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Je ne pensais pas un jour écrire sur un album d’All Time Low, encore moins en 2020. Pour être honnête, je les voyais dépassés, s’accrochant désespérément à leurs années de gloire. Aujourd’hui, je suis ravie de dire que je me suis trompée ! Après 17 ans de carrière, le quatuor de Baltimore a encore des choses à dire.

Flashback

Avant de me plonger dans Wake Up, Sunshine, j’ai tenu à réécouter Future Hearts (2015, Hopeless Records) et Last Young Renegade (2017, Fueled By Ramen). À l’époque, j’avais aimé Kids In The Dark et Something‘s Gotta Give, les deux singles extraits de Future Hearts. Mais ça n’avait alors pas suffi à faire grimper ma hype.

J’ai mis de côté, voire laissé tomber All Time Low en 2013, après leur date lyonnaise à l’occasion du dixième anniversaire d’Emodays Production. Non, le concert n’était pas mauvais du tout, au contraire. Je suis juste passée à autre chose. Tout le monde évolue, y compris les musiciens, n’en déplaise à beaucoup – trop – ici.

Donc une fois l’ère Don’t Panic terminée, ils repartent en studio travailler sur ce qui sera Future Hearts, puis Last Young Renegade

Last Young Renegade

Je regrette de ne pas avoir été plus curieuse que ça aux deux efforts cités ci-dessus. Ayant adoré Dirty Work, je trouve la suite au moins aussi intéressante, voire plus. La bande anticipe un tournant avec Future Hearts pour emprunter une nouvelle voie sur Last Young Renegade. Plus électronique, épuré, avec plus de claviers et, globalement, plus de création originale. Je pense que ce qui leur manquait se trouve sur ce disque. On y trouve moins de ‘hits material’ que sur les autres albums, certes, mais je pense que c’était enfin le moment pour eux de faire ce qu’ils voulaient. Que ce soit de la pop, du power pop ou de l’indie, ils ont exprimé ce que personne n’attendait.

Processus cathartique ou volonté de suivre la tendance de l’époque, la conception de Last Young Renegade a été spéciale, quoique routinière. À en croire Alex Gaskarth (chanteur / guitariste), le groupe travaillait à son rythme, arrivant parfois au studio à midi, et jouait aléatoirement jusqu’à trouver une idée intéressante.

La curiosité relative à cette sortie est la réception des médias ‘mainstream’ et spécialistes du genre. Si l’on avait pour habitude d’en voir certains acclamer chacune de leurs sorties, il s’est produit quelque chose d’assez exceptionnel pour être souligné. Les médias mainstream ont très bien noté Last Young Renegade, allant jusqu’à des scores de 82 / 100 (Metacritic). Ceux qui voyaient le travail d’All Time Low comme basique l’ont décrit comme étant un tournant majeur dans leur carrière. En revanche, leurs fervents supporters le citent comme étant le pire, et ce encore aujourd’hui.

Ouverture

Some Kind Of Disaster, le premier single extrait, ouvre ce huitième opus. Le morceau est on ne peut plus dans la vibe All Time Low. Les textes sont, selon Alex Gaskarth, comme un retour sur leur carrière. Les paroles ‘So what are you after ? Some kind of disaster’ ou encore ‘I woke up from a never-ending dream, I shut my eyes at seventeen’ suivent cette idée. Des premiers balbutiements de la bande formée d’Alex, Jack et Rian au lycée à aujourd’hui, il y a de quoi parler de rêve ! Si l’on en croit leurs propos, c’est cette chanson qui ouvrira très certainement leurs prochains concerts.

La construction de Sleeping In diffère de la piste précédente. Dans une ambiance plus pop et catchy, elle pioche des références ça et là. ‘If I said I want your body would you hold it against me ? Seven in the morning, wanna listen to Britney’ renvoie à Hold It Against Me de Britney Spears. De plus, et ça n’est qu’une supposition, ‘postmates and dirty laundry’ réfère à Dirty Laundry, extraite de Last Young Renegade. Aussi, les couplets sont plus courts et coupés en plein milieu d’une phrase, tant dans la manière de chanter d’Alex que dans le texte écrit.

Getaway Green et Melancholy Kaleidoscope suivent la tendance initiée par Some Kind Of Disaster. Entre refrains repris en choeur par les musiciens et l’énergie qu’elles dégagent, elles sauront produire leur effet en live. D’ailleurs, les fans présents au Slam Dunk Festival en 2019 ont eu la chance d’entendre Getaway Green pour la première fois. All Time Low l’a spontanément ajouté à leur setlist pour tester la réaction, mais aussi pour teaser ce qui allait suivre…

Wake Up, Sunshine

Trouble Is ressemble beaucoup, selon moi, à Blink-182. Les arrangements sur le chant et les guitares me font penser à eux à chaque fois que je l’écoute. La cause réside sans doute dans le fait que Zakk Cervini, producteur, a également pris les rennes sur l’autre projet d’Alex et Mark Hoppus, Simple Creatures. Ainsi, on retrouve une dynamique proche et probablement opérée par Zakk.

Alex et Jack ont expliqué le défi que cela avait été d’écrire la partie rythmique de cette chanson. Sa signature est intéressante et j’aurais aimé qu’ils l’explorent sur un autre titre, pourquoi pas d’une autre façon. Pour reparler de construction, celle-ci ressemble à Sleeping In, tant la structure est hachée dans les paroles.

