Deux jours avant mon anniversaire, ça m’aurait bien emmerdé de rater Nada Surf. Je les ai vus la première fois en avril 2016, et j’avais mal vécu le fait de les manquer il y a deux ans. Mais ce soir, donc, je double la mise ! Le bonus ‘coup de chance’ : je suis la dernière à entrer dans le parking avant qu’il ne soit complet.

Je ne connaissais pas du tout John Vanderslice. Pour résumer son parcours en quelques lignes, le musicien a accompagné le groupe pop MK Ultra pendant cinq ans. Ils ont sorti trois albums, tous bien accueillis par la critique, et ont ouvert sur deux tournées US de Sunny Day Real Estate. En 1997, John a ouvert son propre studio d’enregistrement. À en juger par les instruments qui l’accompagnent (une guitare et un clavier, je pense), on peut affirmer que c’est un grand amateur de son. En plus de s’auto-produire, il a contribué à faire émerger la scène indépendante de San Francisco. En 2007, Barsuk Records, l’actuel label de Nada Surf, édite Emerald City, son septième album.

Entre anecdotes et touches d’humour, le musicien, aujourd’hui californien, nous fait passer un moment très agréable. Lorsque Matthew Caws le rejoint sur scène pour White Plains, on ressent une complicité certaine. Non seulement leur musique est signée sur le même catalogue, mais j’imagine que passer du temps ensemble en tournée permet de tisser des liens forts.

J’aime beaucoup ce que j’ai entendu de John. Un son indie / rock alternatif, oscillant entre version branchée et acoustique. Il a eu le temps de jouer dix chansons, extraites de 3 ou 4 de ses albums, avant de laisser place à Nada Surf. Dollar Hits (Tiny Telephone), son nouvel album, est disponible depuis le 20 mars.

john vanderslice dollar hits tiny telephone

Nada Surf

Pour promouvoir la sortie de Never Not Together (Barsuk Records), paru le 7 février dernier, Nada Surf revient à Lyon. Plusieurs morceaux de la setlist sont donc évidemment extraits dudit album, placés parmi les classiques Inside Of Love, See These Bones, Hyperspace… Sans oublier les morceaux du rappel : Always Love, Blankest Year et Popular. Juste avant, John revient sur scène pour interpréter Just Wait avec la bande.

J’entends plein de gens autour de moi commenter sur leurs jeunes années retrouvées le temps d’une chanson, le temps d’un concert. Je trouve ça incroyable qu’un groupe comme Nada Surf fédère autant, au-delà des USA, et depuis si longtemps. Les passages à Lyon du trio ne sont pas rares, de même que leurs tournées françaises ne passent rarement que par Paris. L’histoire qu’ils entretiennent avec la France est belle. On ressent clairement cette sérénité, cette aisance qu’ils apportent avec eux sur scène et qu’ils transmettent au public.

Souvent, on lit ça et là des live reports parlant d’une audience transportée pendant, après un concert. Et c’est exactement ce que je vis ce soir-là. Les chansons les plus calmes engendrent une sensation de plénitude, et les plus ‘catchy’, elles, mettent des à-coups d’énergie plus soutenus. Ce show aux multiples reliefs me permet d’apprécier chaque moment. Le magnifique show des lumières est à mentionner aussi, car il est encore plus frappant dans cette salle qu’il pourrait l’être dans le cadre plus intimiste qu’est l’Epicerie Moderne.

The End

C’est l’heure du dernier rappel. Tout le monde reconnaît Popular dès les premières notes. C’est fou, quand on sait que High/Low, l’album dont il est extrait, n’a pas vraiment été plébiscité. The Proximity Effect aurait pu être leur dernier disque, ou du moins le début des problèmes. Elektra, leur label d’alors, a décidé de ne le publier qu’en Europe puis a ensuite lâché le groupe. Nada Surf a ainsi dû fonder son propre label, sortir et promouvoir l’album et reconstruire sa fan base aux USA en jouant.

Si je devais résumer Nada Surf en une phrase, je reprendrais la réplique de Peyton Sawyer dans Les Frères Scott (saison 3, épisode 11), quand elle parle à leur manager : « Tout le monde sait que Nada Surf est un groupe qui marche à l’instinct. » J’en parlais un peu plus haut, mais la longévité, couplée à cet instinct, force le respect. Beaucoup d’artistes auraient vendu leur âme au diable ou abandonné. Dieu merci, ce n’est pas le cas de Nada Surf.