groupe publie SUPREMACY, l’un de mes préférés. Les paroles sont fortes, puissantes, et relèvent directement de ce dysfonctionnement au sein du système judiciaire mondial. Jason Aalon Butler partage même quelques vidéos des manifestations à Los Angeles, étant lui-même au coeur de la foule.

Ce soir de juillet, à Lyon, le groupe donne une nouvelle performance qui impressionne le public qui n’en attendait sans doute pas tant. Ce n’est clairement pas le même spectacle que Bring Me The Horizon. Jason, entre quelques sauts et dérapages relativement contrôlés se lance dans des discours. Il parle d’unité, d’inclusion dans la musique, au-delà de ce rouage rouillé qu’est l’industrie musicale. Car si ce n’était pas évident, Fever 333 est un groupe qui s’expérimente plus qu’il ne s’écoute.

Stephen déborde d’énergie aussi et s’amuse à aller et venir de chaque côté de la grande scène. Aric, comme à chaque concert de la bande, se met debout sur son tabouret et reprend ses futs après un sacré saut !

« You know sometimes you gotta burn it down to build it up again »
- Fever 333 - Burn It Down

Imaginez un mariage entre Public Enemy et Rage Against The Machine. Entre punk rock et hip hop, se rapprochant tantôt du rap metal, tantôt du hardcore, Fever 333 a un potentiel live énorme. Ou plutôt devrais-je dire « avait »… Il y a quelques jours, Stephen Harrison et Aric Improta ont tous deux annoncé leur départ du groupe via un communiqué. Citant quelques mésententes internes, Jason se retrouve donc seul au coeur du projet. Ma tristesse est grande, bien sûr, tant pour les musiciens désabusés que pour ce trio qui ne pouvait que grandir. Mon côté égoïste espère quand même que la tournée européenne prévue en 2023 se tiendra quand même.

Il est indéniable que l’un des groupes de Sheffield le plus prospère ne manque ni de talent, ni de créativité. Je reconnais aussi l’engouement de sa fanbase, qui s’est déplacée avec de multiples pancartes et autant de t-shirts différents. Néanmoins, j’ai eu l’impression d’assister à The Oli Sykes Show avec un protagoniste central pas ou peu à la hauteur. Effectivement, les fausses notes et les ratés vocaux furent nombreux. Mais rendons à César ce qui est à César, les critiques de sa prestation au Hellfest quelques jours auparavant sont excellentes et lui rendent justice.

Parlons également de ce show visuel… Les écrans animés se métamorphosaient au fil des chansons et les effets utilisés étaient captivants voire hypnotisants. Il fallait oser les danseurs à l’apparence futuriste sur Happy Song ! La chorégraphie digne d’une équipe de cheerleading a rendu l’ensemble plus vivant et la performance originale pour un tel groupe.

« But if I sing along a little fucking louder to a happy song, I'll be alright »
- Bring Me The Horizon - Happy Song

L’ouverture sur Can You Feel My Heart m’a donné quelques frissons, comme les refrains de MANTRA et Obey, que j’adore. En s’attardant sur la setlist, on constate que ce concert de BMTH est un ‘best of’ des titres ayant le mieux fonctionné de toute leur carrière. Le choix de jouer plus d’extraits de That’s The Spirit que amo le prouve, tout comme les fan favorites : Diamonds Aren’t Forever, Shadow Moses et Can You Feel My Heart.

Quoiqu’il en soit, cette setlist a donné un concert plutôt fluide dans ses ambiances. Même la version acoustique de Follow You, entre MANTRA et Drown, n’a pas cassé le rythme installé depuis plus d’une heure.

« I can't drown my demons, they know how to swim »
- Bring Me The Horizon - Can You Feel My Heart

Même si je ressors avec de meilleurs souvenirs du concert de Fever 333 que celui de BMTH, je ne regrette pas d’être allée les voir. Avoir manqué leur dernier concert lyonnais en 2016 m’avait bien saoulée, voilà qui est donc rattrapé. J’étais aussi stressée de rater mes photos, mais je suis plutôt contente de mon travail. Photographier un concert à la Halle Tony Garnier, c’est fait !

Un grand merci aux équipes de La SAS Concerts et de Live Nation France.