Les paroles abordent le thème des relations auxquelles on met fin, puis qui reprennent et ébranlent notre bulle. On réalise que l’on n’a pas fait face aux sentiments impliqués et cela rend le retour d’autant plus difficile.

Wake Up, Sunshine ravive ces vibes que seul le groupe sait créer. Entre pop punk, punk rock et alternative, All Time Low écrit ici une ode à la positivité, à l’amour de soi-même et au renouveau. Comme si la lumière revenue dans leurs vies donnait de l’espoir à leur audience, notamment à l’heure des technologies modernes. Ces outils ont certes de très bons côtés, mais trop de gens y cherchent l’approbation des autres. Outre ce message, je pense que c’est aussi une métaphore à travers laquelle Alex raconte sa propre expérience de la conception de Last Young Renegade. En effet, le processus était encore tapi dans son esprit à l’époque de l’écriture de Wake Up, Sunshine et ce morceau lui permet de tirer un trait dessus.

Collaborations

Monsters fait partie de mes préférées. Andrew Goldstein, l’un des compositeurs de Wake Up, Sunshine, émet l’idée d’y intégrer blackbear avec qui il travaille à ce moment-là. Evoluant entre pop indie, trap et hip hop, producteur et songwriter, ce dernier a travaillé avec quelques pointures de l’industrie (Mike Shinoda, Linkin Park, Palisades…). Cette collaboration surélève tout ce que l’on a pu écouter jusque là. All Time Low n’avait jamais invité un artiste différent de leur style auparavant, c’est désormais chose faite. Les puristes parleront probablement chinois, mais ce featuring fonctionne incontestablement !

The Band Camino, quatuor indie rock / romantic pop de Memphis, participe également à l’album. Tout en restant proche de celle d’Alex, la voix du chanteur se mêle parfaitement à l’univers de la chanson. Les guitares de l’intro annoncent un titre parmi les meilleurs sur Wake Up, Sunshine. Et le refrain tient cette promesse. Les harmonies utilisées tout au long prouvent que les guests ont posé leur empreinte sur le morceau, sans pour autant le monopoliser.

Old vibes

Je vais parler ici de Safe et Clumsy, soit les pistes 10 et 12. Si le groupe a écrit et composé la majeure partie du disque avec le live en tête, il n’empêche que les messages délivrés n’en sont pas moins légers. Safe met en avant la manière dont les membres ont travaillé, à savoir sous le même toit. Ils ont réussi à trouver cet équilibre dans leur travail et un esprit de cohésion. Cette façon de faire probablement retrouvée, si ce n’est nouvelle, les fait se sentir entiers et sûrs d’eux quant à leurs paroles.

Musicalement, c’est encore une fois un ‘hit material’. All Time Low sait exactement comment gérer l’arrivée de chaque instrument, comment faire partir un morceau en trombe avec un refrain. Clumsy en est une parfaite illustration, et, selon moi, la meilleure de l’album. La placer sur la fin de la tracklist redonne un coup de collier pour aborder la conclusion sur une note énergique et percutante.

Sister songs

Pour reprendre les termes d’Alex, January Gloom (Seasons, Pt. 1) et Summer Daze (Seasons, Pt. 2) sont des ‘sister songs’. Dans January Gloom, il écrit sur un épisode saisonnier déprimant (non, je n’utiliserai pas le terme ‘dépression’, car ça n’en était pas une). A Nashville pendant cette période d’écriture, où le temps était lugubre, froid et humide, il témoigne de l’exact opposé de son état d’esprit à ce moment-là. Néanmoins, les couplets nous laissent entendre une certaine légèreté que l’on attribuerait au soleil californien, tout comme les refrains, au moins aussi doux.

Au contraire, Summer Daze est écrite dans des circonstances plus positives. Elle est comme l’autre côté de la pièce de January Gloom. Alex assimile le morceau à une histoire d’amour qui ne dure que le temps des vacances. Beau et touchant, mais aussi nostalgique et déchirant. On profite de chaque moment alors que l’on sait pertinemment que ça va se terminer bientôt.

Conclusion

La quinzième et dernière piste de Wake Up, Sunshine s’appelle Basement Noise et est sans doute, dans son sujet, la plus touchante de toutes. Après avoir écouté le disque plusieurs fois dans son intégralité, celle-ci sonne comme un commentaire exprimé avec du recul sur ce que transmet ici le quatuor. Traduite littéralement ‘bruit de cave’, elle nous rappelle forcément les débuts d’All Time Low à tenter de produire un son correct avec très peu de moyens. Ajoutée à ça, leur colocation pour écrire et composer cet effort a assurément resserré les liens entre les membres.

Dix-sept ans plus tard, All Time Low a encore des choses à dire et à montrer. Je pourrais dire que le groupe que j’affectionnais tant durant mes années lycée est de retour, mais il n’est en fait jamais parti. Cette fraternité à laquelle je les ai toujours associé est dénotée à travers l’artwork. C’est la première fois depuis Dirty Work que les quatre membres apparaissent ensemble sur une pochette. Je ne compte pas celle de Don’t Panic : It’s Longer Now ! car c’est non seulement une réédition, mais aussi un montage ajouté sur la cover d’origine.

Coups de coeur : Some Kind Of Disaster / Trouble Is / Wake Up, Sunshine / Monsters / Favorite Place / Clumsy

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